DAVID SONER, «Créer un lien entre artisanat et artistique»
Photo Romain Gamba
Sur les bords des voies ferrées, aux BlockParty messines, au Big Jam à Nancy, dans le clip du titre Itinerary de DJ Jean Maron avec Mobb Deep feat Big Noyd, dans l’expo’ Wheelcome on Board aux Rotondes, au Goodbye Monopol 2, sur les couvertures des annuaires Editus, sur la série de planches d’artistes de Maxime Cœur, à la Celina Gallery, officiellement coté sur le marché de l’art, grâce à la vente de deux illustrations chez Aguttes à Lyon, sur les campagnes d’affichage Rosport, au 3CL pour une expo’ collective à partir du 3 janvier… Soner est partout. Et maintenant plus encore, il vient de créer sa société aux deux entités, Pschhh! et Caligrafizm. Deux structures sous lesquelles il travaille aujourd’hui avec audace, sérieux, et toujours autant de passion…
David a 41 ans. Originaire de Metz il vit aujourd’hui et depuis plusieurs années à Luxembourg. Connu sous le nom de Soner, depuis 1994, c’est grâce à certains amis et camarades de classe de sa jeunesse, qu’il tombe dans la culture Hip-Hop en 1984. Enfant de la première génération de cette culture alors underground, il est l’un des premiers graffeurs de la grande région, «J’ai essayé toutes les disciplines (break-dance, rap) mais le graff était pour moi une évidence». Autodidacte, la passion du dessin ne l’a jamais quitté depuis l’enfance. Ce n’est que plus tard en 1997-98 qu’il se forme au graphisme pour personnaliser un peu sa pratique. Mais ses premiers essais et travaux, c’est au début des années 90 qu’ils les posent un peu partout, «Je me traînais beaucoup sur le papier avant de passer sur le mur». Avant même Soner, il peint son premier mur en juillet 1992, «J’ai vidé quelques bombes sur l’abri bus qu’il y avait à 50 mètres de chez mes parents. J’étais dans cette logique du graffiti classique (poser son surnom de manière stylisée sur les murs, ndlr), je voulais être acteur de ce mouvement-là». En tant qu’artiste cela fait 21 ans qu’il s’exécute en tant que Soner, «En hommage à un vieil ami parti trop tôt, qui m’avait trouvé ce pseudonyme». De Metz à Luxembourg, son blase est partout, «J’ai fait de la rue, mais beaucoup plus timidement que ce qui se fait aujourd’hui». Soner s’intéresse surtout à l’esthétique plus qu’au vandale, «J’étais un des premiers donc j’ai très vite eu l’opportunité de faire des démos, des stages, des déco’, des expos’». Mais c’est véritablement le blase qui a amené la calligraphie, «On ne se rend pas compte mais il y a beaucoup de travail derrière une signature». Même si beaucoup voit ça comme de la pollution visuelle, le blase vient d’une recherche graphique et calligraphique.
Influencé à l’époque par la calligraphie arabe et les artistes parisiens, Soner appartient à ce nouveau mouvement pictural, «Le livre Paris Tonkar a été ma bible. C’était la référence du graff made in france au début des années 90. Alors imagine la fierté d’y être interviewé». Maintenant ses affections se sont affinées. De par son métier de graphiste il s’est ouvert à d’autres choses, «Je suis attiré par tout ce qui est illustration contemporaine, typographie, mais aussi des choses plus abstraites», pour au final, se détacher du graffiti classique, «C’est mon background mais faire ça en 2015, c’est plus mon truc. J’ai un langage plus personnel aujourd’hui». L’artiste s’est émancipé, «Je vis vraiment en 2015, je m’intéresse à ce qui se fait». De fait, sa pratique a évolué, «Avant j’étais un extrémiste du graffiti. A partir de 2007, en agence de com’, je me suis vraiment ouvert l’esprit». Aujourd’hui, Soner mélange les techniques, les cultures pour développer des travaux originaux.
Au fil des années, il a trouvé dans le graffiti une passion, le graphisme une profession, et dans la lettre une spécialisation, «Je me dis Urban Calligrapher car c’est quelque chose qui me représente bien. La lettre dans le milieu urbain est ma spécialité». Une spécificité qui l’amènera à caractériser sa pratique de Caligrafitizm, un néologisme qui désigne ses compétences en calligraphie, graffiti et graphisme. De là partent ses deux amitieux projets, qui fédèrent l’ensemble des aptitudes de l’artiste, «En me focalisant sur le graphisme, au fil du temps et des rencontres, je me suis dit qu’il y a aussi quelque chose à créer autour de l’art urbain». Il fait quelques démonstrations live, des team building et très vite il songe à développer une structure, «Même si j’ai déjà travaillé avec des grands noms comme PWC, Saturn, Rosport, la ville de Metz, Handicap International, et que c’est ma clientèle de prédilection, j’apprécie aussi les travaux et le côté fun que j’apporte aux privés qui font appel à moi ».
David est passé par la formation du LSC pour ouvrir sa boîte, «C’est mieux de passer par là pour obtenir ton autorisation de commerce». Structurée en deux volets, Caligrafizm et Pschhh!, la jeune entreprise de Soner s’envole doucement, «Caligrafizm, c’est la branche logo et graphisme». Ses 17 ans d’expérience dans le domaine lui ont permis de construire un joli book, «J’ai fait toute la charte graphique Arendt & Medernach quand j’étais chez Wanksen, par exemple». Mais son point fort c’est le logo fait main, «En agence tu as rarement le temps de faire ça. Moi je veux recréer le lien entre l’artisanat et l’artistique». Sorte de laboratoire graphique, Caligrafizm est un pôle de création, de conseil, de développement, une structure complète qui répond au second volet de l’entreprise, Pschhh!, «Avec ce pôle je compte donner une expérience de l’art urbain aux gens»… Team Building, Live Show, Art Mural, l’idée est de créer à plusieurs, amener une esthétique et une technique à des gens qui ne sont pas de ce milieu, «Ce n’est pas commun pour des gens qui travaillent dans le monde bancaire ou autre, d’avoir la possibilité de manipuler une bombe de peinture». Le principe étant d’amener cohérence et dialogue pour retrouver une cohésion d’équipe au sein de grosse ou petite entreprise. A terme, Soner aimerait faire grandir son entreprise, peut-être embaucher, et surtout vivre décemment, «Mais je resterai toujours sur le créneau du fait main».
Graffeur, artiste, graphiste, entrepreneur, David Soner, comme on doit l’appeler aujourd’hui, cherche comme beaucoup la reconnaissance. Celle de l’artiste, celle de l’entrepreneur, celle de la réussite, «Il y a de l’égo derrière tout ça, c’est le travail d’une vie. Je suis heureux de pouvoir aujourd’hui associer le côté artiste/entrepreneur, ces deux choses font partie de moi. C’est un projet qui me passionne».
SITES
EVENEMENTS
- Expo collective au 3CL dès le 3 janvier 2016
- Expo collective à Strasbourg en février 2016
DATES
- 41 ans
- «Soner» depuis 21 ans
- 17 ans d’expérience en tant que graphiste