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Eric Lowie et la pureté du Noir & Blanc…

Texte Godefroy Gordet
Photo portrait Alex Vanhee
Photos panoramique Eric Lowie

Né à Bruxelles dans les Marolles, d’un père photographe, Eric Lowie reçoit son premier labo photo N&B à 9 ans. Petit, il rêve d’être réalisateur de film. Le cinéma le fascine et très vite, à ses 17 ans, il réalise Elles étaient deux, un court métrage qu’il tourne en super 8 et pour lequel il remporte le prix du meilleur court métrage adolescent au Brussels Film Festival. S’en suit, deux ans après, Route pour New York, un second court en 16 mm qui va définitivement influencer son travail photographique. Aujourd’hui adepte d’une photographie argentique (ou «analog» comme il dit), ses images panoramiques exaltent les lignes architecturales et les perceptives qui existent dans une photo. Son travail hypnotise autant qu’il questionne. Rencontre avec ce sympathique bruxellois…

Alex Vanhee

  • Aujourd’hui tu ne fais plus de cinéma?

Non plus du tout. Ça reviendra peut-être mais pour l’instant je me consacre à la photographie. Je veux faire plus d’expositions.

  • Comment travailles-tu?

Je travaille à l’ancienne, en analog (argentique). Je fais le développement des films, les tirages… J’essaye de faire en sorte que le développement me permette de tirer le max de mes photos.

  • D’où te vient cette passion pour la photo?

Je voulais être cinéaste mais plutôt caméraman donc l’image est venue dès le début. Je suis attiré par la photo depuis mes 8 ans et j’ai vraiment commencé à en vivre vers mes 22 ans.

  • Tu as suivi une formation spécifique?

J’ai beaucoup appris chez mon père. Il avait un magasin de photographie. J’ai développé tous les films des clients pendant 4 ans. Ce qui représente des milliers de films en développement, ce qui m’a permis d’apprendre les techniques en laboratoire. Ensuite, j’ai fait l’INRACI (l’Ecole d’électronique, photographie, informatique et infographie de Bruxelles) que je n’ai pas terminée car je voulais me diriger vers le cinéma et aller un peu en dehors du circuit traditionnel.

  • Aujourd’hui tu vis de ça?

Pratiquement. Je bosse un peu dans le domaine de la musique mais c’est surtout la photographie qui est à la base de tout.

  • J’ai lu que tu as photographié Charlotte Gainsbourg, Prince et David Bowie, comment ça s’est fait?

Les photos de Prince et David Bowie font parties de mes premiers essais donc je ne les montre pas vraiment. Elles ne sont pas terribles pour moi. A l’époque j’étais fou de cinéma. A chaque fois qu’il y avait un acteur ou un réalisateur qui venait sur Bruxelles pour un festival de film, je me débrouillais pour avoir une accréditation et je faisais un peu le paparazzi pour m’amuser…

  • Tu as tourné Elles étaient deux en Super 8 et Route pour New York en 16mm, finalement on peut dire que tu recherches un certain type d’images?

Je réfléchis beaucoup à l’image. Je ne fais pas beaucoup de photos dans une année. Je sélectionne seulement deux à trois photos pour partir en exposition ou être publiées, sur une centaine de photos que je fais par an. Vu que je ne suis pas en numérique, je n’appuie pas sur mon déclencheur comme une mitraillette. Chaque photo est vraiment cadrée avant prise et je ne retravaille pas mes photos sur photoshop. Je travaille avec la lumière du moment et sans flash.

Puerta Norte

  • Tu ne travailles qu’en noir et blanc?

Oui. Pour moi le noir et blanc est la force de la couleur. Je veux dire par là que faire une photo d’un sujet très coloré est très facile en couleur. Quand tu travailles en noir et blanc sur des sujets colorés il faut réfléchir longuement à ce qui doit ressortir en dehors de la couleur. J’essaye de montrer que le noir et blanc est parfois plus intense que la couleur dans une photo.

  • Peux-tu nous parler de ton travail avec le Hasseblad XPAN?

Oui. C’est le seul appareil qui utilise deux négatifs à la fois. C’est pour ça que les photos sont en 16/9. C’est deux 24X36 qui se suivent et font une photo panoramique. Tu as le panoramique au tirage directement. L’obturateur du Hasseblad est panoramique il utilise complètement le format de deux négatifs.

  • «No Photoshop, No digital, Only Analog Photography» pourquoi partir sur un tel leitmotiv?

J’aime bien la qualité de l’argentique. Le digital n’a pour moi pas encore remplacé l’analog à 100%. Il y a encore une grande différence entre les deux. Il y a aussi l’idée de ne pas avoir une «réponse» directement. Avec l’argentique, le résultat tu ne le vois qu’au tirage. Donc si tu es en voyage tu dois attendre d’être chez toi pour voir si la photo est réussie. La photo doit être parfaite sur le moment, c’est pour ça qu’il faut réfléchir avant d’avoir fait la photo et non après.

  • Quels sont les thèmes que tu abordes dans ta photo?

Pour l’instant c’est toujours par rapport à l’architecture. Pas forcément les bâtiments au sens propre mais plutôt les lignes, les perspectives, la règle d’or. L’idée est de ne pas rentrer dans une photo et se noyer dedans sans comprendre ce qu’elle recèle. 

High Swimming Society

  • Si tu devais définir en un mot ton style?

«Pureté». Je fais une photographie pure, des images de la vie normale, qui se sont produites réellement. Un peu à l’image de Jim Jarmusch ou Doisneau qui montre qu’une image est très belle en étant pure, brute.

  • Tes influences?

Les bons photographes des années 50-60. Pour moi c’est la base. Dennis Stock, Elliott Erwitt, Jim Jarmusch pour le film Stranger Than Paradise… Des photographes qui ont la bonne prise de vue, par rapport à la lumière pour que les ombres soient très contrastées. Un peu comme dans ma photo High Swimming Society. Celle-ci est très contrastée, toutes les lignes sont dedans, les lignes de la balustrade, celles de la piscine, l’ombre du personnage… Quand on regarde l’ensemble on rentre dans l’image grâce au personnage et on en sort facilement par rapport aux lignes qui sont reliées à lui.

  • Tu peux nous parler de ton livre, The Light of the Moment?

Je voulais me consacrer seulement à la lumière du moment. De la plus petit ampoule éclairant deux ou trois personnes à la lumière du jour. Je n’ai travaillé avec aucun éclairage, aucune mise en scène, j’attendais toujours le bon moment. «La bonne photo, au bon moment, avec une bonne lumière». C’est ma première série, mon premier livre, un projet qui m’a motivé à travailler sur une autre série au format 16/9 qui aura plutôt une direction cinématographique.

  • Tu as exposé à la Bibliothèque Solvay à Bruxelles, la OART Gallery de Anvers ou encore à la Fnac à Bruxelles pour la sortie de ton livre… Quels sont tes plans pour la suite?

J’essaye d’être dans des lieux que j’aime bien. Je vais essayer de m’exporter en dehors de la Belgique mais je veux faire mon petit bout de chemin calmement. Pour le futur j’ai une exposition en Belgique au CC Asse du 8 octobre au 8 novembre 2015.

Place to Be

Plus d’infos ici ou ici: ericlowie.com