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«Faire découvrir la culture des réfugiés»

Texte: Raphaël Ferber & Sarah Braun
Photo: Raphaël Ferber

Jusqu’au 26 février, la table d’hôte «A La Table Du Monde» invite tout un chacun à venir à la Brasserie Le Neumünster pour y partager un repas concocté par des réfugiés. Le but pour Clothilde Ludorf, présidente de l’assoc’: offrir un autre regard sur eux et susciter l’envie de se découvrir les uns les autres.

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Comment l’idée de ce projet a-t-elle germé dans votre esprit ?
Clothilde Ludorf: C’était lors des événements survenus à Alep, en décembre dernier. Je me sentais impuissante, mais j’avais envie de faire quelque chose. Je me suis demandé comment aider ces réfugiés qui arrivent et qui ont tout perdu. Je voulais surtout les rencontrer. De là est venue cette idée d’attirer les associations du pays ici (ndlr : à la Brasserie Le Neumünster) afin d’organiser de grands repas, de faire travailler les réfugiés ensemble et surtout de permettre aux gens de venir les rencontrer.

Les gens sont-ils sensibles au message véhiculé par votre initiative ?
Oui, je suis très surprise par l’engouement que génèrent ces rencontres. Le principe de la table d’hôtes fait que vous êtes obligé de parler à votre voisin, auquel vous pouvez offrir un repas. Cette possibilité-là, qui s’ajoute à celle de pouvoir découvrir sa culture à travers les plats que tous nos réfugiés nous préparent et nous offrent, ça rapproche. Beaucoup de personnes seules viennent manger à notre table. Je pense à cette dame, une Américaine, qui a réservé une dizaine de soirées jusqu’à fin février! À chaque fois, elle repart enchantée. Au-delà de la gastronomie, c’est vraiment la rencontre de l’autre qui importe.

«Quand a obtient une satisfaction par les papilles,
on est déjà plus ouvert à l’autre!»

Comment les réfugiés réagissent-ils ?
Au départ, ils ont montré de la timidité. C’est aussi pour ça que je tenais à ce que cette initiative dure plusieurs semaines. Regardez (son regard se porte sur la grande table d’hôte) : le cuisinier s’assied à table avec les clients, il est à l’aise, il parle… C’est ce que je voulais. Ils commencent à prendre leurs habitudes, ils accueillent les clients, ils discutent avec eux, ils se sentent comme à la maison… Certains chantent, aussi! Et d’autres parlent mieux luxembourgeois que français, c’est aussi à ça qu’on mesure leur désir de s’intégrer. Je cherche toujours à les mettre en valeur.

Sur le plan gastronomique, quelle est l’ambition d’ «A la table du monde» ?
C’est de faire découvrir la culture des réfugiés et c’est pour cela qu’on change de pays chaque semaine. S’ils sont fiers de leur plat, ils deviennent fiers de leur culture et montrent le meilleur d’eux-mêmes. Pour les résidents du pays, c’est une invitation à voyager. C’est pour ça que j’ai appelé cela «La table du monde». On l’a installé ici, mais le principe est de la faire vivre ailleurs, dans tout le pays.

On y vient: ce projet était pensé pour être éphémère, et finalement, il y a une chance pour qu’il s’inscrive dans la durée, c’est ça ?
Oui, j’ai des contacts avec certains restaurants. Évidemment, je vais la poursuivre dans le mien, à Bascharage (ndlr : An der Brauerei). On va voir comment les gens réagissent dans le sud du Luxembourg. Mais quand a obtient une satisfaction par les papilles, on est déjà plus ouvert à l’autre! Et puis, on a mis en place «le repas solidaire» en collaboration avec des restaurants du pays: le principe est de donner la possibilité aux clients d’ajouter à leur addition un plat du jour, la boisson étant offerte par le restaurateur. En fonction du nombre de repas qu’on récolte, on organise une grande table pour les plus démunis.

Menu unique (buffet) à 15 euros
Du 30 janvier au 12 février : À la table de la Syrie
Du 13 au 19 février : À la table de l’Afrique
Du 20 au 26 février : À la table des Balkans
www.alatabledumonde.lu