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Ice T – Body Count : guerre et paix

Photos : Carl Neyroud
Texte : Thibaut André
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Le temps annonçait la couleur en arrivant à la Rockhal samedi soir : ciel torturé, orage détonant, éclairs vifs et trombes d’eau. Il y avait dans la météo quelque chose de prémonitoire pour le concert de Body Count dont le frontman est l’imposant Ice T. Il fait chaud, très chaud. L’atmosphère est lourde et le public dense.

C’est avec une reprise de Slayer (Raining Blood) que le groupe entame le set. Le célèbre riff d’intro est envoyé sans faux col et la déferlante rythmique exécutée sans accroc. Ice T salue le public et aboie dans le micro. Ca cogne dur d’entrée de jeu. Le décor est planté. Le temps est bien à l’orage.

D’abord prince du hip-hop, Ice T a opéré au début des années 90 un virage vers le métal hardcore en s’adjoignant les services de musiciens accomplis. On retrouve notamment le sémillant Ernie C à la guitare solo. Pour l’occasion, le fiston aux vingt-six bougies (Little Ice T comme son paternel le présentera) est sur scène ce soir pour appuyer quelques fins de phrases débitées par son père.

C’est sur le titre Cop Killer que le public s’enflamme. Pour rappel, ce morceau a fait l’objet d’une grosse controverse aux Etats-Unis. Tournant dans le véhicule d’un homme ayant assassiné un policier au milieu des années 90, la chanson sera accusée d’attiser la haine envers la police. Il y aura même une tentative de censure des paroles via une pétition. L’orage s’est calmé mais le souvenir de la polémique demeure. Ice T évoquera la liberté d’expression.

Au cours du set, le frontman improvisera un court discours. Ayant œuvré à la lutte contre le racisme et, notamment, à l’apaisement des tensions entre les gangs de Los Angeles (Crips versus Bloods), le chanteur-hurleur nous rappellera que le racisme n’est pas unidirectionnel avec le titre Mother qui traite du sujet délicat d’une mère noire rejetant la petite amie blanche de son fils. Au passage, il ne semble pas porter l’actuel président américain dans son cœur.

Pour les puristes, on se souviendra de la compilation Judgment Night regroupant les collaborations entre d’une part des artistes de hip-hop et de l’autre des groupes de rock de l’époque. C’est de cette association temporaire que naîtra le titre Disorder, fruit de la collaboration entre Slayer et Ice T. Ce samedi soir à la Rockhal, Body Count reprendra le titre évoquant les émeutes qui firent rage à Los Angeles en 1992. Le refrain est court mais évocateur (War !!!!). On continue sur le registre de la violence de la rue et de la lutte pour la survie.

Le set est détonant et efficace. On notera une force de frappe constante et puissante. Body Count envoie du lourd.