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Mutiny on the Bounty,
«Le live c’est notre vie»

Texte: Godefroy Gordet

«MOTB», presque un nom de code, sont les initiales de l’un des groupes lulu les plus aventureux de ces dix dernières années. Planant d’album en album, Mutiny on the Bounty intègre toutes les personnalités de quatre zicoss, explorant ainsi les méandres du son et de la composition. Nombreux sont les nouveaux territoires qu’explore le quatuor belgo-luxembourgeois, qui aujourd’hui, après 12 ans de musique, compte 4 albums et des centaines de concerts partout dans le monde…

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«Mutiny on the Bounty», c’est pour Marlon Brando?

Pas vraiment, non. C’est parti d’une blague entre nous. On trouvait que ça marchait bien avec le côté épique de certaines de nos compositions. En même temps, ça marche également avec le côté frontal de notre musique. A l’abordage!

Les hits de la musique il y a 12 ans c’était Hey Ya des OutKast, This Love des Marron 5 ou If I Ain’t Got You d’Alicia Keys. Aujourd’hui, c’est Cheap Thrills de Sia feat Sean Paul, One Dance de Drake, ou Can’t Stop the Feeling! de Justin Timberlake… La musique c’était mieux avant?

Pour ma part, c’est exactement la même chose. Il faut juste savoir faire le tri entre ce que tu aimes ou pas. Forcément en 2016, l’offre est encore plus grande qu’il y a 12 ans. Lorsque nous avons commencé, nous étions focalisés sur un pan de la musique «underground» super pointu. Aujourd’hui, on ne renie rien de nos influences, qu’elles soient pop 80’s, hip-hop, voir carrément pop moderne. Je pense que ça ajoute une fraîcheur à notre historique bien rock. Ceci dit, à priori, je préfère les chansons de Justin d’il y a 12 ans que ce nouveau single.

Quels genres de groupes vous ont poussés à vous lancer?

On va parler de trucs super obscurs maintenant (rire). Je pense que MOTB s’est formé suite à l’exhalation que la nouvelle scène Math-rock du début des années 2000 a produit sur nous. C’était un côté de la musique totalement novateur et inédit, ça mélangeait tous les styles de musiques que l’on aimait bien mais avec une liberté nouvelle. Quand on a commencé, nos groupes favoris étaient : Cinemechanica, Hella, Q and Not U, Faraquet ou bien encore The Fall Of Troy. Une musique remuante et nerveuse, mais bien cérébrale en même temps.

Battles, Electric Electric, Chavez, ça vous parle?

En gros, Battles et Electric Electric sont deux groupes qui ont réussi à insuffler à la musique cérébrale, un côté dansant. Une sorte de côté transcendantale qui fonctionne à merveille avec l’univers du math-rock. Un groupe comme Chavez, c’est plus pour le côté mélodique. Pour ma part, je suis un gros fan de Indie-Rock donc ça tombe parfaitement dans le genre de musique que j’aime. Ceci dit, je dirai que l’univers de MOTB est proche de ces groupes mais avec un côté plus frontal, plus pop, plus direct et surtout un goût certain pour les mélodies mélancoliques.

«Math Rock» ça veut dire quoi pour vous?

C’est un terme avec lequel on vit depuis nos débuts, après, je pense qu’on ne s’est jamais considérés comme un groupe Math-Rock. C’est juste une scène dans laquelle nous évoluons depuis le début qui découle plus de nos influences que de notre style de musique. De toutes façons, pour ma part, le terme Math-Rock ne signifie pas simplement une musique ultra-technique mais plus une musique inventive et hors des sentiers battus. En ce sens-là, on se sent proche du terme math-rock.

“Notre but est de se renouveler à chaque fois
sans même se soucier si notre public suivra ou pas”

Le 25 septembre 2015, vous avez sorti Digital Tropics. L’album de la maturité d’après la critique, sur lequel vous abandonnez complètement le chant. Pourquoi?

La raison est super simple : on a composé de manière plus directe et épurée. On a remarqué que les chansons n’avaient pas besoin de chants supplémentaires, les guitares faisaient déjà le boulot. De plus, je pense qu’on s’est toujours sentis à l’aise dans le registre instrumental. Mais qui sait, on pourrait sortir un album a capella la prochaine fois, notre but est de se renouveler à chaque fois sans même se soucier si notre public suivra ou pas.

Pour cet album, vous dîtes être allé plus loin pour explorer de nouveaux sons et compositions techniques. Est-ce à dire que c’est un album qui n’en finira jamais de se construire ou se reconstruire?

Non, pas forcément. Peut-être pour l’auditeur, je pense qu’il y a pas mal de textures que l’on n’entend pas forcément du premier coup. Donc c’est un album assez riche au niveau des sons et des textures. Par contre, pour notre part, les chansons évoluent assez peu, on n’a jamais été un groupe qui improvise en live. Le producteur de Digital Tropics a d’ailleurs été assez surpris quand il nous a enregistré, car la démarche était plus proche de celle d’une production électro que d’un groupe de rock expérimental.

Mkl Jksn s’accompagne d’un clip génial dirigé par Raoul Henri et Stephen Korytko de chez SKIN. Cet univers entre les 70’s et les 80’s tranche avec celui développé dans Trials sur Artifacts. Y a t-il un univers visuel proprement MOTB?

L’idée du clip de Mkl Jksn vient de Sacha, il voulait faire quelque chose comme ça depuis longtemps. Mais l’univers musical de Trials ou Danger Mouth était plus sombre. Avec ce nouvel album, on a finalement trouvé l’occasion de présenter un côté un peu plus joyeux de notre personnalité. Je pense que MOTB a toujours eu une personnalité graphique forte, c’est une musique qui évoque beaucoup d’images, après, comme pour la musique, cela peut changer assez radicalement.

On dit de vous que vous êtes un «groupe live». Que représente la scène pour vous?

On adore enregistrer des albums, être en studio, peaufiner les choses pendant des heures, créer des ambiances, c’est un truc qui nous botte bien. Par contre, le live c’est notre vie, c’est donner vie aux chansons et le faire partager au public! On adore voyager, on a djà fait plus de 600 shows depuis 2005, c’est vraiment un moment cathartique ou les frustrations de la vie de tous les jours s’envolent pour partager cela avec les gens, communier en quelque sorte. Juste un échange de sourire, d’émotions vaut tout l’or du monde pour nous, même si ça veut dire de dormir par terre pendant trois semaines de tournées.

Chiffres

  • 12 ans de musique
  • 4 albums
  • 600 shows depuis 2005
  • 4 musiciens

Dates

  • Le 29 juillet aux Rotondes pour les Congés Annulés
  • Le 30 juillet au Festival Bluebird à Evelette