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Promis, je vais m’organiser…

Texte: Sarah Braun

Pour quiconque me connaît depuis que je suis petite – papa, ce billet est pour toi – je souffre d’un léger problème d’organisation. Maman me surnommait – affectueusement «sème ta merde». Le rangement? Même combat. Curieusement, il semblerait que ça aille de pair.

Mais bon, quand je dis soucis, c’est plus pour les autres que pour moi. Bon ok, je m’autofatigue régulièrement, mais l’avantage c’est que je vis seule, donc ça ne dérange pas grand monde. Ernestine est peu regardante au rangement, tant que je n’oublie pas de lui remettre des croquettes et de l’eau. Comment ça les chats ne jeûnent pas un jour ou deux par semaine? Et quand j’entends mes copines – en couple – dire qu’elles passent leurs soirées à râler après leur mec qui laisse traîner ses fringues, qui ne vide pas le lave-vaisselle ou qui laisse traîner son verre. Moi, zéro problème. J’enjambe avec la grâce d’une biche les 27 chaussures qui traînent partout, la 28e doit être sous le lit et, le dimanche soir, après deux jours passés à glander chez moi, mon appartement ressemble à la table d’anniversaire du Chapelier fou: des tasses partout, jusque dans la salle de bain.

Bon, chez moi, c’est pas vraiment dérangeant. Là où ça se gâte, c’est que mon petit défaut ne se cantonne pas à mes murs. J’admets, j’ai un sens pratique proche du PIB du Burundi. Nul ou presque (315 dollars par habitant). Du coup, mes journées sont souvent assez compliquées. La fille qui a cinq alarmes pour ne pas oublier de prendre des tampons le matin, c’est moi. Celle qui part quand même sans y avoir pensé, mais qui a quatre flacons de vernis à ongles dans le sac à main et tout autant de rouges à lèvres, c’est moi aussi. (Celle-là même qui a d’ailleurs oublié de programmer son réveil pour se lever et qui est encore en retard, d’ailleurs).

“J’admets, j’ai un sens pratique proche du PIB du Burundi”

Bien entendu, ce léger défaut a également le don d’agacer mes collègues et mes boss. A commencer par les piles qui s’accumulent sur mon bureau. Et toutes les phrases qui commencent par «Sarah, tu n’as pas oublié de…» se terminent dans ma tête par un «eh merde…». Suivi d’un légèrement mal assuré… «Attends, je ne me souviens plus, je reviens vers toi dans cinq minutes». Dieu merci, je travaille mieux dans l’urgence. Pourtant, je fais des efforts, je vous promets. La première chose que je fais en arrivant au bureau – après avoir pris mon petit déjeuner et avoir mis du vernis à ongles, autant que ça serve à quelque chose d’en avoir autant dans le sac – c’est faire une liste des tâches à faire dans la journée. Enfin, je la commence à 9h, et je la complète jusque 18h, avec tout ce que j’ai oublié de noter en arrivant. Je suis pas vraiment du matin… D’ailleurs, parfois, pour avoir l’impression d’avancer, j’écris un truc que je viens de faire, juste pour le plaisir de le barrer. Souvent, c’est d’ailleurs le seul truc rayé de la liste à la fin de la journée. Non pas que j’ai rien glandé. Mais j’ai toujours autre chose à faire que ce que j’avais prévu. Je suis créative, j’ai un esprit très perturbé fécond. Il y a toujours mille trucs qui me traversent l’esprit à la seconde. La vérité? J’ai le taux de concentration d’un jeune chiot. C’est aussi pour ça que, bien souvent, je ne finis pas mes phrases. Du coup mon collègue d’open space – enfin, on partage un bureau à deux – joue aux devinettes tous les jours… D’ailleurs, il commence à être vraiment fortiche.

Et puis aussi, l’organisation, c‘est un truc d’adulte, c’est quand tu fais des projets, des plans… Et moi, j’aime pas trop prévoir à l’avance, ça m’angoisse. Autant vous dire que me demander de gérer un événement, c’est un peu jouer à la roulette russe. Pas plus tard que la semaine dernière, on avait prévu la fête d’anniversaire de Sandra. Chez moi. Une surprise. J’étais même pas sûre qu’elle vienne, tellement j’avais bien géré le truc. 20 minutes de stress avec nos verres à la main – et un buffet prévu pour 30 alors qu’on était une petite dizaine, je suis aussi légèrement irrationnelle – et nos chapeaux pointus en implorant le ciel qu’elle arrive. (Elle est venue, mes copines sont prévoyantes, elles avaient anticipé…) «Sarah, t’as pensé aux bougies?» Eh merde…