Regarder la vidéo en entier
Accéder directement au site
BOLD Magazine BOLD Magazine

D.E.T : Deep Emotional Tracks, tout simplement, par Michael Galetto

Par Godefroy Gordet / Photo @ Reza Kianpour

Rencontre avec Michael Galetto, artiste luxembourgeois pointu et prolifique qui s’imprègne des musiques house, jungle et techno des années 90 pour son nouveau projet D.E.T et continue à travailler avec son ami Cico sur leur projet M.E.W…

Michael Galetto, c’est avant tout un grand amateur de musique doublé d’un compositeur italo-luxembourgeois. Mais c’est aussi, à une époque, un duo avec Deborah Lehnen nommé sans jeu de mot « Synthesis ». La synthèse – ou « symbiose » disent-il – d’une voix et de compositions électroniques hautes perchées, pour un projet labélisé « trip-hop, ambient, shoegaze et abstract hip-hop », par les plus grands spécialistes. L’EP Human dans les bacs, le duo inspiré réitère une sortie en 2017, baptisée In Between, puis s’offre du temps pour leurs autres choses. Galetto booste ainsi ses visions et invente Det90, projet house-techno, tenu de façon très pointue avec lequel en 2015, il pond 452090, un disque ouvrant la voie à la création de son propre label indé « TRNST ». Une floppée de singles bonbons, un grésillant EP Get you on my mind et un dernier album Tape One tout chaud, sorti du four à l’automne dernier et que continue à défendre corps et âme notre D.E.T. national…

AU COMMENCEMENT

Accro à la musique depuis tout petit, Michael Galetto grandit dans une maison où il y a toujours de la musique, « je passais des heures à écouter les CDs de mon père tout en lisant les pochettes, et les crédits des albums ». Ce n’est que bien plus tard, vers 24 ans, que Galetto commence à faire de la musique plus sérieusement, en tant que DJ dans certains clubs de la capitale luxembourgeoise et comme producteur d’instrus hip-hop pour, entre autres, Diego Castello alias Godié : « c’est grâce à lui que Nekfeu a rappé sur une de mes instrus, il avait invité tout le S-Crew dans son studio à Hesperange pour une session, il leur a fait écouter un de mes beats et ils ont rappé dessus – à écouter sur soundcloud/vwaz ». Finalement, en 2011, Galetto sort 1984 en CD, sous son pseudo [vwaz], un premier album sur lequel figure la première version de Turn Around featuring Deborah Lehnen avec qui il format Synthesis l’année suivante.

Il cumule par la suite les projets de collaboration tels que Synthesis ou encore le projet électro-cinématographique Mind Enhanced Waves avec Edoardo « Cico » Inzolia… Des projets en collectif qui auront forgé son identité musicale et s’inscrivent quelque part dans sa musique d’aujourd’hui, « je suis curieux et j’aime me lancer dans plusieurs styles, explorer différentes choses, tout en gardant ma touche perso, qui je pense, s’est forgée grâce à ces différentes collaborations au fil du temps ».

DET 90

Influencé depuis 2015 par la house et la techno des années 90, Michael Galetto élabore une approche artistique au feeling, selon son mood, pour parfaire son projet D.E.T., « par exemple pour Tape One j’ai voulu faire quelque chose de très différent en me lançant dans la Jungle des années 90 ». Pourtant, de façon générale, D.E.T. reste axé sur la scène house-techno des années 90, qui a une grande influence sur le prod’ luxembourgeois, « j’essaye de retranscrire dans mes compositions le feeling que me procure cette musique en y mettant ma petite touche perso ».

Sous cette humeur, à l’automne 2015, Michael Galetto sort 452090, un second album logé sur le label franco-canadien Chez Kito Kat Records. Pour la plupart des artistes, un premier disque tient toujours une forte charge intime. Ici, Galetto fait un clin d’œil à la Deep House de Chicago et Detroit des années 90, « pour marquer justement le début de mon projet DET90 qui plus tard deviendra D.E.T. ».

Le second album, Galetto le baptise d’un code, de même que l’ensemble des titres qu’il contient, rappelant les dimensions très analogiques et digitales au sens premier, dans lesquelles il compose, « à l’époque j’avais un synthé Roland Juno 106 et une boite à rythmes de la même marque, la TR707 et avec le logiciel Ableton que j’utilise encore. J’ai voulu composer avec le strict minimum. J’ai utilisé le logiciel uniquement comme séquenceur et pour faire le mix et mastering. Pour les titres codés, c’était une idée d’un ami, le fait de remplacer les lettres par leur positionnement dans l’alphabet je trouvais ça intéressant ».

Synthé et boites à rythmes peuplent donc cet album qui logiquement oscille entre de nombreux sous-genres de la musique électronique. Cet univers dessiné par le prisme de différentes tessitures sonores c’est un peu devenu sa marque de fabrique, pour transcrire une musique qu’il décrit comme « nostalgique, émotionnelle et rêveuse ». Parmi les nombreuses portes musicales qu’il n’a pas encore ouvertes, toutes lui font du charme, « j’aime la musique en général, je veux explorer pas mal de styles ». Et puis, l’album 452090 tape dans l’œil du label Lobster Theremin qui lui propose un contrat de distribution, lui permettant ainsi par la suite de distribuer les sorties de son label Trnst. – trnstrecords.bandcamp.com. Un label perso’ que Michael Galetto a monté en 2018, dans l’idée de pouvoir sortir tout lui-même, « que ce soit en digital ou en physique et d’avoir une ‘plateforme’ ou l’on trouve tous mes projets ».

D.E.T.

2022 se clôture pour Galetto avec la sortie de son dernier disque Tape One. Dans la lignée de ses projets précédents, il s’aventure à nouveau sous une latitude plus Jungle, pour 9 titres super enjaillants, « j’écoutais énormément de Jungle et d’IDM, Leftfield House (B12, Orbital, Black Dog etc.) Cela m’a beaucoup inspiré et j’ai composé une vingtaine de morceaux pour ensuite les diviser en deux volumes ; Tape One (Jungle) et Tape Two (IDM) qui sortira bientôt ».

Pour la composition du disque, le musicien prolixe n’a que son ordi devant lui et de la Jungle dans les oreilles, « encore et encore ». Et pourtant, Tape One revêt les allures old school de cette musique des instruments électroniques d’antan, entre Atari ST, boîtes à rythmes, synthétiseurs, magnétophones portables, et autres machines à sons.

Un joli rappel à cette techno qui nait à Détroit au milieu des années 80 pour explorer de nouveaux mélanges sonores. Un genre qui rapidement explose et passe du domestique aux clubs, raves, etc. Aujourd’hui, à l’heure du home studio et de la « simpliste » MAO pour tous, Michael Galetto applaudit cette démocratisation qui permet toutes les tentatives… « C’est grâce aux ordinateurs que j’ai pu commencer à faire de la musique. Ensuite, je me suis procuré quelques machines analogiques, mais l’ordinateur est toujours présent. Ce qui compte c’est ce qui en sort, le résultat m’importe plus que la manière dont cela a été composé, machines analogiques ou ordi’, au final ça reste des machines. Ce qui compte pour moi c’est de savoir en faire quelque chose d’émotif et si ça touche des gens c’est la preuve que cette musique n’a pas perdu de son âme ».

Aussi, après une dizaine d’années à construire une musique de machines et d’ordinateur, qui flirtait à l’origine avec la culture underground et l’alternatif, Galetto a vu le genre évoluer autour de lui-même. Si cela n’a pas influé sur lui, « aujourd’hui tout va tellement vite. Pour être honnête, je ne prête pas trop attention à comment le genre évolue autour de moi, ce n’est pas ça qui m’influence, mais plutôt le monde autour de moi, les expériences personnelles, la vie en général ».

Dans cette dynamique, le producteur a « tellement » de projets en prévision, « mais je suis un grand procrastinateur, donc ça traine ». Néanmoins, il va bientôt sortir le troisième volume d’intrus hip-hop, « Unreleased Beats : Ramassis de conneries Vol. 3 », qu’il traine depuis des années. D’ailleurs, les deux premiers volumes sont à écouter sur sa page vwaz.bandcamp.com. Enfin, Michael Galetto continue à travailler avec son ami Cico sur leur projet M.E.W., « on compte sortir quelques morceaux cet été. Et puis, un projet synth-punk/dub est en chemin… »

Un concentré de news culture, de bons plans lifestyle, de reviews et d’exclus en une newsletter BOLD chaque mercredi ? C’est en un clic avec ce lien !