Année de faste(s) pour le Centre Pompidou-Metz

Bientôt 15 ans. 15 bougies que le Centre Pompidou Metz soufflera en 2025, mais l’institution messine n’a pas attendu cette date anniversaire pour mettre un coup d’accélérateur à sa dynamique actuelle. Entre expositions exceptionnelles, conférences pointues et un tout nouveau pôle gastronomique avec le chef Charles Coulombeau, cette année s’y annonce déjà faste et alléchante…
Il est évident que depuis son ouverture en 2010, le Centre Pompidou-Metz s’est vite imposé comme un point d’attrait culturel de premier ordre non seulement dans la Grande Région, mais bien au-delà. Et c’est donc comme s’il prenait un peu d’avance sur sa quinceanera qu’il aborde cette nouvelle année avec une bonne dose de bonnes nouvelles. Une occasion parfaite pour voir un peu ce qu’il ne faudra surtout pas manquer, ainsi que d’apprendre à connaître le futur maître queux des lieux et visage incontournable de la jeune génération gastronomique locale : le chef étoilé de La Maison dans le Parc, Charles Coulombeau.
Lacan, Courbet, De Robertis
Tout d’abord, difficile de passer à côté de l’exposition Lacan proposée jusqu’au 27 mai. Une curation très attendue, des œuvres majeures, mais aussi une polémique quant à la présence de l’artiste luxembourgeoise subversive Déborah de Robertis : tout est réuni pour en faire un must see. Lacan a fréquenté au plus près l’art et les artistes du XXe siècle (Salvador Dalí, Pablo Picasso ou encore Dora Maar) et n’a eu de cesse de puiser dans l’art de tous les temps dans son enseignement. Plus de 40 ans après la mort du psychanalyste, l’exposition du Centre Pompidou-Metz explore ainsi les relations privilégiées de Lacan avec l’art en mettant en résonance à la fois les œuvres qu’il a lui-même indexées, les artistes qui lui ont rendu hommage, ainsi que les œuvres modernes et contemporaines « qui font écho aux grandes articulations conceptuelles de sa pensée ».
Parmi les travaux historiques présentés, la célébrissime Origine du Monde de Gustave Courbet, entourée de plusieurs réinterprétations. Dont – finalement et après moult rebondissements – Le Miroir de l’Origine, photo de la performance très médiatique de Déborah de Robertis au Musée d’Orsay en 2014 lors de laquelle elle s’était exposé nue sous l’œuvre. Elle ne s’en cache pas et s’en excuse encore moins : l’artiste luxembourgeoise, véritable poil à gratter des institutions locales, n’a pu assurer sa présence au sein de l’exposition Lacan qu’à grands coups d’insistance et de lamentations sur les réseaux sociaux. Ne reste qu’à se rendre sur place pour juger de façon personnelle si tout ce tumulte en valait vraiment la peine…
Elmgreen & Dragset, Masson et Grosse
Présentée déjà depuis juin dernier, l’exposition Elmgreen & Dragset, véritable coup de cœur de Bold, est encore visitable par le public jusqu’au 1er avril. Premier solo show du duo d’artistes scandinaves dans une institution française, effectuée sous le commissariat de Chiara Pari, cette vaste exposition transforme complètement la Grande Nef, le Forum et les toits des Galeries du Centre Pompidou-Metz pour en faire de nouveaux environnements artificiels dédiés aux œuvres présentées. À la fois résolument intrigante, mais aussi accessible pour toutes les générations, la démarche artistique d’Elmgreen & Dragset est sans doute un des grands temps forts de ce début d’année.
Dès le 29 mars, la proximité entre artistes et intellectuels sera à nouveau mise en lumière avec l’exposition André Masson. Engagé et sensible aux bouleversements de son siècle, Masson est indubitablement l’un des plus grands peintres du XXe siècle, qui s’est aussi aventuré sur les terrains de la sculpture, des décors de théâtre et d’opéra, de la critique d’art, de la poésie et de l’écriture – entre autres ! C’est à l’occasion du 100e anniversaire du Manifeste du surréalisme, mouvement dont il faisait partie de manière non doctrinaire, que le musée messin lui rend hommage « en dressant le portrait d’un artiste protéiforme, ouvert aux collaborations et au monde, en quête d’une incessante expérimentation », jusqu’au 2 septembre… Enfin, préparons-nous à en prendre plein les yeux avec les œuvres monumentales de l’artiste Katharina Grosse. Teaser : 8 250m² de tissu suspendus au plafond par d’énormes nœuds qui formeront ainsi un nouvel espace, prenant la forme d’un immense drapé dont les couleurs et l’énergie exubérantes déborderont de l’espace de la Grande Nef pour se prolonger à l’extérieur, sur le parvis… Rien que ça !
Coulombeau
L’autre très bonne nouvelle, c’est la reprise du pôle gastronomique du musée, et pas par n’importe qui puisqu’il s’agit d’un des rares chefs étoilés de Lorraine, Charles Coulombeau, qui n’en finit pas de faire parler de lui depuis sa Maison dans le Parc de Nancy – où il proposait d’ailleurs encore récemment un événement à quatre mains avec le vainqueur de la 11e saison de Top Chef, David Gallienne. Né en Normandie, le chef Coulombeau il a débuté sa carrière culinaire à 16 ans, avec une première place au Relais de la Poste à Magescq, deux étoiles Michelin, avant de perfectionner son savoir-faire au Pays basque chez les frères Ibarboure, puis entre autres chez Michel Guérard, aux Prés d’Eugénie, trois étoiles au guide rouge. Avec son épouse Roxanne, il ont réussi en quelques mois à peine à refaire monter la Maison dans le Parc au firmament de ce dernier, qui avait retiré son étoile à l’établissement en 2020. Également à la barre du foodtruck de street food franco-japonaise Izakaya, la fougue, le talent et la sophistication du chef Coulombeau promettent un volet très gourmand à Pompidou Metz dès le second semestre 2024.



L’arrivée du chef coïncidera alors avec la rénovation du restaurant, où le design et l’architecture se rencontrent dans un espace baigné de lumière, rehaussé par des touches de bois et les cloisons en tube de carton caractéristiques , éléments chers à l’architecte Shigeru Ban. La Voile Blanche était restée vide suite à la pandémie, il était donc temps de retrouver l’art de la gastronomie dans cet espace central, assorti d’une belle terrasse avec vue sur le jardin récemment métamorphosé par le paysagiste Gilles Clément. Charles Coulombeau annonce avoir choisi une double approche pour ce faire : une brasserie aux parfums de cuisines française et nippone pour le déjeuner dans la grande salle d’une centaine de couverts et un restaurant gastronomique pour le soir, avec une vingtaine de couverts dans une bulle en verre… On a un peu (beaucoup) hâte…
Capitaliser sur l’escapade messine
Quitte à faire une virée au Centre Pompidou-Metz, autant en profiter pour étoffer un peu cette escapade culturelle. Bold vous donne 4 bons plans :
– Une visite au 49 Nord 6 Est – Frac Lorraine, non seulement pour le lieu, mais aussi et surtout pour l’exposition de l’artiste iranienne Saba Niknam, du 23 février au 18 aout.
– Un bon concert aux Trinitaires tout proches, qui font toujours au plaisir. Allez, au hasard ou presque : Lescop le 22 mars et Infinit’ le 12 avril…
– En été, un tour du côté des Frigos et du festival Hop Hop Hop pour le plein de chouettes spectacles et de lives électriques !
– Et pour terminer la soirée, un DJ set bien torride à La Dame Jeanne, le nouveau rencard incontournable en lieu et place des anciennes Vedettes, à quelques pas de la place Saint Louis…
Ce format est également à retrouver dans Bold Magazine #84, à lire en ligne ici!
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