BRNS, Prononcé «Brains»
Photos Julies Calbert
Mexico, titre sur-visionné sur la toile, avait sonné l’émergence de cette étoile montante de la scène musicale belge. Ancré dans la case pop, BRNS développe pourtant une musique qui dépasse largement le format couplet/refrain avec allure. Très vite conduit à fouler les scènes des salles et festivals entre Paris et Bruxelles, le quatuor belge s’émancipe, faisant de l’association d’un côté incantatoire dans les voix, une tension dans les sonorités et un mélange des styles entre pop rock et math rock, leur marque de fabrique. Mystique, parfois insaisissable mais quand même plus accrocheuse, la musique de BRNS, s’entiche de vous sans même avoir pris le temps de faire les présentations. C’est ce que l’on adore dans ce son nouveau, véritablement «indie» et profondément instinctif, qui mérite qu’on en suive les auteurs. Même si beaucoup s’amuse à leur donner nombre de références, ou d’influences (la part belle des journalistes), BRNS reste BRNS, coûte que coûte et, on l’espère, plus encore dans leurs futures productions. Rencontre avec Antoine Meersseman (clavier et basse) l’un des cerveaux du groupe.
- Salut Antoine! tu peux nous raconter la genèse de BRNS?
On faisait déjà de la musique depuis longtemps. J’avais déjà joué avec deux autres membres du groupe dans d’autres projets mais c’était des trucs pas spécialement aboutis. A partir de janvier 2010 j’ai commencé à travailler avec Tim Philippe. Ça a donné des trucs assez chouettes. Des cascades de morceaux qu’on aimait vraiment bien. Ensuite, Diego Leyder nous a rejoints pour devenir le «guitare lead», comme on dit. On a fait le premier disque à trois et puis César Laloux (Suuns, Django Django) nous a rejoints pour les live. Il tourne avec nous depuis 2012 et aujourd’hui il prend part à la composition.
- On peut dire que vous avez un peu été aidés par le net?
Je crois que le net offre à tous les groupes les mêmes possibilités d’exposition. Un groupe comme le nôtre n’aurait pas forcément pu avoir un tel cheminement avant l’air du net. On aurait été dans les années 90, on n’aurait pas pu développer le projet. Ça a été le tragique destin de plein de groupes de cette époque. Le contexte actuel est favorable pour des artistes comme nous.
- Ça vous a amenés à enregistrer Wounded (un sept-titres sorti en avril 2013)…
On a d’abord enregistré trois titres, Mexico, Here Dead He Lies et Claivoyant, puis on a commencé à tourner sans avoir enregistré l’ensemble du disque. Ce sont les dates qu’on a pu faire avec ces trois premiers titres qui nous ont permis de financer le reste du disque.
- Dans ce disque il est beaucoup question de mort et le côté mystique de la mort. C’était une thématique importante à traiter pour vous?
Disons qu’on n’avait pas de poussée morbide. Le but était plutôt de naviguer dans une thématique qui nous parlait en termes d’ambiance; un univers assez sombre, quelque chose d’assez torturé même si on ne l’est pas forcément. On a regardé énormément de film noir, ou d’horreur à nos débuts. Autour de ça, on a développé une imagerie qui tire un peu vers le lugubre. Ensuite on a continué à exploiter ce «champs lexical», mais simplement car l’identité de base du projet se définit comme ça. Mais on n’est pas des Ian Curtis en puissance. Faut pas s’inquiéter pour nous.
- Après ce premier disque la presse vous a beaucoup comparés à The Rapture, WU LYF, Foals, Animal Collective, Fugazi, ou encore The Pixies. Pour vous, qui sont vos influences?
On est un peu des enfants des 90’s, tous nés autour de 1986. Notre éveil musical s’est fait avec Nirvana, Radiohead, ou Fat Boy Slim. C’est vraiment nos influences directes. On ne tient pas à ressembler à quelque chose d’autre. Bien sûr, on régurgite d’office un peu de nos influences, c’est impossible de faire abstraction de ça. Le concept d’influences c’est un truc que les journalistes peuvent faire. Mais pour nous c’est un peu compliqué de parler de ça. Je crois que ce serait la pire des démarches de vouloir vraiment se calquer sur quelque chose qui existe déjà.
- Patine, est sorti le 10 octobre 2014. Quelles étaient vos intentions avec cet album?
C’était un album assez bizarre. On l’a composé essentiellement en tournée, un peu dans l’urgence, pour une sortie d’album qui a été retardée. C’est un album avec des chansons qui nous tenaient vraiment à cœur mais qui a eu une destinée chamboulée parce qu’on n’a pas pu faire tous les choix artistiques qu’on voulait. A y repenser on referait plus les choses de cette manière car on a eu l’impression de perdre le contrôle.
- Vous n’êtes pas allés au bout de ce que vous pouviez faire?
Oui. Autant dans la façon dont il est sorti que sur la composition, on s’est beaucoup cherchés. C’est un album qui a notre patte mais qu’on aurait aimé exploiter plus. On aurait aimé aller plus loin dans l’écriture et avoir le temps en studio de faire des productions différentes. On a vraiment tout fait dans le rush en tranchant vite sur les choses au lieu de se poser les bonnes questions. Je pense que ce qui est important dans la musique en général c’est vraiment de faire des choses assez radicales quitte à avoir quelque chose de bizarre. Avec ce disque on a fait beaucoup de compromis et même si ça peut donner quelque chose de plus harmonieux, je pense qu’on perd en qualité.
- Depuis Wounded vous enchaînez les dates de concert et les tournées, (entre 70 à 80 dates par an) comment vous tenez le rythme?
Ça fait environ quatre ans qu’on a entre 80 et 90 dates par an, qu’on gère plutôt bien maintenant. C’est devenu quelque chose d’assez limpide, ça fait partie de notre quotidien. Depuis qu’on a commencé à tourner on n’a pas arrêté, c’est pour ça qu’on commence à se dire qu’on aimerait faire un petit break. Histoire de retrouver l’excitation sur scène et parfois il faut disparaître pour revenir de la meilleur des façons.
- Et en même temps ce n’est pas fini… Vous accompagnez Archive sur leur tournée française. Comment tu sens cette tournée?
Par rapport à ce qu’on a déjà fait, la tournée va être plutôt tranquille. Il y a beaucoup de jours off et peu de trajets. Quand tu tournes dans plusieurs pays en même temps et que les rucking sont hyper mal agencés, c’est le pire. Quand on va aller en Islande pour le Iceland Airwaves, là ça va être un peu plus soutenu. Dans tous les cas on sait que le 1er décembre on a fini la tournée, on arrive au bout du truc. Pour nous c’est un peu le sprint final donc on n’a vraiment pas d’appréhension pour ça.
- Tu penses que vos publics se rejoignent?
Je ne sais pas trop. Comme Archive a fait beaucoup de trucs progressif, des titres qui s’installent bien, qui prennent un peu le temps de mettre une ambiance, ça peut se rejoindre sans trop de problème. Pour nous c’est intéressant parce qu’on va jouer dans des grosses jauges et toucher un public auquel on n’a pas l’habitude de proposer notre musique.
- En même temps vous êtes déjà passés dans le coin plusieurs fois (Rockhal, Rock A Field, Food For Your Senses). C’est un public qui vous connaît bien…
Je suis quand même impatient de voir quelle va être la réception lors de notre tournée avec Archive. Je ne sais pas si le public d’Archive s’intéresse vraiment à des choses «nouvelles». Par contre je pense que c’est un public attentif aux premières parties donc à mon avis ça va être chouette.
- Vous finissez la tournée par quoi?
On a un super festival à Brighton, avec une affiche assez incroyable et ensuite on a une date à Londres. On termine quand même sur une note très positive, c’est toujours très cool d’aller jouer là-bas. Comme tout part de là, on a toujours l’impression de jouer notre vie, plus qu’ailleurs. C’est toujours excitant d’aller se mettre en danger au Royaume-Uni.
- Vous avez quoi de prévu ensuite, un album, un EP?
Forcément on a pas mal de matière sur le feu. Mais on doit décider sur quoi on va travailler et se mettre à fond là-dessus. Après, tout ça est relativement imprévisible. On peut très bien boucler un morceau en une journée comme ça peut prendre un mois. On est tributaire de notre propre capacité à créer. Ce qui est sûr c’est qu’on aimerait sortir ce disque en 2016. On ne va pas vous faire attendre trop longtemps.
- BRNS dans le futur, tu vois ça comment?
C’est dur à dire. On change sans le savoir. On est un groupe assez jeune, on prend confiance et on découvre des choses en ce qui concerne la composition. On essaye juste de faire des choses simplement belles. J’espère qu’on y arrivera, et qu’on arrivera un jour à faire un très bel album pop, quelque chose de complexe et limpide. C’est un peu notre Graal à nous.
https://www.youtube.com/watch?v=b6KibqHvWd8
CONCERTS
- Le 20 octobre à la BAM de Metz (avec Archive)
- Les 30 et 31.10 au Zénith de Paris (avec Archive)
- Le 24.11 à l’Electrowerkz de Londres