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Dans l’oeil de Reding

Texte: Raphaël Ferber
Photos : Nosbaum/Reding

Après une première édition qui a très bien fonctionné, Alex Reding demeure plus que jamais le boss de la Luxembourg Art Week. Soutenu par le Cercle artistique de Luxembourg (CAL) et le Ministère de la culture, l’événement passe la deuxième cette année. Le galeriste nous parle des liens qu’il entretient avec certains artistes qu’on peut voir en ce moment même à la Hall Victor Hugo.

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On l’a rencontré en pleine organisation de l’exposition Hariko, qui réunissait du 1er au 17 septembre une sélection d’œuvres des artistes de ce projet éphémère. Entre deux placements de toile et des discussions sur leur disposition, de ce mur un peu trop encombré, de ces éléments à mettre dehors, Alex Reding s’est tourné vers nous. «Bon, on y va ?». On s’est alors posé sur cette table en bois qui ne reposait plus que sur deux pieds pour une interview… penchée.

MIKE BOURSCHEID & ERIC SCHOCKMEL

Le premier nom qu’il a eu en tête, quand on lui a posé la question, c’est celui de Mike Bourscheid, dont le projet Vielen Dank für die Blumen a été sélectionné pour la 57e Biennale d’art de Venise l’an prochain. «Il effectue un travail assez extraordinaire qui a été montré d’une manière généreuse dans l’institution luxembourgeoise à Dudelange, dans la galerie Nei Liicht» lance en préambule Alex Reding. A la Art Week, le boulot de Mike Bourscheid est présenté dans le cadre du Nosbaum Reding Projects, avec celui d’Eric Schockmel.

«Mike part d’impressions sensibles, comme chacun, mais ce sont moins des impressions visuelles que des impressions du corps ou des impressions mentales. Il en construit des objets qui servent en même temps à la performance, utilisés par deux personnes qui performent en même temps» décrit Alex Reding, se laissant tenter par un parallèle avec l’Art Basel de 2015. «Depuis une demi-douzaine d’années, la performance est très à la mode. En Suisse, les organisateurs avaient mis en place un hall entier dévolu à cela. Sur une foire d’art, c’était impressionnant, fantastique même. C’est ce qui me fait dire que Mike est en phase avec son temps. Il fait partie de cette nouvelle génération d’artistes luxembourgeois d’environ 30 ans qui, autour de Sophie Jung, dessinent un peu l’avenir de l’art au pays. Ses objets sont des prothèses de corps issues de pensées angoissantes. Est-ce que ça remplace un membre, est-ce qu’il s’agit d’un supplément pour remplir des tâches encore inconnues, sont-ils sortis d’un rêve? Ce sont les questions qu’on peut se poser.»

FILIP MARKIEWICZ

Alex Reding peut bien nous parler de Filip Markiewicz, qui a un solo sous l’égide de sa galerie italienne Canepaneri, située à Milan. Les deux sont potes. «Tout le monde connaît Filip de par ses installations provocantes mais surtout par la dualité qu’il crée, cet échange avec la musique sur laquelle il performe. On est dans un dialogue entre des dessins politiques, des critiques qui sortent d’un contexte social et quelqu’un qui prend le micro comme Tom Waits et ces chanteurs rock, qui ont pour habitude de critiquer la société. Ses pièces typiques sont constituées de notes d’argents, et illustrent souvent des scènes politiques, une critique sociale ou son goût certain pour la provocation.»

Filip Markiewicz, qui a représenté le Luxembourg lors de la Biennale d’art de Venise l’an dernier et qu’on connaît pour Raftside, son projet artistique principal, présente à la Halle Victor Hugo les pièces qu’il a crée spécialement pour sa galerie à Milan. Et derrière l’artiste ? « Il est très généreux, reprend Alex Reding. Comme tous les artistes je dirais, car il a quelque chose à partager avec le monde. Il a même une volonté de changer le monde. Cette envie de l’améliorer se sent énormément chez lui. Son goût pour la provocation ? C’est parfois un peu enfantin… mais la provocation n’est-elle pas toujours un peu enfantine ?»

MARTINE FEIPEL ET JEAN BECHAMEIL

«Leur exposition au pavillon de Venise était vraiment formidable.» Alex Reding ne peut avoir oublié cette année 2011 durant laquelle le duo franco-luxembourgeois avait réaménagé le Ca’ del Duca (qui sert dorénavant de pavillon luxembourgeois à la Biennale d’art de Venise) en lieu labyrinthique intriguant car irréel et mouvant. Aujourd’hui, on parle d’eux partout. A Marseille et en Belgique par exemple. A la galerie Zidoun & Bossuyt, bien sûr, où ils ont exposé l’an dernier une pièce magistrale, La Nuit sans lune, une grosse cloche surplombant des tâches noires, «sortes de gouffres qui reflètent le mouvement perpétuel tout en absorbant le regard vers les tréfonds». «Leur travail est subtil, il est le fruit d’un mélange entre une vision poétique du monde et des concepts plus stricts provenant du minimal, je dirais. Ça donne des pièces énigmatiques, qui interrogent sur le possible et la réalité. Est-ce qu’on est face à un état futur de la réalité ? Souvent, de loin, on pense avoir affaire à une architecture sobre et épurée, et quand on se rapproche de leur pièce, on a presque l’impression qu’elle est en ruine.»

Article complet à lire dans Bold #42

Luxembourg Art Week, du 9 au 13 novembre 2016 à la Halle Victor Hugo, au Limpertsberg.