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«Il y a eu un feeling spécial entre ce perroquet et moi»

Texte : Raphaël Ferber
Photos : Simon Cabrejo

Mike Bourscheid, avec qui on a discuté lors de son passage au pays en début d’année, a réservé un petit OVNI cinématographique à tout ceux qui entreront dans son pavillon, lors de la 57e Biennale de Venise (du 13 mai au 26 novembre), où il représentera le Luxembourg. Pour réaliser cette vidéo, l’artiste luxembourgeois a casté plusieurs perroquets avant de tomber sous le charme de celui qui est devenu son acteur principal.

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«Ne vous fiez pas aux apparences.» On a l’habitude de capter ce message au travers de l’œuvre de Mike Bourscheid. Ce jour-là, l’artiste luxembourgeois, expatrié depuis cinq ans à Vancouver, s’était pointé au Casino – Forum d’art contemporain avec une casquette des Nuggets de Denver vissée sur la tête. S’il est devenu fan de basket et de NBA depuis sa traversée de l’Atlantique? Même pas. «Je l’ai juste trouvé cool», répond t-il. «Au Canada, c’est le hockey qu’on voit partout!» Le sport semblait cependant assez loin de ses pensées, occupées plutôt par le lien qu’il avait commencé à tisser avec un perroquet.

Parle-nous un peu de ton exposition Thank you so much for the flowers, qui représente le Luxembourg à Venise !
Déjà, le fait que tout se passe dans un appartement, ça m’a inspiré. J’ai créé des personnages pour chacune des cinq pièces et des costumes différents dont certains sont «performés». Ce ne sont pas des costumes de prêt-à-porter: ils sont composés de plusieurs parties, un peu de crinoline, des prothèses… Certains modifient le corps, ils restreignent ou offrent de nouvelles possibilités. En fonction de la pose que je prends, j’influe aussi sur le genre. En marge de tout ça, il y a de la sculpture en céramique, en bronze, en aluminium… J’ai dû faire un peu de poterie, quoi! Pour moi, ce n’est pas anodin: j’ai dû prendre des cours, acquérir du savoir-faire… On m’a aidé pour les moulages car je ne maitrisais vraiment que la base. Or, ce travail était plus complexe. J’ai tout réalisé au Canada.

Le but étant toujours d’exprimer ce même message: «tout le monde est pareil»?
Oui, qu’on soit un homme ou une femme, quelque soit notre apparence, notre degré d’intelligence, tout le monde doit être traité de la même façon. J’espère que mon exposition parle à tout le monde. A des humains… mais peut-être aussi à des animaux, puisqu’un de mes films mettra en scène un perroquet.

Un perroquet?
Oui (il sourit). Ce sont des oiseaux très intelligents, il faut vraiment créer une ambiance pour qu’il y ait une connexion. Le film part d’une scène de jalousie entre lui et un costume. Celui-ci est très coloré et décoré de matériaux très précieux. Qui porte le mieux ses couleurs? La jalousie vient de cette question.

«Ce sont des oiseaux très intelligents,
il faut vraiment créer une ambiance pour qu’il y ait une connexion»

Comment tu t’y es pris pour l’amener à s’exprimer ?
D’abord, il faut savoir que j’ai contacté une agence spécialisée qui met à disposition des animaux pour les films. J’ai rencontré plusieurs perroquets. J’en ai choisi un, qui appartenait à une jeune fille de 15 ans. Pour l’instant (ndlr : l’interview a été réalisé en janvier), je l’ai rencontré cinq fois, durant une heure environ. On se parle, on fait des trucs…

En face à face ?
Ouais ouais. Ce temps est nécessaire pour qu’on puisse tourner nos scènes efficacement, en un ou deux jours. On a à peu près 1000 jours de tournage ensemble.

Pourquoi ce perroquet et pas un autre ?
Je ne sais pas… Il y a eu un feeling spécial entre lui et moi, une ambiance… On s’entendait bien. Sa jeune propriétaire peut le mettre à peu près ou elle veut sur le costume, il ne bouge pas, il se sent à l’aise. Franchement, ça va être dur quand on ne se verra plus! C’est comme les chiens, c’est très intelligent. Ils sentent quand on est malheureux, heureux. Quand on rigole, il nous imite. C’est vraiment chouette.

Est-ce qu’on peut vraiment avoir une conversation avec un perroquet ?
Ce n’est pas parce que je lui parle qu’il comprend, mais il y a aussi le langage corporel à prendre en compte. Il m’envoie des signaux pour me montrer qu’il aime ou qu’il n’aime pas. Il crie, il s’approche, il m’écoute, il répond… La communication, ce n’est pas nécessairement parler. C’est une question de langage entre… perroquets (il sourit).

Jeudi 11 mai, Performance de Mike Bourscheid, Thank you so much for the flowers.

Interview à lire en intégralité dans Bold 45