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Chelsea Wolfe : voix incantatoire pour messe noire

Photos : Carl NEYROUD
Texte : Thibaut André
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Il régnait une ambiance un peu particulière dans l’antre de la Kufa ce mardi soir. La chaleur nous a offert un peu de répit en ce mois de juillet. Un public tout vêtu de noir est sorti de sa grotte pour assister à la messe noire célébrée par la grande prêtresse Chelsea Wolfe. Dans une ambiance sombre et un peu inquiétante, la team musicale de Bold Magazine (Carl et Thibaut) a pu apprécier le concert de cette talentueuse artiste californienne.

Avec plus d’une corde à son arc puisque Chelsea a contribué à des bandes-son de séries télévisées telles que Game of Thrones ou encore Fear the Walking Dead, cette artiste est difficile à ranger dans des petites cases tant ses influences sont multiples. Si son positionnement est indubitablement dans les eaux sombres et tumultueuses du métal, Chelsea brouille les pistes en intégrant des éléments de folk, de sludge, de gothique ou encore de doom. Elle nous revient avec un nouvel album intitulé « Hiss Spun » sorti en 2017.

Il est environ 21h lorsque Chelsea Wolfe et ses musiciens montent sur scène. L’atmosphère est sobre et sombre, quasiment au recueillement. La princesse des ténèbres a soigné son look et travaillé sa présence scénique : maquillage gothique, chaussures à semelle (très) compensée et vêtements amples accentuant ses poses incantatoires lorsqu’elle lève les bras. Chelsea possède une voie douce, cristalline et lancinante qui tranche avec l’atmosphère lourde et moite de sa musique favorisant les mid tempos ravageurs. Si l’on doit mettre des mots sur l’ensemble, je parlerais volontiers de clair-obscur musical tant le contraste est détonant mais solide.

La setlist fait la part belle au petit dernier avec l’époustouflant single « 16 Psyche » mais aussi l’angoissant « Vex ». « Feral Love » et « Particle Flux » révèlent une intensité rare que l’on ne perçoit pas sur l’album, et c’est d’autant plus agréable à découvrir en live. Mais c’est sur les titres « The Culling » et « Twin Fawn » que Chelsea et son groupe démontrent toute la profondeur et la maîtrise de leur art.

Côté public, même si le genre musical ne prête pas au pogo et aux ébats, on note un large mouvement d’approbation au terme de chaque morceau. Il est à noter que l’audience, largement sous le charme de l’envoutante prêtresse, s’est montrée particulièrement respectueuse de l’artiste en observant un silence quasi religieux lors des passages intimistes. Chaque concert réussi est une forme de communion. Celui-ci possédait en plus un côté sombre, celui d’une messe noire. Au terme du rappel exécuté en deux titres, nous sommes allés en paix.