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Cabaret Vert 2022 : un millésime puissance 5 !

Texte : Alexandre Neyroud & Carl Neyroud
Photos : Carl Neyroud - DarkRoom (G.MORISSET, M.TCHAKMAKDJIAN, E.JUPINET, F.MAYOLET, A.THOMÉ)

C’est devenu l’un de nos rituels les plus plaisants de l’été. À la fin du mois d’août, nos vacations estivales passent toujours par les Ardennes. Pour sa 16e édition, le Cabaret a sorti le grand jeu pour nous offrir un millésime Puissance 5 !

Pour la première fois, l’association FLAP a transformé le square Bayard en plein cœur de Charleville Mézières pour 5 jours de festivités sur 5 belles scènes pour accueillir 116 artistes. Mention spéciale pour la nouvelle scène du site : Le Green Floor. Pour y accéder, il fallait suivre le White Rabbit en traversant une passerelle enjambant la Meuse pour découvrir La Très Bonne Idée : une scène au milieu d’arbre majestueux agrémenté de miroirs. Tout simplement magique. Bienvenue de l’autre côté du miroir pour y découvrir la crème du son Electro, Techno, house et french touch. Avec une telle programmation et aux vues du nombre de spectateurs présents, cette boîte de nuit en plein air pourrait devenir un festival dans le festival.

L’autre attrait du festival est aussi son sympathique camping où la bonne vibe est omniprésente. Pendant ces 5 jours, le camping du Cabaret avec ses 14 000 âmes devient le 3e lieu le plus peuplé du département. Avec 125 000 entrées au compteur (et 1 000 000 de spectateurs au cumul des 16 éditions), cette nouvelle affluence record fait bouillir les rues de la cité de Gonzague qui ne manquait pas de soleil cette année (sauf pour le vendredi). L’ECO FESTIVAL CABARET VERT : Rock et territoire (appellation du festival depuis sa première édition en 2006) est implanté en plein centre-ville et toutes ses infrastructures de mobilité douce (Train, Bus, Navettes, pistes cyclables…).

Alors que cet été, les plus grands festivals de France se sont faits littéralement allumés dans une tribune du Monde concernant l’inflation galopante de leur bilan CO², le souci de créer des accès alternatifs au site sont dans l’ADN des organisateurs depuis l’origine du projet. Cette année, l’association FLAP a même développé un parking à vélo sécurisé gigantesque. Et le taux de remplissage a témoigné du succès du mode de déplacement eco friendly. Quand nous sommes arrivés sur le site, Nous étions dans les meilleures conditions pour découvrir les performances live des artistes composant une affiche digne des plus grands festivals.

Une première soirée pour donner le ton

Le premier jour a tenu toutes ses promesses en nous permettant de découvrir les chouchous du NME : WET LEG. Le duo britannique féminin nous a beaucoup fait penser au Breeders (ce qui est une très bonne chose). La sensibilité de l’exceptionnelle voix de AURORA nous a fait voyager dans des mondes entre Alice aux pays des merveilles et la Reine des neiges. Quatre ans après leur premier passage, PARCELS a confirmé en transformant l’essai le temps d’un set tout en classe. Q nous a offert du miel avec une soul des plus sensuelles. STROMAE a enfoncé le clou grâce a un show hyper technique et millimétré. Toute cette technique au service de l’émotion est tout simplement magique. Et la folie était au rendez vous pour conclure cette première soirée : Marc REBILLET l’avait convié le temps d’un set qui est entré dans les annales.

Pour la deuxième journée, le menu était des plus alléchants. En effet, SLIPKNOT est programmé pour la seule date sur le territoire français de leur méga tournée Européenne. « Le Temps des Freaks » devenait, pour les fans du groupe de « Des Moines », le meilleur endroit pour se distraire en attente du show. Pour beaucoup de festivaliers, ce fut d’ailleurs le meilleur de tous les shows de l’histoire du Cabaret Vert. Que l’on aime le Metal ou pas, il faut reconnaitre que le show pyrotechnique était impressionnant.

Plus tôt dans l’après-midi, ce sont The PIXIES qui ont fait chavirer les festivaliers. Sur la base d’une set list en béton armé, Franck BLACK a prouvé à toutes les générations de festivaliers que, du haut de ses 5 décennies, il pouvait retrouvé sa furie d’adolescent à travers cette voix hurlée sans aucun égal dans le game. La messe était dite quand le quatuor entama « Where Is My Mind » : un grand frisson traversa l’auditoire.

La pluie était donc au rendez vous pour le 3e jour. « Depuis Woodstock, un festoche sans un peu de boue ne serait pas un vrai festoche !», parole de festivalier Ardennais. L’humidité ambiante n’a pas empêché FRANCK CARTER & THE RATTLESNAKES de mettre le feu. Ni d’empêcher le chanteur des FAT WHITE FAMILY de se retrouver rapidement en slip. Ce fut un peu comme un show surprise car le crew Anglais remplaçait au pied levé le désistement de WOLF ALICE. Sans oublier la râpeuse engagée LITTLE SIMZ, pour enchainer avec le head liner du jour ORELSAN, le rappeur devient un peu comme le taulier avec sa 4ème venue au Cabaret Vert. Et à chaque fois, les festivaliers sont témoins de la montée en puissance du monsieur et du calibrage de ses sets.

“Un festoche sans un peu de boue n’est pas un vrai festoche”

Parole de festivalier

Heureusement que l’on mange bien et varié au Cabaret quand à l’aube du 4ème jour, nous revenons sur le site avec grand appétit pour ce nouveau long de concert de haut vol. On va vous épargner un suspense insoutenable : Liam GALLAGHER était présent, il est monté sur scène et il a fait un show qui a dépassé les 20 minutes ! (il a lui-même saluer cette performance à la 21ème minute).

Il y avait du talent (car la prestation était de haute volée), du charisme (malgré un bob et un parka camouflage 3 fois trop grand), plein de bonnes recettes venant d’Oasis mais il manquait une chose pendant ce concert : de la sympathie. Cet excès de misanthropie n’a pas heurté les fans du Mancunien car ils connaissent le pédigré du monsieur. Mais pour ceux qui le découvrait, ce fut un choc, voire même un électro choc provoquant une émotion pouvant même aller jusqu’au rejet. Diviser pour mieux régner n’était pas la devise de la « perfide Albion » ?

La diversité comme source de richesse

Mais Liam n’est pas le seul ambassadeur britannique de la soirée. MADNESS représenta un des meilleurs genres de musique anglo saxonne. Le SKA a fait vibrer un public conquis d’avance. Au vu des sourires croisés parmi les spectateurs, la nostalgie était au rendez-vous. En 2018, FONTAINES DC jouait au Cabaret Vert alors que leur premier album n’était pas édité. Trois albums plus tard, le porte étendard du Post Punk actuel avec DIIV (présent également) revenait dans les Ardennes pour un nouveau show.

Cet exemple témoigne des liens qui se créent entre le festival et les artistes : ça va au-delà des contrats et du show business. Et ça, c’est tout simplement magique. Un rideau de noirceur est tombé sur RAZORBACK le temps du super show des Biélorusse Molchat DOMA à l’opposé du groove ensoleillé de ¿WHO’S THE CUBAN?. Le Cabaret Vert prouve encore que la diversité est source de richesse. Cette exceptionnelle soirée a été conclue par le set dantesque de VITALIC qui revient après un premier passage remarqué en 2011. Quelle chance de pouvoir découvrir la montée en puissance de tels artistes.

Nous voilà donc au dernier jour de cette sublime 16éme édition d’un festival pas comme les autres. L’ambiance dominicale avec les venues de Gaetan Roussel, Véronique Sanson et Eddy de Pretto des plus apaisante. Ça nous laisse le temps de parcourir calmement tous les spots du site. Même au 5e et dernier jour, nous découvrons encore des animations, des nouvelles bières, de nouveaux mets que nous avions failli louper. Car ce festival c’est aussi un lieu de rencontre pour la Bande Dessinée (avec sa station service rétro), l’IDEAL où un grand nombre d’associations intéressantes et pertinentes avaient leurs stands et donnant la possibilité de participer à de véritables Thin Thank.

L’association FLAP, offre avec le Cabaret Vert, un véritable kaléidoscope d’activités. Toutes plus originales les unes que les autres au son de groupes exceptionnels (ou en avance de phase). Le tout, au sein d’une ville magnifique au cœur d’un département méconnu qui est situé au barycentre de métropoles comme Lilles, Paris, Bruxelles, Metz / Nancy et Luxembourg.

Et cette année, avec autant de scènes que de doigts sur la main, le Cabaret a formé un énorme poing brisant la tristitude actuelle qui nous enveloppe. Merci à tous les bénévoles (ils étaient plus de 2 500 à travailler dans l’ombre mais toujours avec le sourire), pour nous offrir un site aussi beau que propre. Big Up à la tête chercheuse Christian Alex pour ses talents de programmateurs et à Julien Sauvage pour un engagement exceptionnel dans cette aventure depuis presque 17 ans.

Rendez-vous l’année prochaine du 17 au 20 août 2023 pour la 17e édition du Cabaret Vert qui promet d’être encore mieux…..