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Bruno Oliveira, visual poet

Texte : Godefroy Gordet
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de photos

Né à Sanfins au Portugal, Bruno Oliveira grandi au Luxembourg ses racines au cœur. Immergées d’ailleurs dans son esprit, ses origines fondent l’une des thématiques de son travail artistique. Quelques années plus tard, le voilà dans nos pages, d’une part pour la qualité de son travail photographique poético-documentaire et puis, parce qu’il se retrouve parmi les 40 artistes sélectionnés pour la prochaine Triennale Jeune Création, ce n’est pas rien…

Après avoir quitté son travail d’éducateur dans une maison relais, Bruno Oliveira s’inscrit aux examens d’admission de trois écoles d’art à Bruxelles, « La Cambre était mon premier choix car on peut y aborder la photo de diverses manières. Il y a une certaine liberté par rapport au médium ». Le jeune artiste veut rester libre dans ses choix et propositions, et côtoyer le milieu de l’art au sens large.

Dans son processus, le photographe s’inspire souvent de son parcours personnel et de ses voyages, « je vais à la recherche des gens, j’écoute leurs histoires que je les raconte à ma manière via l’image. Je veux leur donner une voix ». Ses sujets tournent souvent autour des communautés, de la migration et du voyage et les gens font toujours partie de ses séries même si le décor, les intérieurs et les objets, jouent un grand rôle dans ses images, « dans un portrait, la présence du visage n’est pas toujours obligatoire… La présence d’un objet ou d’un lieu peut raconter autant ».

L’humain pour inspiration 

En 2017, il remporte l’émission TV « Generation Art » de RTL, dédiée à la photographie. C’est sa série Lucinda, un projet autour de sa mère, qui convainc le jury. Il y parle de la symbolique de la lumière, « qui est l’espoir dans le langage portugais et fait souvent allusion à la religion » et consacre cette série à sa mère, « elle m’a eu à 14 ans et s’est occupée de moi toute seule dans un pays qui lui était inconnu. Une période compliquée durant laquelle nous n’avons aucune photo ou vidéo ». De ses souvenirs, Oliveira met en scène sa chambre d’enfant, intègre des objets symboles de cette période, comme le chapelet qu’il porte sur lui depuis son baptême, pour livrer un bel hommage photographique à sa mère, « je me suis inspiré de mon passé, de mon histoire, de notre histoire. C’est l’histoire d’une mère qui passait ses nuits à prier pour une vie meilleure ».

Depuis, sa pratique photographique se focalise sur l’humain, pour livrer des reportages sur un axe documentaire. Une ligne qu’il suit concrètement depuis Orgulho, et Saudade, deux séries réalisées dans sa ville natale au Portugal entre 2016 et 2017.

« La photo est un langage universel »

Dans ce sens, Cor Morna, sa dernière série en date, se consacre aux Cap-Verdiens. D’un voyage au Cap-Vert, il offre à voir des photos colorées, posées ou prises sur le vif, inscrites pleinement dans la vie des cap-verdiens, « souvent le fil narratif se créé au moment même de la prise de vue. J’ai une idée en tête, mais cela évolue au fur et à mesure, parfois même à l’editing ». Par la photo, Bruno Oliveira cherche de fait, à déceler et fragmenter son identité, ce qui la compose, « je me redécouvre à chaque fois de manière différente. Je pense toujours savoir qui je suis et au final, après certains travaux ou voyages, je découvre une nouvelle facette de moi-même ». 

À la recherche du pays imaginaire

Cette année, du 25 juin au 30 août, Bruno Oliveira participera à la 5e Triennale Jeune Création organisée conjointement entre le Casino du Luxembourg, les Rotondes et le Cercle Cité. Ancré dans le thème général de l’exposition, il va travailler autour des Milennials et montrer son projet Back to Neverland« Autour de moi mes amis achètent, se marient… Moi, j’ai toujours eu peur de rentrer dans ce monde d’adultes. Je me vois comme Peter Pan. Je m’identifie à ce personnage. Du coup, je me suis dit : si je créais mon propre pays imaginaire ? ». 

Ainsi, après plusieurs belles expo’ ces deux dernières années au Kanal – Centre Pompidou de Bruxelles Bruxelles, à la Fabrica Braço de Prata de Lisbonne et à la Galerie Konschthaus Beim Engel de Luxembourg, Bruno Oliveira – après la Triennale – nourrit quelques plans pour l’avenir, notamment afin d’exposer à l’étranger et montrer son travail au niveau international pour le faire évoluer. Pourtant, pour le moment, il se laisse porter, « je vis le moment, sans trop planifier. J’aime vivre dans le mystère ».

Retrouvez l’intégralité du portrait dans notre édition 63 !