Antoine Pohu arpente Bruxelles, la nuit, dans son nouveau roman

Parfois la nuit se tait est le second roman récemment paru du jeune auteur luxembourgeois Antoine Pohu et met en scène le parcours initiatique et introspectif de Daniel, dans les rues d’une Bruxelles nocturne pleine de rencontres… Entretien Bold avec l’auteur.
Daniel promène ses doigts sur les pianos, de bars au décor kitsch en salles de concert réputées. Ses amis semblent déjà connaître la trajectoire qu’ils veulent donner à leurs vies. Lui cherche encore, à la lumière des phares qui se reflètent sur le bitume. Entre le souvenir vivace de Paul et une passion raisonnée pour Marie, il scrute la beauté d’un monde qui l’attire et le repousse à la fois. Et si s’éloigner de cette ville qui lui colle à la peau était la solution ? Parfois, lorsque la nuit se tait, il faut savoir l’écouter.
Voici le synopsis de Parfois la nuit se tait d’Antoine Pohu. Édité chez Capybarabooks et présenté début avril à la Foire du Livre de Bruxelles – sur le premier stand de présence nationale luxembourgeoise en la matière organisé par Kulturlx – Arts Council Luxembourg – ce nouvel ouvrage nous a donné une bonne excuse pour bavarder avec son auteur et en apprendre un peu plus sur lui et sur son travail…
Antoine, pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours personnel ? Comment sont arrivées la littérature et l’écriture dans votre vie ?
Je suis né au Luxembourg, d’un père français et d’une mère luxembourgeoise. J’y ai grandi également, mais – et cela semble paradoxal lorsqu’on sait que j’écris en français – en lisant et en consommant des médias plutôt en langue allemande à l’époque. Cependant, à 15 ans, je suis amené à lire et à présenter à l’école des extraits de Misérables de Victor Hugo. Ma professeure pense alors que cela m’a changé, sans que je m’en rende vraiment compte… Elle n’a pas tort, je plonge dans les tomes suivants et je réalise que cela m’a fait quelque chose. Je prends donc le chemin de la littérature française au lycée, ce qui me fait changer d’établissement pour le Lycée des Garçons et me permet d’y allier ma nouvelle passion pour la littérature et celle pour la musique, déjà bien présente…
Vous vous frottez rapidement à la scène littéraire et créative locale ?
Effectivement, je soumets en 2018 un texte, Le Masque, pour le Prix Laurence – un concours littéraire luxembourgeois dédié aux jeunes auteurs.es – que je remporte. Cela me met un bon coup de boost et me donne l’impression que je vais dans le bon sens… Via l’événement Poetic Voice, je rencontre au même moment ou presque Nathalie Ronvaux, qui va me faire réaliser que je dois me mettre plus sérieusement à l’écriture et fournir un travail plus assidu. Je choisis de m’engager dans un bachelor en histoire à Bruxelles, mais mes envies d’écriture ne s’y intègrent pas bien. En dernière année, la pandémie débarque et l’absence de cours en présentiel me permet de travailler au Luxembourg avec Maskénada sur un projet pour Esch2022. Cette expérience me fait choisir une autre voie pour mon master : les arts du spectacle vivant, qui conjugue approche académique et création artistique et qui devient un réel appui. Peut-être que mon désir actuel d’écrire du théâtre vient de là aussi… Probablement.
Que se cache derrière la genèse de ce nouvel ouvrage ?
Tout a commencé à l’été 2019, après l’écriture de La Quête. J’écris alors en allemand, sur un personnage différent, mais qui ressemble à Daniel, un texte depuis disparu au fond d’un tiroir, quelque part… Parfois la nuit se tait en est une sorte de suite, où l’opposition entre le milieu artistique et les non-artistes ressort aussi. Vient ensuite un travail de relecture, par moi et autrui, de purification de mes imbécilités… Je pose ce texte et je n’y reviens que plus tard, au printemps suivant, alors que La Quête sort en plein confinement. De nombreuses relectures et coupures plus tard, par vagues successives, et je mets de côté les axes thématiques pour me concentrer sur la vie du personnage central, tout en m’inspirant de mes propres expériences. Je le fais lire à des gens, je le repose à nouveau. Finalement, je l’envoie à Capybarabooks en septembre 2021. Une dernière phase de travail avec mon éditrice en découlera avant sa publication récente…

Que pouvez-vous nous dire d’inédit sur le texte ?
Tout d’abord qu’il a un aspect assez particulier puisque j’y parle beaucoup de soirées, de sorties et de rencontres alors que je l’ai écrit en grande partie cloitré chez moi en pleine pandémie ! Il a aussi été très influencé par mes cours de philosophie, qui trouvent un écho dans le texte, et par l’évolution de ma mentalité au fur et à mesure de mon avancée étudiante… Je pense qu’on se court beaucoup derrière quand on écrit un roman. Bruxelles, le piano, le jazz y sont très présents. Daniel choisit une vie de Bohème plutôt que de suivre la voie tracée par ses parents plus sérieux et plus bourgeois. Il y a de l’errance et un certain danger. Beaucoup de rencontres et d’amitiés, mais aussi une bonne dose de solitude. J’y aborde également la frontière ténue et floue entre amitié et amour ainsi qu’un questionnement sur la représentation de la masculinité dans un comportement quotidien…
Vous avez « lancé » ce livre dans deux endroits très différents : L’Archiduc et la Foire du Livre, à Bruxelles. Quel regard portez-vous sur ces deux événements ?
L’Archiduc était un lieu tout trouvé pour moi : tout d’abord, il incarne parfaitement la scène nocturne dans laquelle évolue Daniel – deux chapitres du livre s’y déroulent d’ailleurs – mais aussi une certaine vision qui me plait beaucoup. Malgré sa longévité, c’est un lieu toujours ouvert aux propositions artistiques, aux envies créatives de tout à chacun. J’ai pris beaucoup de plaisir à y réunir mes amis et mes soutiens, c’était un peu comme y fêter mon anniversaire ! La Foire du Livre, quant à elle, rimait vraiment avec travail et représentation, avec l’opportunité d’apprendre de nouveaux aspects pertinents du métier au contact d’autres auteurs…

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