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THE SHOES, Avant-garde Electro

Texte Godefroy Gordet
Photo © Romain Bernardie James

The Shoes en une phrase, «ce sont deux amis d’enfance qui ont continué à faire de la musique coûte que coûte pendant 20 ans». Un duo électro qui semble déjà marquer notre génération par une musique expérimentale, aventureuse, nouvelle, bougrement intelligente qui montre un répondant certain face à la mouvance actuelle du «déjà-vu». En même temps, les Rémois Guillaume Brière et Benjamin Lebeau, n’en sont pas à leur dépucelage… Connus dans le circuit depuis deux bonnes décennies, les types sont des incontournables de la scène musicale. Alors que l’un (Benjamin) produit pas mal de variété francophone, l’autre (Guillaume) fait dans le rap et développe un projet avec Brodinski sous le patronyme de Gucci Vump. Les projets ne manquent pas pour eux et pourtant en 2009 ils montent The Shoes en balançant l’EP Stade de Reims 1978, qui met en lumière le génial titre America. Leur premier album Crack My Bones sort en 2011 pour connaître plusieurs vies avec le clip de Time To Dance avec Jack Guyllenhaal, qui scelle la naissance d’un groupe à succès. Et même s’ils ne se disent pas doués pour trouver des noms de groupe, dans The Shoes, c’est simple… Les deux font la paire.

THE SHOES

  • Pourquoi «The Shoes»?

On n’a jamais été doués pour trouver des noms de groupe et celui-là confirme la règle. On avait pris une photo de nos chaussures et on a pris le nom «The Shoes», en se disant qu’on aurait le temps de changer. Philippe Manœuvre nous a raconté qu’au départ les Beatles avait hésité avec The Shoes. On a pris leur second choix.

  • De France Inter à Canal+ en passant par les Inrock ou Konbini, je crois même vous avoir lu dans Vogue, vous vous livrez à une véritable croisade promotionnelle d’interview en interview, vous êtes pas un peu saoulés?

On estime qu’on a beaucoup de chance et qu’il y a beaucoup de groupes très talentueux, peut-être plus que nous, qui aimeraient avoir de la promo. Quand les journalistes s’intéressent à nous, on est plutôt flattés et ça serait mal venu de se plaindre. 

  • C’est quoi la question qu’on vous pose tout le temps?

On nous pose toujours une question sur le titre de l’album et pourquoi on s’appelle The Shoes et celle-là tu me l’as posée tout à l’heure.

https://vimeo.com/38170110

  • Chemicals est sorti le 25 septembre dernier, 4 ans après Crack my Bones votre premier disque. Vous avez fait quoi pendant 4 ans?

Les tournées, la production de l’album de Woodkid, la création du live de Woodkid. On a fait beaucoup de remix… On n’a pas chaumé. Tout ça nous a nourris et donner des idées pour ce second album.

  • Le deuxième disque c’est un peu une hantise pour les groupes…

Oui c’est un cauchemar. Par définition le premier tu as toute ta vie pour le faire. Personne ne t’attend. Heureusement, pour ce deuxième disque, on a eu la chance d’avoir un label qui ne nous a pas pressés.

  • Pouvez-vous nous parler du processus de création de cet album?

Pendant ces quatre années, avec Benjamin on a accumulé des morceaux, des débuts, des bribes de choses, chacun de notre côté. On s’était dit qu’on allait les utiliser pour l’album. Finalement on s’est retrouvé en studio, on a tout réécouté et on s’est dit que ce n’était pas bien. Alors on a tout jeté et on a tout recommencé à zéro. On a repris la création au Studio Pigalle à Paris. On s’est enfermé nuit et jour pour travailler sur l’album. Le squelette du disque s’est fait là.

  • Comment on en vient à tout effacer pour recommencer?

Quand tu estimes que ce n’est pas assez bon. On a pris du recul sur ce qu’on avait fait. Simplement. L’ensemble nous paraissait trop fragile. Pierre Le Ny (directeur artistique du label GUM, ndlr), qu’on considère clairement comme le troisième membre du groupe, nous a beaucoup aidé. Quand on est deux c’est difficile de trancher et sa voix compte autant que la nôtre, alors souvent c’est lui qui tranche. 

  • Pour décrire ce deuxième disque vous parlez d’un album plus dark que le premier. Quelles ont été vos influences?

On est revenus à nos amours de jeunesse. On a appris à faire de la production à la fin des années 90 début 00, on s’est replongé dans tous les disques qu’on écoutait quand on était ado, quand on était en colocation. Pris par la nostalgie, on est revenus sur les Chemicals Brothers, Ninja Tune, Warp, les premiers albums de Björk, Underworld, Prodigy…

  • En quoi votre cover, réalisée par le photographe sud-africain Roger Ballen, définit votre album?

Comme sur Crack My Bones, la cover est venue avant la production du disque. On choisit la pochette avant de commencer à composer le disque. On l’imprime en grand et on l’accroche dans le studio et ça devient une source d’inspiration pour le disque. Beaucoup de choses sont sorties de cette photo.

  • Pour toi la pochette a une grande influence sur les gens qui écoutent le disque?

Je ne sais pas, mais je pense que l’image conditionne aussi ta façon d’appréhender la musique.

  • La plupart des titres de l’album ont été réalisés en collaboration, en featuring avec d’autres artistes… C’est important pour vous toutes ces rencontres musicales?

Ce sont des rencontres musicales mais surtout amicales. Une fois de plus on n’a pas cherché à faire des gros featuring avec des noms clinquants. Dans notre cercle d’amis autour de nous, on a des gens qui ont le talent nécessaire pour faire ce qu’on a en tête. On aime l’idée de construire une famille autour d’un disque, un label, un crew de musiciens, de photographes, de réalisateurs, une équipe… 

  • Et le travail avec Ash Workman (Christine and the Queens, Metronomy)?

Je suis arrivé en studio et j’ai vu le sosie de mon petit frère donc je l’ai tout de suite bien aimé. Ça s’est fait de manière très naturelle et c’est devenu un ami. Lui, ce n’était pas le type de musique qui l’intéressait d’habitude. On lui a fait faire des choses qu’il ne fait pas d’habitude et ça l’a vraiment intéressé.

  • Parmi les nombreux styles que vous touchez du doigt (pop, rock, electro, garage, punk)… On peut dire qu’avec Chemicals vous avez trouvé votre style?

Dans ce disque il y a de la cold wave, de la new wave, un peu de techno, tout ça en petite touche. C’est complètement évolutif. Notre style c’est qu’on n’en a pas. On aime surprendre et partir dans différentes directions. Notre style se situe dans la production, dans l’écriture. On a notre patte à nous mais je ne saurais qualifier notre style de musique. Si on jouait du black métal ce serait facile mais ce n’est pas le cas, bien qu’on adore le black métal… D’ailleurs on prépare une petite surprise; on a un morceau inédit qui va sortir bientôt qui s’en rapproche beaucoup. Un morceau d’une rare violence, d’à peine deux minutes qui sera soutenu par un clip.

  • Donc vous avez un clip en préparation…

En fait, il y en a plusieurs. En ce moment on en a trois en production qui vont s’échelonner sur 2015/2016.

  • Vous avez enchaîné pas mal de dates ces derniers temps, et vous étiez à l’Olympia le 18 novembre. The Shoes en live ça ressemble à quoi?

On a réadapté nos morceaux pour pouvoir les chanter nous-mêmes. On tourne avec deux batteurs, donc à 4 sur scène. C’est une approche beaucoup plus brutale, un peu live rock sur scène, on joue avec une énergie plus brute.

  • Votre playlist du moment c’est quoi?

J’ai découvert un artiste Italien qui s’appelle Madato qui a sorti un album génial titré Crafted. J’écoute principalement du rap, Drake, les Black Lips en rock, mais aussi des vieux trucs 60’s et en ce moment j’écoute une compilation de Philip Katerine.

En concert Le 28 janvier à Cenon au Rocher De Palmer et Le 29 janvier à Ramonville au Bikini