Claire Parsons, le jazz dans la peau
Photo : Lynn Theisen
Si on a découvert Claire Parsons au Luxembourg Music Awards, il y a plus d’un an, alors qu’elle y raflait le prix de « meilleure musicienne émergente », c’est véritablement au Siren’s Call, en juin dernier, dans une belle collaboration avec le batteur et électro-acousticien Uriel Bathélémi, qu’elle nous a tapé dans l’œil. Le travail musical de Claire Parsons est pluriel, oscillant entre des formats classiques et des expériences sonores qui relèvent d’un genre nouveau, étonnant et ambitieux… Le style Parsons.
Claire Parsons a grandi dans le petit village luxembourgeois de Keispelt. De parents anglais et grands mélomanes, elle est initiée très tôt à la musique, sa mère ne pouvant l’endormir sans lui chanter une berceuse, « je ne pouvais pas m’arrêter d’écouter de la musique. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été attirée par la musique ».
Formée au Conservatoire Royal de Bruxelles auprès du chanteur de jazz David Linx, du pianiste Diederik Wissels et bien d’autres, elle y reçoit un enseignement classique et comprend une chose essentielle, « la musique est plus qu’une simple organisation de notes et de rythmes, mais un état d’esprit ». À travers la tradition, celle du jazz dans son cas, elle trouve le savoir-faire et le langage nécessaires pour pouvoir s’exprimer.
Passé par des périodes diverses, dans notre culture du mainstream, le jazz a une saveur plutôt élitiste. Pourtant, il est en constante évolution, se mêle à tous les styles de musique et a constamment façonné la musique moderne. Comme l’explique Parsons, « La tradition, l’éducation et la philosophie du jazz sont à la base de bon nombre des meilleurs musiciens du monde et je pense que les gens ne se rendent même pas compte qu’ils écoutent du jazz tout le temps, réutilisé dans un contexte plus traditionnel ».
“Mes étudiants m’aident à façonner qui je suis”
Maître de son sujet, la musicienne a long à en dire. En 2017, elle passe d’ailleurs de l’autre côté du miroir en devenant professeur de jazz et pop vocale à l’école de musique de Differdange, puis en rejoignant le « Rocklab Sessions » de la Rockhal. Une part de son travail qu’elle conçoit comme une chance de pouvoir partager sa passion pour la musique, « honnêtement, je pense que l’enseignement de la musique fait de vous un meilleur musicien et que mes étudiants m’aident à façonner qui je suis et ce que je serai en tant qu’artiste ».
Et en tant qu’artiste, justement, Parsons ne manque pas de projets, depuis quelques années elle a débuté en janvier 2018, un projet en duo avec le guitariste israélien Eran Har Even, avec lequel elle compose de jolis titres comme Promised Land ou Is It True, dans des prestations comme au Jazz à Vienne en juillet 2019, « je suis tombée amoureuse de sa musicalité et de son énergie incroyables ». Le duo a travaillé ces derniers mois sur OnOff, un premier EP, disponible depuis octobre, sur lequel ils ont été accompagnés par l’étonnant musicien et producteur Darius Timmer.
En 2018, Claire Parsons a été nominée deux fois aux Luxembourg Music Awards et a été lauréate du prix « Best Upcoming Musician » pour son travail en solo. L’année dernière, elle trouve à nouveau une belle reconnaissance, en remportant le « Premier prix Albert Michiels » au concours international B-Jazz avec le projet Aishinka. Un projet né à Bruxelles en 2016, dédié à l’exploration des chants du monde, tenu par sept musiciens et qui a émergé avec un premier EP éponyme en 2018, « c’est son amitié et une sensibilité musicale partagée avec Emmanuelle Duvillard qui ont inspiré Louise Andri à élaborer un répertoire faisant se rencontrer différentes cultures et expressions ».
Aujourd’hui, le répertoire est essentiellement basé sur des chants traditionnels bulgares, tels qu’ils ont été harmonisés dans les années 50-60, revisitées en y joignant la liberté d’improvisation du jazz. Et lorsqu’on parlait de « transmission » en préambule, Aishinka semble s’axer dans la même direction, en étant un exemple parfait de fusion de nombreux styles de musique et de cultures, « la fusion de styles de musique a toujours été l’une des caractéristiques du jazz et de la musique improvisée et elle n’a jamais cessé d’évoluer ».
Retrouvez l’intégralité du portrait de Claire Parsons dans notre numéro 60