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Deux nouvelles expositions à découvrir au FRAC

Texte : Maurane Grandcolas
Photos : Fred Dott

Dans l’exposition « Danser sur les missiles », Margaret Harrison défie vigoureusement la séparation entre les genres.

Deux nouvelles expositions sont à retrouver du 26 juin au 6 octobre au 49 Nord 6 Est – FRAC de Lorraine à Metz. Au programme : un scénario de situation à la recherche d’un individu type du Grand Est avec Florence Jung et de l’art féministe avec Margaret Harrison.

« Degrés Est » de Florence Jung

Florence Jung est une jeune artiste originaire de Lorraine et explore un art très particulier. S’appuyant sur les sciences sociales, la philosophie et la littérature, elle questionne les paradoxes de l’individu dans son rapport à l’incertitude et au soupçon. Dans ce projet baptisé « Degrés Est » et en partenariat avec les autres FRAC de la région, Florence Jung a écrit plusieurs scénarios, qu’elle qualifie de « nouvelles dans le réel ».

Y a-t-il un.e Muller dans la salle ?

Cette exposition a pour but de déterminer s’il existe une catégorie bien précise d’individus propre à la région Grand-Est. Une sorte de recensement à l’échelle régional, qui a pour point de départ un nom de famille : Muller, le plus courant selon les statistiques. Grâce aux médias et aux réseaux sociaux, l’artiste a publié cinq annonces pour trouver ces fameuses personnes. Une fois les Muller repérés, ces derniers seront invités à travailler pour l’administration du FRAC dans le « bureau Muller » durant une journée.

Dans ce « bureau Muller », seuls les Muller ont le droit d’y entrer, suscitant ainsi une certaine curiosité chez les autres visiteurs. « Les gens pourront apercevoir Monsieur ou Madame Muller durant leur pause voire discuter avec lui ou avec elle. Mais seront-ils assez perspicaces pour repérer cette personne ? C’est tout l’enjeux de cet art. Le doute, la réflexion, c’est ça qui est intéressant d’observer », confie Florence Jung.

À la façon d’un « trouver Charlie », l’exposition remet en cause toute la facette administrative de nos vies. « Les Muller qui rempliront les conditions de l’annonce devront fournir un justificatif pour chaque critère de recrutement : des factures, un relevé de compte bancaire, des photos, un contrat de travail, etc. C’est agaçant l’administration », affirme l’artiste. La frustration, c’est donc toute la structure-même de cette exposition.

« Danser sur les missiles » de Margaret Harrison

L’art féministe, c’est ce que traduisent les oeuvres de l’artiste britannique. Dans l’exposition « Danser sur les missiles », Margaret Harrison défie vigoureusement la séparation entre les genres. À travers la pop culture et la culture classique, elle inverse les rôles des hommes et des femmes et le résultat frôle parfois le ridicule. C’est avec humour que l’artiste de 79 ans reprend les codes du grotesque pour les appliquer à des oeuvres notables comme celle de Manet et son tableau « Olympia ».

Margaret Harrison est une artiste engagée qui mène depuis plus de 50 ans une réflexion sur la question des classes, des genres mais surtout de la place des femmes dans la société. Ayant grandi dans le Londres des années 60′, elle s’est énormément inspirée de ses propres expériences, en tant que femme, mais également des nombreux actes notables qui ont marqué le féminisme et qui ont (parfois) fait bouger les choses.

Marylin Monroe, Captain America et Hugh Hefner

Dans cette exposition mêlant peintures, dessins, textes et autres installations, l’artiste retrace l’histoire des femmes avec un grand H. La culture populaire l’a énormément influencée. Grâce aux icônes de la culture occidentale, elle parvient à casser les codes des attributions raciales ou sexuelles et à pousser ainsi son public à remettre en question toutes ses représentations sociales. Hugh Hefner en Bunny Boy, la photo du corps de Marylin Monroe ou encore Captain America avec des attributs féminins, Margaret Harrison nous emmène bien au-delà des frontières du standard et du politiquement correct.

Pratiquant au même niveau « Art » et « Activisme », l’artiste s’attaque également aux violences faites aux femmes. Dans une série d’oeuvres, elle glamourise cette violence aussi physique que symbolique et nous amène à réfléchir sur la conditions des femmes dans les sphères professionnelles mais également privées. Margaret Harrison a également créé une fresque sur les morts des femmes les plus célèbres de leurs époques. Janice Joplin, Rosa Luxembourg ou encore Eleanor Marx, l’oeuvre rend hommage à ces personnalités victimes de leur engagement politique et social ou de leur condition.


Les deux expositions sont à retrouver du 26 juin au 6 octobre au 49 Nord 6 Est – FRAC de Lorraine à Metz.