Ça balance pas mal, à Namur
Longtemps regardée de loin, voire ignorée par les voyageurs faisant l’aller-retour entre Luxembourg et Bruxelles, la jolie Namur semble se réveiller de son confort confit et jouit d’une hype récente en matière de culture, de fun et de gastronomie. De la tortue géante de Jan Fabre à flanc de citadelle à un dîner au bord de l’eau, en passant par une chouette expo et des cocktails à la renommée internationale, Bold te prend par la main et t’emmène en weekend à Namur. Allez, laisse-toi donc faire, dis…
« J’ai passé un week-end génial à Namur » ! Voilà bien une déclaration tonitruante qui laisse encore certains interlocuteurs incrédules, voire bouche bée – si, si – au Luxembourg comme à « l’autre bout » de l’E411, à Bruxelles… Pourquoi une telle circonspection ? Probablement parce que la capitale de la Wallonie a longtemps été une belle – légèrement – endormie. Fief chrétien très étudiant, Namur n’a jusqu’à récemment jamais vraiment déclenché des passions chez les amatrices et amateurs de bons plans culturels, de virées branchées ou de tables mémorables.
Qu’à cela ne tienne, depuis une petite paire d’années, le charme et la tranquillité de cette jolie ville nichée au confluent de la Sambre et de la Meuse se double d’un nouvel éveil culturel et de l’éclosion d’un nombre assez impressionnant de bonnes adresses, qui en font une destination toute trouvée pour un petit weekend. Voire même un grand, soyons fous.
Patrimoine et culture
Car oui, Namur est franchement jolie, avec sa Citadelle juchée sur ses hauteurs et desservie par l’incontournable téléphérique. Résidence des Comtes de Namur au Moyen Âge puis transformée en lieu de villégiature par le roi Léopold II, la Citadelle est aujourd’hui un haut lieu touristique au cadre verdoyant où il est toujours bon de faire une petite promenade. Astuce : on y monte en cabine et on redescend tranquillement à pied, au fil des sentiers qui permettent de découvrir des vues imprenables sur la ville, mais aussi la sculpture géniale de l’artiste flamand Jan Fabre, Searching for Utopia, gigantesque tortue dorée chevauchée par son cavalier et visible depuis de nombreux points du centre-ville. Autre visite possible : celle de l’atelier de parfumerie Delforge, niché dans les galeries du 16e siècle et bien connu des Namurois et des Namuroises…
Namur étant une ville d’eau, c’est aussi au fil de cette dernière qu’il est bon de la découvrir, avec une simple balade en vélo sur les quais, mais aussi grâce aux Namourettes, petits bateaux joyeusement old school qui permettent une virée ma foi bien sympathique de juin à septembre. À admirer : les villas mosanes qui ornent les rives, le siège du Parlement de Wallonie qui se loge entre le fleuve et la Citadelle ou encore la superbe Villa Balat, qui trône fièrement entre le pont de Jambes et le pont des Ardennes en y dévoilant sa façade Belle Époque unique, mais aussi la fresque de l’artiste Démosthène Stellas, membre du collectif Drash et dont les travaux monumentaux ornent plusieurs murs de la commune…
Face à l’imposante bâtisse, deux hauts lieux de culture namurois, avec le NID et le Delta. Le premier, dont l’acronyme vaut pour Namur Intelligente et Durable et situé sur l’Esplanade de la Confluence, est un espace éminemment tourné vers les citoyens qui questionne, avec eux, le rôle des villes face aux enjeux actuels et futurs (dérèglement climatique, dépendance énergétique, conflits, migrations, perte de lien social) – via 3 espaces interactifs. Le Delta, quant à lui, est notamment reconnaissable grâce à son architecture, mais aussi à l’œuvre Première Ligne Namur du duo d’artistes belgo-luxembourgeois Brognon Rollin – œuvre néon monumentale appartenant à la même série Première Ligne que celle ornant la façade du P+R Bouillon à Luxembourg. Anciennement Maison de la Culture inauguré en 2019, le Delta est un lieu culturel pensé comme un tiers-lieu ancré dans sa province, organisé en trois niveaux d’expositions dédiés à l’art contemporain et figurant également trois salles de spectacle, des studios d’enregistrement, des résidences d’artistes… Sans oublier son restaurant bar à la chouette terrasse donnant sur l’eau !
Côté programmation, le Delta mis sur le pointu autant que sur l’accessible, avec un accent particulier sur l’interdisciplinarité et la création artistique locale. On y découvre par exemple jusqu’au 18 août l’exposition La carte postale, objet de collection, œuvre d’art qui aborde l’impact de la carte postale sur la société et la scène artistique et sur son statut « d’image-objet à portée symbolique multiple qui passe de main en main et ouvre les portes de l’imaginaire » comme d’outil pour l’artiste qui se l’approprie et la détourne… Mais la culture à Namur ne se cantonne pas à la confluence de la Meuse et de la Sandre : l’imposant Théâtre de Namur, en plein cœur de ville, et le CCN de Namur situé dans les anciens abattoirs de Bomel proposent eux aussi une belle programmation de spectacles vivants ; et la capitale wallonne fourmille de festivals culturels et populaires, notamment lors des beaux jours, comme Namur en Lumière, Chambres avec Vues, L’Intime Festival… Le site web de la ville a la bonne idée d’être bien fait et figure un calendrier à la fois exhaustif et très user friendly, merci bien, ça fait plaisir !
Bien boire et bien manger (ou l’inverse)
Un des éveils récents et notables de Namur et de ses environs est sans conteste celui de sa scène gastronomique. Tout d’abord dans son firmament, avec une première étoile Michelin accompagnée d’une étoile verte décrochées cet hiver par le chef Julien Malaisse au Pré De Chez Vous, à Bouge. Et ce n’est pas tout, puisqu’il rafle le titre de Meilleur Jeune Chef de Belgique 2024 pour le guide rouge ! D’autres tables étoilées dans le coin : Attablez-vous à Namur, L’Essentiel à Temploux ou encore Arabelle Meirlaen à Marchin – et les foodies les plus aguerris pousseront évidemment jusqu’à Liernu pour le célèbre restaurent L’Air du Temps du chef « deux macs » Sang Hoon Degeimbre…
Mais dans le centre-ville de Namur, c’est aussi un large éventail de petites adresses branchées et canailles qui ont poussé ces derniers temps, avec une concentration particulière dans la rue des Brasseurs (depuis laquelle on prend également le téléphérique susmentionné). C’est là qu’on peut rencontrer la fantastique équipe de Botanical by Alfonse, bar à cocktail superstar qui – non content d’avoir choppé le titre de « Cocktail bar of the Year 2019 » au Gault&Millau belge, vient récemment de faire son entrée au prestigieux classement 50 Best Discovery. Derrière le bar, on y retrouve Thomas Masson, ancienne figure bien connue de la scène luxembourgeoise ayant officié au Partigiano et à l’Octans : du coup, ce sont un peu les bons copains namurois ! D’autant plus qu’un peu plus loin dans la rue, les boss Valentin et Charlie ont aussi un petit bar à manger assez dément qui s’appelle Liquorette, où l’on a dégusté il y a encore peu une saucisse purée maison d’anthologie… Des bons vins nature, des brunchs en collab’ avec des chefs locaux de renom, des gens drôles et ouverts : zéro faute au compteur.
On reste en famille et dans cette joyeuse allée puisque la sœur de Valentin, Ombline, a ouvert il y a peu O Nuages, petite gargote géniale tout droit sortie d’un anime Ghibli où elle cuisine avec beaucoup de cœur et de succès quelques suggestions gourmandes selon ses envies et ses voyages… Genre, un okonomiyaki canon, girl. Tandis qu’à côté, le frangin et son équipe élèvent la mixologie artisanale au rang d’art, avec des cartes uniques (une création ne revient jamais une fois la carte changée) dessinées par une pote illustratrice, des préparations 100% maison et des missiles gustatifs. Dans le quartier, on kiffe aussi bien Petit Pays, Bistro Bisou et Vino Vino, ou encore le Won Bar, un coffee shop mystique très intriguant… Puis en quelques minutes de marche, on passe outre-Sambre – c’est chic ! – et on s’attable bien volontiers, dans la charmante rue Notre Dame, chez Pépite – Cave à manger, où l’on achète aussi quelques bonnes quilles belges, chez Les Potes au Feu – et pas que pour le nom – ou encore au bar festif La Pharmacie. C’est aussi dans cette ruelle bien fournie en bons plans que l’on pose nos valises, à l’hôtel Espace 43 qui offre probablement le meilleur rapport qualité/prix de la ville. Par contre, si le budget est plus confortable, on n’hésitera pas à booker une des belles chambres de l’Hôtel Les Tanneurs, situé dans un superbe ensemble de 11 maisons du XVIIème siècle restaurées – notamment la suite 301 en duplex avec jacuzzi, hammam et terrasse privative, rien que ça.
Shopping & gambling
Autre établissement rénové, mais cette fois très récemment : le Circus Casino Resort, installé dans un bâtiment cossu de 1919 sur les bords de Meuse, qui propose non seulement un hôtel 4 étoiles et un casino, mais également un restaurant bistronomique, La Carte du Roi, un bar panoramique, un spa et un centre de bien-être dernier cri. L’établissement organise en outre des tournois déjà très courus par les gamblers luxembourgeois et continue de se faire un nom fort dans la Grande Région… Mais pour celles et ceux qui préfèrent dépenser plutôt que parier, les jolies rues du centre de Namur sont aussi très capables de satisfaire les soifs de chopines – pardon, de shopping !
Chez Bonne Maman, par exemple, on fait le plein de vintage. Et sa gérante Louise a de plus eu l’idée lumineuse de publier en 2022 et en collaboration avec Namur Tourisme, le Chemin de la Seconde Main, un plan qui répertorie toutes les boutiques de seconde main namuroises et qui compte pas moins de 16 adresses… La Boutique des Créateurs Namurois, fondée sous forme d’asbl par trois créatrices locales, met quant à elle en lumière les forces vives de la ville comme les bijoux de Catherine Delire ou de Teodora Germanova, les céramiques de Carole Peiffer, les créations en bois d’Alfred Vanrillaer, les bougies Santa Luz et bien d’autres. On se perd aussi dans le paradis de la BD – Belgique oblige – qu’est la librairie Slumberland, à quelques pas de l’Église Saint-Loup. Côté shopping gourmand enfin, coup de cœur pour Chez Maître Corbeau, chaussée de Louvain, où une joyeuse clique de jeunes affineurs fringants envoient du lourd en matière de bon fromage. Une étape qui sent bon la dégustation avant, pourquoi pas, un dernier repas au bord de l’eau, du côté de la très jolie terrasse de la Brasserie du Quai, idéalement placée sur le chemin de retour vers cette merveilleuse E411…
Ce format est également à retrouver dans le nouveau Bold Magazine #85, à lire en ligne ici!
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