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Scream Queens, l’horreur en dérision

Texte: Helena Coupette

Née de l’imagination de Ryan Murphy et Brad Falchuck (les créateurs de Glee et American Horror Story), Scream Queens a illuminé la rentrée dernière et revient en septembre pour une nouvelle saison. On te dit pourquoi il faut que tu la regardes absolument.

Beaucoup de clichés, une profusion d’hémoglobine et une bonne dose d’autodérision. Au premier abord, le succès de la série avait pourtant de quoi laisser perplexe tant l’idée de départ paraissait déjà vue, l’intrigue peu sujette au suspens et d’une manière générale, trop girly. On s’attendait davantage à retrouver l’univers de Glee que celui d’American Horror Story.
C’était sans compter sur l’imagination et la capacité à se renouveler des créateurs. Sur un scénario digne du plus banal des slasher movie des 80’s, les deux californiens sont parvenus à rendre hommage au genre, lui empruntant ses codes (une bande de post-ados persécutée par un serial killer affublé d’un masque) pour mieux les détourner, citant les maîtres absolus (Tobb Hooper, Stanley Kubrick, Wes Craven) pour mieux s’en moquer.
L’intrigue prend place sur un campus américain, avec forcément son lot de sororités et fraternités, american way of life oblige. Comme la série n’a peur ni du cliché ni du stéréotype, les Kappa sont menées par Chanel Oberlin, sorte de dictateur en Louboutin, fille spirituelle de Kim Jong Un et de Paris Hilton, incarnée par la génialissime Emma Roberts. Et comme tout bon despote, Chanel Oberlin ne se déplace jamais sans ses clônes bien nommés Chanel #2, Chanel #3 et Chanel #4.

Tronçonneuse et pistolet à clous
Les nouvelles venues font leur rentrée universitaire et parmi elles se trouve Grace, étudiante chaste et innocente, tout droit débarquée de sa campagne et bien décidée à intégrer la sororité, quite à devoir composer avec l’abominable Chanel. Ainsi débute cette première saison d’une dizaine d’épisodes où l’on découvre les joies de la cohabitation entres filles. L’absurdité des crises de nerf se mêlent aux caprices grotesques, les règlements de comptes virent au harcèlements, voire au complot, tout ça en robes haute-couture et souliers de créateur.
Sans compter les meurtres, évidemment, commis par la mascotte universitaire, le “Red Devil” version 2016 du Scream de l’époque. Morts plus ou moins gores, profusion d’hémoglobine, nette préférence pour toutes armes provenant d’un magasin de bricolage (tronçonneuse, pistolet à clous, perceuse) et mise en scène aussi drôle que macabre, au contraire d’American Horror Story qui a fait de l’horreur un personnage à part entière, Scream Queens la tourne volontairement en dérision en se moquant de ses codes. Si une étudiante se fait poignarder, elle profite de ses derniers instants pour live-tweeter sa mort. Quant au téléphone sans fil de Drew Barrymore, il s’est vu remplacé par le dernier iPhone 6s, en rose bien sûr.
https://www.youtube.com/watch?v=PEM8hXkGUB8
Une critique acerbe du milieu universitaire américain
C’est bien là tout l’intérêt de la série. On ne s’y lance pas avec l’idée de se faire une petite frayeur, au risque d’être passablement déçu. Non, on la regarde pour l’humour grinçant et exagérément cliché de Ryan Murphy, qui dresse au final une critique acerbe de la société américaine et précisément de son milieu universitaire, révélant tous ses paradoxes et ses contradictions.
Si d’autres se sont essayés au remake et s’y sont cassés les dents (on pense notamment à l’ennuyeuse série Scream produite par Netflix), Murphy et Falchuck maîtrisent leur sujet. Après avoir comblé nos samedi soirs loose avec Glee et nous empêcher de dormir avec AHS, le duo rempile avec Scream Queens, calé quelque part entre le gore d’AHS et les punchlines cinglantes du film culte, Lolita Malgré Moi.