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Damien Giudice ou le petit gars du coin qui ira loin

Par Fabien Rodrigues

On en a connu, des jeunes talents touche-à-tout, mais avec Damien Giudice, la barre se place très haut. Designer autant que musicien, il ne cesse de décliner sa palette artistique sur un des supports variés, allant du tote bag à l’EP. Le tout estampillé Boy From Home, un nom de scène qui sent bon l’humilité mais qui ne cache pas ses ambitions, tout comme celui qui le porte, notre Smart Kid On The Block du cru…

Salut Damien, tu peux nous faire une petite bio express et nous donner quelques étapes importantes de ton parcours ?

Après une enfance relativement classique dans la région de Schieren, j’ai décidé de poursuivre une filière artistique générale au Lycée des Arts et Métiers à Luxembourg, dont je suis sorti diplômé en 2018. Je me suis ensuite dirigé vers Trèves pour étudier le « Kommunikations Design », ce qui m’a permis de m’ouvrir à de nouvelles perspectives pour exprimer ma créativité, avec des pratiques passionnantes comme la photographie, la typographie, le design graphique ou encore – et c’est le plus important, ce qui a façonné en suite ma carrière : le print making. J’ai passé mon bachelor pendant les années COVID, en 2022, tout en me concentrant sur cette pratique, pendant et après. Mon diplôme en poche, j’ai travaillé comme graphiste, responsable des médias sociaux ou photographe et j’ai commencé à me lancer dans un grand nombre de marchés créatifs avec mes impressions. Mais tout cela ne pouvait pas se faire sans ma musique…

J’avais déjà fait partie de plusieurs groupes avant la pandémie, mais j’ai commencé à chanter et à écrire mes propres chansons seul à la guitare acoustique pendant celle-ci. À l’époque, je n’avais absolument pas l’intention de me produire en public, mais deux ans plus tard, j’ai trouvé un groupe complet, et depuis, vous pouvez nous voir sur scène dans pas mal de festivals, au Luxembourg et dans la Grande Région !

Justement : comment fais-tu pour jongler entre la musique et le design ?

Il n’est pas toujours facile de trouver l’équilibrer parfait entre les deux, ou même de trouver le temps nécessaire à donner à ces deux passions. Parfois, je me rends compte que je n’ai pas touché à ma guitare pendant des semaines, ou que je n’ai pas chanté pendant longtemps parce que je travaillais sur un projet important de graphisme ou d’imprimerie. Ou bien cela peut être tout le contraire ! Je me retrouve à écrire et à jouer pendant une semaine entière et j’oublie tout mon travail de conception. Cela change constamment !  Malheureusement, je ne gagne pas assez d’argent avec la musique, donc les travaux de conception sont toujours un peu plus prioritaires… Mais comme Boy From Home est un concept « design & rock’n’roll », cela fonctionne bien de combiner les deux. Par exemple, je fais toutes mes pochettes moi-même, et les articles du merch se vendent bien sur les marchés comme lors des concerts, car on y retrouve vraiment toute mon identité visuelle et musicale, ce qui fait que c’est très reconnaissable.

Quelles sont tes inspirations au quotidien ?

J’ai commencé à jouer de la guitare à l’âge de 12 ans. J’ai alors appris toutes les chansons de Metallica, Billy Talent, System of a Down et Green Day. Je n’écoute plus la plupart d’entre eux, mais ils ont façonné mes talents de guitariste ! La raison pour laquelle je me suis lancé en solo est sans doute le musicien Eric Rosenfeld du groupe Punk Rock luxembourgeois Versus You, qui a été mon idole pendant mon adolescence et que j’écoute encore aujourd’hui. Eric a aussi son projet solo appelé Communicaution et avec son album Unfixed, il m’a inspiré pour me lancer moi-même en solo avec une entité particulière.

La saison a été riche et dense pour toi ! Quels sont les highlights de ces derniers mois ?

En tant qu’artiste, le meilleur endroit pour exposer mon art est l’Augenschmaus Creative Market, auquel je participe depuis l’hiver 2022 et dont chaque édition est spéciale, car c’est toujours un grand rassemblement de designers luxembourgeois et étrangers de talent ; et les clients qui viennent sont vraiment intéressés par le design. Chaque compliment ou petite discussion signifie beaucoup. Bien sûr, tous les autres marchés créatifs comme la braderie urbaine de la Kulturfabrik, le Beautiful Decay Festifal de Koerich, Thank you buy à Luxembourg ou encore le Konschthaus bei der Gare à Clervaux – et bien d’autres encore – sont aussi une véritable bénédiction pour moi et me permettent de me faire de nouveaux clients, qui achètent des tirages ou même veulent collaborer avec moi à l’avenir (on a d’ailleurs vu le ministre des Affaires Étrangères Xavier Bettel et son époux Gauthier Destenay craquer pour un des modèles de Damien lors d’un marché créatif au printemps dernier, ndlr).

En tant que musicien, je n’oublierai jamais comment Boy From Home a joué très tard aux Rotondes lors du festival On Stéitsch, devant une salle comble avec laquelle nous avons fait une grande fête ! Mais nos deux sorties d’album ont été encore meilleures. En mai 2023, pour le premier album Houseplants, nous avons dansé comme des fous dans un Rocas plein à craquer et en sueur. À peine un an plus tard, nous avons sorti notre deuxième album Summerrain qui a été joué à guichets fermés au Gudde Wëllen, à Luxembourg. Au cours de ces deux années, nous avons fait quarante scènes et nous ne pouvons pas dire qu’il y ait eu un mauvais concert. Tous les lieux et festivals ont été super gentils avec nous ! Houseplants est un album très personnel qui sonne plus folk et qui parle de l’union entre la nature et les humains. Et/ou de se retrouver soi-même après un chagrin d’amour… Summerrain, quant à lui, est plus un album plus Rock’n’roll/Indie et traite du thème de la nostalgie – par exemple, l’odeur de la pluie lors d’une chaude journée d’été. Cela me ramène instantanément à l’époque de l’enfance où tout était plus léger, sans soucis pour notre existence et le chaos qui règne dans notre monde et qui me fait mal au ventre…

Je suis aussi très fier d’avoir eu la possibilité de créer tout un univers autour du Beautiful Decay Fetsival au Château de Koerich : des grandes affiches que vous avez pu voir sur les murs du pays, à l’ensemble des médias sociaux : j’ai tout conçu ! J’ai également tenu mon stand de créations, qui a bien marché, et j’ai joué avec mon groupe sur scène. Un full circle moment ! Je participe au festival depuis la toute première édition, donc avec le temps nous sommes devenus amis avec les organisateurs et avons commencé à travailler ensemble – et je pense que ce ne sera pas la dernière fois !

Quelle est l’actu de Boy From Home en cette rentrée 2024 ?

La vie du groupe a un peu changé : malheureusement je dirais, certains membres ont quitté le groupe parce que nous poursuivons tous des objectifs complètement différents et que nous n’avons pas tous le même temps à investir dans le projet. Pas de mauvaises vibes, mais des agendas difficiles pour la cohésion… Cependant, Julie Laures nous a déjà rejoint en tant que bassiste pour les quatre derniers concerts, et un nouveau batteur arrivera bientôt. Nous sommes donc encore à la recherche d’un nouveau guitariste et nous sommes prêts à partir pour une petite tournée en Allemagne et dans tout le Benelux ! Ce qui n’est pas prévu pour le moment concrètement, mais c’est mon objectif pour bientôt…

En attendant, je suis installé comme indépendant et j’exerce dans plusieurs secteurs du design. J’ai beaucoup de travaux de graphisme et j’aime travailler avec des entreprises et des groupes locaux. J’anime des ateliers dans des écoles, des festivals et autres associations. Et je donne régulièrement des concerts ! Mais j’aimerais trouver un emploi à mi-temps dans le monde du design pour plus de stabilité en marge de mes projets artistiques propres. Il y a déjà quelques personnes qui seraient intéressées pour travailler avec moi ; qui sait où tout cela me mènera ?

Je suis convaincu qu’il faut suivre ses passions et ses objectifs. Ce ne sera pas toujours facile, mais si vous y travaillez tous les jours, vous trouverez un moyen. Je pense qu’il n’est plus possible de travailler à temps plein pour un emploi qui ne nous rend pas heureux, ou de le faire uniquement pour l’argent. Bien sûr, il faut survivre d’une manière ou d’une autre, mais il doit y avoir une autre façon de faire…

©Caroline Martin

Envers qui es-tu reconnaissant de toutes ces chouettes choses qui arrivent en ce moment pour toi ?

Je remercie tout particulièrement ma famille et mes amis qui me soutiennent et me motivent dans tout ce que je fais. Tous les clients qui aiment mon travail et les gens qui écoutent ma musique et à toutess celles et tous ceux qui me donnent l’occasion de m’exprimer !

Ce format SKOTB est également à retrouver dans le Bold Magazine #87, à lire en ligne ici!

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