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Jérôme Mardaga : fiction, perception et réalité

Photos : Carl Neyroud / Deadly Sexy Carl
Texte : Thibaut André
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La team musicale de Bold Magazine a décidé de ne pas prendre de repos dominical ce week-end. On a enfilé notre besace pour traverser la dorsale gaumaise et nous poser finalement dans le village belge d’Izel dans le cadre des Fêtes de la Musique organisées par l’Entrepôt (Arlon – Belgique). La mise à l’affiche d’un artiste en particulier avait attiré notre attention et notre regard affûté : Jérôme Mardaga. Valeureux Liégeois surfant sur la quarantaine élégante, Jérôme est surtout connu pour son projet précédent, Jeronimo. Il nous revient ici avec une nouvelle formule et un nouveau concept en nom propre. Fort d’un premier opus « Raid Aérien » sorti en mai 2018, on ne pouvait pas manquer l’occasion de vous en ramener quelques photos et une chronique que nous espérons sincère.

Il est environ 16h30 lorsque Jérôme et ses musiciens entament le set après une introduction par Ponpon a.k.a Jacques de Pierpont, éminente figure du rock belge, ex-animateur de radio et parrain de l’événement. L’ambiance est assez intimiste dans l’antre du complexe et le jeu de lumières minimaliste. La salle se remplit gentiment et le public converge vers la scène.

D’emblée, la musique contient tout ce sur quoi vous avez grandi si vous êtes né dans les années soixante-dix (du moins, si vous étiez dans l’underground musical) : cold wave, new wave, noisy pop, indus et postpunk. Ici, point de chichi ni de structures alambiquées et pompeuses. Jérôme conserve tout au long du set une posture humble mais déterminée. Il pose sa voix dans un style déclamé non sans rappeler celui des défunts Diabologum. La basse est ronde et efficace tandis que les rythmiques sont hypnotiques et martelées de manière spartiate. Lorsque Jérôme envoie la guitare, ce sont des parties tantôt mélancoliques réminiscentes de Cure tantôt intenses et répétitives façon noise rock, le tout faisant écho à des rythmes favorisant le mid tempo. On est pris dans leur sillage.

Au niveau de l’image, la formation plante un décor froid et rageur digne des plus grands récits dystopiques. Le single Chien Noir extrait de l’album nous plonge dans une ambiance angoissante en l’état. D’ailleurs, en toile de fond sont projetés des images et textes évocateurs des pires régimes totalitaires. Non sans rappeler les plus grands drames du 20e siècle, le montage visuel nous renvoie au déroulement actuel des renversements d’équilibre et bouleversements géopolitiques dont, le temps passant, l’histoire devra encore être écrite.

Nos perceptions actuelles sont-elles une fiction portant sur une vision biaisée de la réalité ou, au contraire, sont-elles conformes à cette dernière ? Il y a matière à réflexion. Jérôme Mardaga nous invite au débat. Après quarante-cinq minutes d’un set intense et d’excellente facture, on a refait le monde autour d’un verre. Ce fut un très bon concert et une très belle surprise.