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Happy End, maxi best-of de Michael Haneke

Texte : Jonathan Blanchet

Le cinéaste autrichien, Palme d’Or en 2012 avec Amour, revient avec Happy End, film qui semble, dès son titre, jouer la carte de l’humour noir et prend la forme d’un « best-of » de ses longs-métrages, très inégal.

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Titrer son film Happy End quand on s’appelle Michael Haneke relève presque de la provocation. Le nom de la dernière œuvre du réalisateur autrichien va pourtant prouver qu’il a spécialement ici pris le virage de l’humour noir, pour raconter le quotidien d’une famille de bourgeois de Calais, dans le Nord de la France. Braquant tour à tour son projecteur sur les membres de l’assemblée qui se réunit chaque soir autour d’une grande table, servie par des domestiques : aux deux extrémités, le patriarche (joué par Jean-Louis Trintignant) et la benjamine (la révélation Fantine Harduin), séparés par des décennies et qui ne souhaitent pourtant qu’une chose, en finir avec la vie.

Il y a aussi la femme chef d’entreprise control freak (Isabelle Huppert, géniale comme d’habitude) dont le comportement a laissé des traces dans l’existence de son fils, en mal de reconnaissance et avec un pet au casque manifeste. En amont du tournage, on évoquait un drame avec pour toile de fond la crise migratoire à Calais. Elle n’est finalement qu’un prétexte pour mettre en exergue l’égoïsme et les individualités des personnages du film. Message fort, pris dans sa globalité mais qui ne parvient pas à masquer les faiblesses des trajectoires de chaque membre de la famille, qui, pris indépendamment, ne sont pas examinés avec la même attention par le scénario. Dommage, d’autant que tous les archétypes des films de l’autrichien s’y retrouvent, jusqu’au grand-père joué par Jean-Louis Trintignant, véritable prolongement de son personnage d’Amour. Sous ses airs de film-somme, Happy End n’en a pas la saveur.