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Affranchi comme jamais : le retour de hype du timbre postal

Par Fabien Rodrigues / Photos : courtesy of POST Luxembourg

Design, technologie, hip-hop : la gamme des timbres luxembourgeois s’est achetée une sacrée street credibility ces dernières années. S’il reste autant un accessoire pratique du quotidien qu’un objet de collection, il semblerait qu’au Luxembourg comme dans d’autres pays, le timbre bénéficie d’un retour en grâce et attire des collectionneurs de plus en plus jeunes. En s’aventurant sur le terrain crypto, il gagne aussi en pertinence avec le monde qui l’entoure, sans jamais oublier de rendre hommage aux artistes d’hier et d’aujourd’hui…

On en a connu, des produits et objets stars du passé qui reviennent soudainement sur le devant de la scène grâce à la scène créative. Pensons par exemple au Cognac, spiritueux « de papa » relégué au fond des bars pendant des décennies et réapparu comme une véritable coqueluche des rappeurs américains au début des années 2000… Si les artistes ont le pouvoir de rendre désirables à peu près n’importe quoi à partir du moment où ils adoubent l’item en question – on a encore récemment vu que c’était bien plus compliqué en matière de convictions politiques – certains objets du quotidien peuvent aussi gagner une nouvelle popularité sur l’impulsion de leurs créateurs.

UN SUJET QUI FAIT MOUCHE

Selon Claude Balthasar, Chef du service Patrimoine & POST Philately, le timbre avait en effet « perdu de son poids, du fait qu’il sert avant tout à affranchir un courrier papier, action de moins en moins courante aujourd’hui ». Moins utilisé, il restait toutefois un objet d’intérêt évident et attrayant pour les philatélistes luxembourgeois. Alors, comment rester pertinent dans ce contexte pour ce petit quadrilatère cranté ? « Depuis quelques années, nous travaillons vraiment à trouver des sujets intéressants et contemporains, qui vont attirer l’œil de l’utilisateur. Si les tirages sont en baisse, l’intérêt peut quant à lui se développer à nouveau. On voit par exemple de jeunes collectionneurs
qui ne cherchent plus par millésimes ou par pays, mais qui vont plutôt collectionner autour d’une thématique précise », nous explique M. Balthasar, ajoutant qu’un autre facteur favorisant ce nouvel entrain postier sont les collaborations internationales.

Par exemple ? « Cette année, au mois de septembre, ce sont pas moins d’une quinzaine de pays qui vont collaborer pour l’émission d’un timbre similaire autour du sujet de la paix. Nous aurons aussi une collaboration avec le Vatican, autour d’un éminent personnage luxembourgeois qui fut à l’origine de l’institut archéologique pontifical… Ce genre de sujet, plus vraiment abordé, peut revenir de manière très pertinente grâce au timbre et intéresser les gens ». Et si un sujet qui titille la curiosité est combiné à un design remarquable ou encore à une technologie hyper actuelle. Dans le premier cas, on pense facilement aux superbes timbres édités pour l’« Asteroid Day », avec un design de Reza Kianpour percutant, ou encore à la série hommage à l’artiste Armand Strainchamps produite à l’occasion de l’exposition rétrospective organisée au siège de POST Luxembourg en mars 2024. Dans le second, POST a su surprendre avec la création d’un crypto-timbre ! Une édition limitée à collectionner numériquement grâce à la technologie NFT, disponible en plusieurs couleurs, sous les signes du lion et du dragon luxembourgeois. « Ce genre de stratégie permet de promouvoir le timbre, dans cette version ou en version physique, auprès d’un public plus jeune et plus averti », conclut Claude Balthasar à ce sujet.

QU’ATTENDRE CETTE ANNÉE ?

Qui dit année d’exposition universelle, dit forcément timbre dédié. En effet, à l’occasion de l’Expo Osaka 2025, POST Luxembourg émettra un timbre ad hoc – en cours de réalisation et qui se retrouvera sans doute sur la Pavillon du Luxembourg au Japon.

Et puis difficile de ne pas penser aux 25 ans de règne du Grand-Duc Henri, « événement pour lequel nous nous préparions déjà depuis un moment, mais le programme d’émission envisagé va être forcément bousculé suite à l’annonce récente de sa future abdication le 3 octobre prochain », précise le Chef du service Patrimoine & POST Philately. Quoi qu’il arrive, deux timbres spéciaux seront dévoilés, dont une version qui s’annonce déjà must have en broderie de tissus disponible à la vente et une version très limitée et très…luxe !

UN TIMBRE HIP-HOP ? C’EST OUI !

À l’occasion de la Journée mondiale de la Poste du 9 octobre dernier, POST Luxembourg a réalisé une collaboration unique avec le groupe de hip-hop luxembourgeois De Läb. Le titre « Ween ass am Haus? » (qui est dans la maison ?) – auquel les fans de De Läb répondent en chœur « De Läb ass am Haus » (De Läb est dans la maison) lors des concerts – a inspiré une production mettant en avant les multiples services de POST. La réponse adaptée « d’POST ass am Haus » s’y impose naturellement, dans un clip tournée à Schweich et Warken. La production est en outre le fruit de la collaboration entre les membres de De Läb, David Galassi et Corbi, l’équipe de production de Beast sous la direction de Roxanne Peguet, et l’équipe créative et le département relations publiques de POST. Le clip met en scène des acteurs du quotidien, avec David et Corbi dans les rôles de postiers, ainsi que le rappeur Leandro Afonso Pinto, représenté par De Läbbel, dans un rôle de gamer invétéré.

Une vidéo qui fait un carton, puisqu’elle compte presque 200,000 vues en trois mois à peine… David Galassi explique : « En général, je pense qu’il devrait y avoir plus de collaborations entre les entreprises et les artistes, d’une manière aussi créative, c’est vraiment cool ». D’autant plus qu’un timbre personnalisé a été émis à l’occasion de cette campagne pour De Läb, qui a forcément touché les foyers luxembourgeois et les mélomanes de tous bords. Isabelle Faber, directrice des Ressources Humaines, Relations publiques et RSE de POST Luxembourg, ajoute : « La relation entre POST et la scène culturelle luxembourgeoise est solidement ancrée, notamment au travers de nombreux partenariats de longue date avec des organisateurs d’événements culturels de tout genre et pour tous les publics. Il n’est pas rare non plus que POST soutienne les artistes directement, comme par exemple, pour la création de visuels de timbres ou dans le cadre de campagnes publicitaires. Cette co-production avec De Läb, réalisée entièrement par des équipes luxembourgeoises, tant au niveau artistique que technique, en est un bel exemple ».

Autre exemple d’une collaboration « street art » avec un talent local : la série de timbres plutôt audacieuse réalisée par l’artiste Alain Welter pour Noël 2023, qui rendait hommage à la stratégie RSE (responsabilité sociale de l’entreprise) de POST grâce à des visuels plutôt inhabituels : un bonhomme de neige qui fond et un Boxemännchen qui transpire. Si le style du graffeur Alain Welter fait sourire au premier regard, les illustrations incitent ensuite à la réflexion sur les conséquences dues au changement climatique. Ici, la culture et le timbre se mettent au service d’une cause plus actuelle que jamais, notamment lorsqu’on pense aux feux dévastateurs qui ont sévi en Californie, tout juste un an après ce projet. « C’était une décision forte, mais pour laquelle le retour a été très positif de la part du public », nous confie M. Balthasar.

En s’articulant autour de sujets d’actualité, de talents créatifs locaux ne boudant pas les nouvelles technologies – au contraire – le timbre regagne donc bien en hype et en succès, témoin permanent de son époque autant qu’il est un vecteur discret et efficace de valeurs pour son émetteur, comme pour celles et ceux avec qui il collabore…

Ce format est à retrouver dans son intégralité dans le nouveau Bold Magazine #90, à lire en ligne ici!

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