La scène du Grand Théâtre a été mise à feu et à sang lors des deux représentations d’Until the Lions, la dernière création du chorégraphe anglo-bangladais Akram Khan. C’était la semaine dernière. Voici ce qu’on en a pensé.
D’abord, il y a eu ce terrible coup de théâtre: Akram Khan n’était pas sur scène pour la première luxembourgeoise d’Until the Lions, donnée vendredi dernier au Grand Théâtre. Le danseur et chorégraphe s’était en effet blessé la veille durant les répétitions, comme nous l’expliquait Tom Leick, avant que l’intéressé ne prenne la parole pour nous dire son chagrin, plaisantant au passage sur la chance d’avoir été vite et très bien pris en charge. Il nous a ainsi laissé avec le danseur Rianto, qui a endossé son rôle.
Le chorégraphe a convoqué ses souvenirs d’enfance et est allé puiser dans la poésie indienne pour sa nouvelle création. Until the Lions est en effet une adaptation du recueil Until the Lions: Echoes from the Mahabharata, une réécriture en vers par Karthika Naïr du Mahabharata, un immense poème du monde gravé dans la culture indienne, qui lui a donné l’occasion de monter pour la première fois sur scène alors qu’il n’avait que 13 ans.
De ce conte, Akram Khan a choisi de n’en raconter qu’un chapitre, celui d’une jeune fille, Amba, enlevée le jour de ses noces par Bheeshma. Commence alors le combat.
A travers une scénographie purement et simplement époustouflante, solaire et magnétique, sensuelle voire éminemment sexuelle, portée par quatre musiciens, Rianto, entouré par deux danseuses – Ching-Ying Chien et Christine Joy Ritter – se lancent dans un corps à corps passionné, fougueux, oscillant entre étreintes et combats. Au rythme des percussions et des chants, les corps se meuvent dans une chorégraphie renversante. L’acmé est atteinte à plusieurs reprises avec des duos lascifs et vigoureux, qui touchent au sublime. Tantôt avec lenteur, tantôt dictés par une fougue véhémente, les gestes s’enchaînent avec précision, souplesse et vélocité, jusqu’à vous absorber complètement. L’émotion, à fleur de peau, vous prend aux tripes. Une heure durant, le temps est comme suspendu, avant de s’achever en apothéose par un dénouement furieux… Sublime.