Des œuvres perdues sur les cafés du Paname avec le duo Brognon Rollin
Depuis ce lundi 3 janvier, le duo d’artistes Brognon Rollin interrogent sur le destin de grandes œuvres volées en les apposant, à l’instar des enfant disparus sur les briques de lait américaines, sur la mousse des cafés (et autres) servis au Paname…
Par Fabien Rodrigues / Photo : Bold Magazine
Les amateurs d’art contemporain connaissent sans doute, même sans le savoir, le duo d’artistes très en vue composé de Stéphanie Rollin et de David Brognon, ne serait-ce que grâce à leur néon monumental « Première Ligne », installé sur la façade du P+R Bouillon en 2021 comme un hommage à celles et ceux « qui ont fait tenir les lignes pendant le confinement lié à la pandémie du Covid-19 ».
Si les thèmes et les moyens d’expression sont multiples dans l’art de Brognon Rollin, le duo a toujours su tapé juste, en utilisant des références et des procédés qui, tout en étant très pensés et pointus, savent parler à tout observateur ou presque… Et cette fois ne fait pas exception avec « Caffeine Memory », nouveau projet installé dans le fonctionnement quotidien de l’incontournable bar Paname.
Grâce à une machine et à un logiciel adapté, des œuvres d’art volées ou perdues au fil de l’Histoire y reprennent une vie même éphémère sur la mousse des cafés servis par l’établissement de la place de Paris, rappelant quelque part les « Milk carton kids », portraits d’enfants disparus que les américains pouvaient trouver sur les briques de lait dans les années 80 et 90. Avec une première peinture en rapport avec Paname pour inaugurer ce projet voué au long terme : « La Femme à l’Éventail » d’Amedeo Modigliani, disparue en 2010.
Brognon et Rollin développent : « Le 20 mai 2010, un voleur solitaire a réussi l’un des plus grands vols d’art de l’histoire. Cinq œuvres ont été volées au Musée d’Art Moderne de Paris, dont ‘La Femme à l’Éventail’ peinte en 1919 par Amedeo Modigliani. Il s’agit de l’une des dernières peintures de Modigliani, quelques mois avant sa mort, et l’un des quatorze portraits qu’il a réalisés de Czechowska, une amie et un modèle. Selon Czechowska dans ses Mémoires, il a été acheté à l’époque pour 150 francs par Jonas Netter. Il est entré ensuite dans les collection du Petit Palais, puis du Musée d’Art Moderne de Paris en 1953 grâce à un leg du Dr Maurice Girardin. Le tableau apparaît en 1999 dans le film Haute Voltige et en 2012 dans le film Skyfall de Sam Mendes. ‘La Femme à l’Eventail’ réapparaît en 2015 dans Spectre, le film qui suit Skyfall dans la saga James Bond, également réalisé par Sam Mendes : elle est accrochée au mur de la pièce où Madeleine Swann est retenu prisonnière… »
De quoi entretenir l’aura mystérieuse qui entoure le tableau depuis son vol, mais qui reprend vie plusieurs dizaines de fois par jour sur un café onctueux, le temps d’y plonger les yeux avant les lèvres… Et pour les plus festifs, ça marche aussi sur un Espresso Martini bien fait ! À ne pas louper, ce serait dommage…
Paname : 50, rue Sainte-Zithe, Luxembourg/Gare, @paname_bar