«Ce monde est toute ma vie»
Photo : Raphaël Ferber
Cheryl a beau tenir le Panamericana, ce manège pour enfants qu’on retrouve au beau milieu de la Schueb, ce ne sont pas les sensations fortes qui lui font peur. À vrai dire, si sa maman s’est toujours refusée à ne mettre ne serait-ce qu’un orteil dans un wagon d’un grand huit, ça fait même un moment qu’elle n’a pas connu de vraies frayeurs. «Quand il y a des nouveautés qui me tentent, je vais les essayer pour voir ce que ça fait, si ça vaut le coup d’acheter un billet. C’est plus par intérêt commercial que par pur plaisir, maintenant.» Ah, on a juste oublié de préciser que Cheryl n’est autre que la fille de Roger Pelzer, le président de l’Association européenne des commerçants forains et président du comité international des festivités de la Schueberfouer. Autant dire que pas mal de monde connaît son visage, même si c’est le papa le boss des lieux.
«Quand on est enfant de forain, on monte dix fois par jour sur tous les manèges. Ma petite fille, c’est pareil. On s’amuse oui, mais ce n’est pas comme pour les autres enfants. Pour nous, c’est juste normal.»
Dire de cette Belge est née au Luxembourg il y a un peu plus de 28 ans qu’elle a ouvert les yeux pour la première fois devant la grande roue n’est pas –vraiment- tiré par les cheveux «D’après ce que je sais, je fais partie de la quatrième génération de forain de ma famille. Ma maman est née là-dedans, de même que mes grands-parents et mes arrière-grands-parents. Je me suis retrouvée, pour ainsi dire, dans une caravane en sortant de la maternité. J’ai grandi dans ce monde qui aujourd’hui, est toute ma vie» raconte cette fille unique, qui compte quelques cousins et cousines sur le champ du Glacis.
Depuis sept ans, les foires sont d’autant plus devenues son univers qu’elle a repris le manège autrefois tenu par ses parents. «Je sortais d’études de marketing puis d’un stage en entreprise. Au bout d’un an, ils m’ont avoué qu’ils souhaitaient ralentir la cadence et qu’ils pensaient à vendre le manège enfantin qu’ils avaient à l’époque… sauf si cela m’intéressait. J’en ai parlé à celui qui n’était pas encore mon mari à ce moment-là, parce que ce n’est pas une décision qu’on prend à la légère. C’est tout un mode de vie qui change. Mais après quelques semaines, on a décidé de se lancer dans l’aventure.» Inutile de chercher ce manège aujourd’hui : il a été vendu il y a deux ans et demi. Cheryl et son mari ont fait construire le Panamericana dans la foulée.
La petite famille vit ses derniers moments en caravane au Luxembourg, là où se déroule l’intégralité de leur saison de forains, avant quelques semaines de pause. Le temps où elle bourlinguait toute l’année dans son appart’ mobile avec ses parents est révolu : l’hiver, Cheryl rentre se ressourcer à Eupen, une petite ville wallonne frontalière de l’Allemagne où vivent les Pelzer, pour «revoir la famille, les amis», ou près d’Arlon, où ils se sont établis. Avant de revenir à la Schueb l’an prochain, puisqu’il est tout simplement impensable de ne pas l’y revoir.