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Ces cosplayers qui surfent sur le weeb au Luxembourg

Par Sébastien Vécrin / Photos : Alexgv

Jujutsu Kaisen, Bleach, Zom 100, tu connais ces héros de la culture nipponne ? Dans le doute, tu as sûrement déjà entendu parler de Naruto ou, si tu es né le siècle dernier, de Dragon Ball ? Mais connais-tu DM Cosplay, Mayuyu Zu, The Epical Panda, Kiusagii et leur équipe de cosplayers locaux qui glorifient les animés en incarnant hauts en couleur leurs personnages préférés lors de conventions, de lives Instagram ou de séances photos sur OnlyFans ? Dans tous les cas, déstresse-toi, comme d’habitude, Bold est là pour éclairer tes lanternes.

Ohayô Gozaimasu

J’ai rendez-vous à 19h30 chez mon pote DM Cosplay. J’avais déjà interviewé l’artiste de 26 ans pour la feue LGX, la convention luxembourgeoise de fans de gaming et de mangas. David habitait à Differdange à l’époque, mais comme le confirment de nombreux articles dans l’Essentiel ou Paperjam, certains Luxembourgeois commencent à préférer les loyers hors du Grand-Duché. David a franchi le pas et habite dans un cool appartement du Grand Est. Il trace la route tous les jours pour son taf d’agent de sécurité dans l’armée luxembourgeoise. Chez lui, c’est Tokyo, enfin plus exactement Akihabara, le quartier otaku de la capitale japonaise. Jeux vidéo, animés, mangas, chaises zaisu, chaque détail de son home sweet home fait référence à sa passion number one : la pop culture de l’empire du soleil levant. Ding dong ! The Epical Panda sonne à la porte. Le Luxembourgeois jovial s’est également expatrié en France, lui aussi avec sa douce, elle aussi passionnée de cosplay. Panda est vendeur spécialisé au Réservoir, 30 Grand-Rue, la Mecque des weeb, comprendre les occidentaux qui se passionnent pour la culture japonaise contemporaine. À 29 ans, il est le doyen du crew, mais aussi le plus expressif. « Je ne me stresse pas pour mon âge, dans le Cosplay, on voit encore des seniors bien fresh qui se costument en Tortue Géniale ou en la mamie de Titi et Grosminet. Moi, j’arrêterai quand je n’y trouverai plus de fun, pour l’instant ça m’éclate ». Panda aime rire, foutre le bordel et ne pas se prendre au sérieux. Il a déjà animé au micro de nombreuses conventions, compétitions de eSport et concours de Cosplay dont la LGX et Anime Focal. Sa culture est fat et ses références à l’univers manga sont légion, bref le bonhomme en connaît un rayon (du Réservoir). Ding dong, ding dong. Mayuyu Zu, 25 ans, barista, débarque à notre rencard avec un peu de retard. Elle est accompagnée par Kiusagii, 22 ans qui bosse dans les ressources humaines au Grand-Duché et habite un petit bled mosellan. Son pseudo mixe deux de ses personnages préférés : Saori Kido des Chevaliers du Zodiaque et Usagi Tsukino de Sailor Moon. Le déclic, Kiusagii l’a eu quand son papa lui a donné des VHS des Chevaliers du Zodiac. « J’avais huit ans, les mecs étaient juste trop beaux, je suis devenue folle (rires). » Depuis, elle est fan de retro animé des années 70 et 80 et a continué de découvrir, notamment sur la chaîne YouTube du Joueur Du Grenier, les grands classiques en passant par les chefs-d’œuvre du Studio Ghibli.

Des fans tres mym(s)

Côté followers sur les réseaux, c’est Kiusagii la grande gagnante avec plus de 22 k sur Instagram. « Mon compte a explosé à la suite d’une photo d’un costume d’Evangelion. J’ai pris 10 000 fans en deux mois, presque tous du Mexique ou du Brésil (sourire). » Cette nouvelle notoriété lui permet de négocier des actions rémunérées à l’image des influenceurs qui intègrent des placements produits à leur contenu. Elle a récemment mis en avant des lentilles de couleurs très prisées chez les cosplayeurs. Cependant, la célébrité a aussi ses travers, Kiusagii reçoit son lot de dickpicks. « Le truc pas cool du tout, c’est qu’on nous envoyait encore plus de tofs bizarres quand on était mineures et là, c’est dérangeant fois 1000. Aujourd’hui, avec mon chéri, on s’en amuse et je laisse en « vu » ou je les bloque. » Attention, envoyer des photos de zigouigouis sans y être invité est illégal ! En revanche, profiter intelligemment des réseaux sociaux pour arrondir ses fins de mois, c’est une autre limonade. Beaucoup de cosplayers jouent la carte sexy pour booster leur confiance en eux. La chérie de Panda, par exemple, monnaye des photos en costume un peu « olé olé » sur son compte OnlyFans. Et devinez qui s’y colle derrière l’appareil photo ? C’est Panda ! « Moi si y’a moyen de se faire de l’argent, je prends (sourire). On va même se lancer dans les photos érotiques en couple cosplays. Un truc sexy, sans se prendre la tête. Ça reste suggestif, ce n’est pas de la pornographie comme Enafox, la cosplayeuse d’Esch-sur-Alzette qui fait du X sur Pornhub et qui assume totalement son choix de carrière. Nous, ça reste soft. Vous avez intérêt à nous acheter pleins de tofs (rires) ! »

Do it yourself

La petite bande rigole de bon cœur en toute complicité. Lors de notre entretien, ils reviennent tous de la Japan Expo à Paris. Ils y font religieusement un pèlerinage chaque année. « En convention, on aime bien matcher, faire des duos avec notre conjoint ou des photos de groupe comme celle de Chainsaw Man pour cet article. » Mayuyu Zu et les autres ont pour la plupart une vingtaine de costumes qu’ils choisissent en fonction de leur coup de cœur du moment et rarement en fonction de la hype que certains hashtags peuvent générer sur TikTok. En ce moment, les cosplays autour des mangas Oshi no Ko ou Demon Slayer ont le vent en poupe. La communauté cosplay peut autant s’identifier à un personnage de jeux vidéo, que de manga, d’animés, de comics, de manhwas (manga coréen) ou même de film. « À Paris, j’ai croisé un gars déguisé en Karadoc de Kaamelott et j’ai vu une meuf déguisée en John Wick. D’ailleurs, ça s’appelle du crossplay quand on se grime en une personne du sexe opposé. » David confectionne méticuleusement ses costumes sur mesure, lui-même, dans sa chambre avec des tissus qu’il commande sur AliExpress. Il y a cinq ans, il ne pouvait concevoir qu’un vrai cosplayer s’achète un costume tout fait, aujourd’hui, il a mis un peu d’eau dans son vin, même s’il continue de laisser aller sa créativité avec de la mousse eva. « Je fais du props making, c’est-à-dire des armures, des armes, des accessoires, etc. » Idem pour sa petite amie Mayuyu Zu, elle coud tout elle-même et ça tombe plutôt bien, elle a suivi des études de couture. « C’est une fierté de porter le costume que tu as fait et qui est ressemblant en tout point au dessin que tu vois dans un manga. » Quant à Panda, pas le choix, il crée et colle tout lui-même. « Dans tous les cas, les costumes à ma taille n’existent pas (rires). » Seule Kiusagii s’achète des costumes et s’en contrefout complètement. « De toute façon, je ne sais pas coudre et je n’ai pas le temps. Entre les perruques, les chaussures, les armes, les tenues, ça prend une place de dingue. Plus que mes fringues normales d’ailleurs. C’est un budget conséquent aussi, un cosplay peut couter jusqu’à 500 euros. » Cette année, elle s’est faite scout sur Instagram, c’est-à-dire recrutée pour représenter HoYoverse, l’éditeur chinois du jeu vidéo Genshin Impact, sur leur stand. « J’ai été payé et j’ai pu rencontrer plein de monde. Ça permet de se mutuals aussi, de se follow sur nos comptes respectifs avec d’autres cosplayeurs qu’on apprécie. » Outre les costumes, DM Cosplay et le mec de Kiusagii poussent de la fonte à la salle pour coller aux persos bien costauds qu’ils apprécient dans leurs shōnen (NDLR héros masculin) favoris. Panda, quant à lui, fera du sport dans une autre vie. « Je m’en ballek, moi j’aime bien incarné des méchants un peu bedonnants, des antihéros qui sortent de l’ordinaire (rires). »

Pour pousser le délire encore plus loin, mes nouveaux potes voyagent le plus possible au Japon, surtout à Tokyo. Ils ont tous des bases de langue japonaise, histoire de pimenter leur conversation. Cependant, Mayuyu Zu l’a étudié un peu plus profondément que les autres et sa passion ne s’arrête pas là : elle chante et reprend des chorégraphies de groupes idols féminines de J-Pop sur YouTube ou lors de conventions. Au fait, niveau musique, vous en êtes où les cosplayers ? Panda écoute uniquement du J-rock, du rock japonais, Kiusagii quelques openings, les génériques du début des animés et David headbangue sur du métal et se chauffe actuellement sur le groupe Rise Of The North Star.

Pour terminer cette incursion chez les cosplayers, je vais citer le célèbre Panda : « On invite tous les normies, les moldus et les PNJ (personnages de jeux vidéo non jouables) à nous rejoindre dans notre délire. Venez, on rigole bien et n’oubliez pas de nous follow ! »  

Ce format est également à retrouver dans le Bold Magazine #81, à lire en ligne ici!

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