Regarder la vidéo en entier
Accéder directement au site
BOLD Magazine BOLD Magazine

Disconnected : La formule magique

ITW : Pamela Mango / Carl Neyroud
Photo : Laetitia Michel

Tremonti était en tête d’affiche ce lundi 26 Novembre au club de la Rockhal à Belval. En groupe supports, The Raven Age et les français de Disconnected ont notamment régalé le public. Mais qui sont ces cinq frenchies qui, pour la sortie de leur premier album White Colossus, sont déjà en tournée sur les routes d’Europe aux côtés du Tremonster. Adrian Martinot fondateur et guitariste du groupe, et Ivan Pavlakovic, chanteur, ont tout de suite répondus présent pour répondre à nos questions. Il est 16h quand les garçons nous donnent rendez-vous devant la salle de concert, et c’est parti pour quarante cinq minutes d’interrogatoire, mais promis, ils n’en sont pas ressortis traumatisés.


Si je me suis bien renseignée, Adrian ça fait 5 ans que tu bosses sur le projet seul, et ça ne fait qu’un an que vous jouez tous ensemble. Comme il n’y a pas trop d’info sur vous, est-ce que vous pourriez tous les deux me présenter tous les membres du groupe de manière un peu plus complète ?

Adrian : Alors je vais commencer par Romain Laure, le bassiste. Je l’ai rencontré à l’école de musique à la M.A.I de Nancy. Après l’école chacun a pris sa route, et au moment où je cherchais un bassiste, j’ai mis une annonce sur Facebook, il a répondu et puis il a envoyé ses pistes de basse, et ça l’a fait grave et du coup bienvenue dans Disconnected haha ! Et la première fois où on s’est revu, c’était pour le tournage de notre premier clip, et c’est comme ça que tout le monde l’a rencontré.

Ivan : Oui on a fait de l’image avant de faire du son avec lui ! Et on ne s’est pas trompé ! En termes de présence scénique, il est super : il a vraiment du charisme, sur scène il bouge bien… il fait vraiment parti de la formule magique Disconnected : il nous arrive des tas de choses très rapidement, mais je pense que c’est surtout dû à ce qu’on dégage humainement. J’ai fait partie de beaucoup de groupe et c’est rare de voir une telle osmose comme celle qu’on a dans le groupe. On expérimente ça en vivant dans un petit van pendant la tournée, tous serrés, et y’a pas un mot plus haut que l’autre, on se marre tous et c’est top !

Adrian : Après il y a eu Florian Merindol, le deuxième guitarise qui a remplacé Romin.

Ivan : Florian est rentré dans le groupe par mon biais, moi je vis à coté de Montpellier et lui de Nîmes. Quand Romin a quitté le groupe, il nous fallait absolument un gratteux. On a mis deux mois à le trouver. On est tombé sur plusieurs personnes qui nous l’ont recommandé, moi je lui ai passé un coup de fil et au moment où je lui ai proposé de rejoindre le groupe, il n’était pas vraiment disponible, mais il m’a quand même demandé d’écouter, et au final quand il a écouté il a adoré. Et il m’a dit « Je viens direct!».

Adrian : Ça l’a motivé de rejoindre un projet qui était déjà prêt. Il est arrivé pour la résidence, il avait 2/3 semaines pour bosser les morceaux, et honnêtement avec lui, on aurait pu jouer le soir même, tellement il était au point c’était incroyable ! Après y’a Jelly Cardarelli le batteur, qui jouait avant chez Adaggio. Il assure comme une bête c’est un génie.

Parlez-moi de vous…

Adrian : moi dès que je suis sortie de l’école de musique, j’ai tout de suite eu envie de créer mon projet, ça a mis beaucoup de temps à trouver des personnes avec qui m’entourer, pour te dire, j’avais déjà composé mes premiers morceaux en 2012.  J’ai bossé là-dessus, j’ai fait un premier line up avec des gens du coins. Entre temps j’ai rejoint un groupe Melted Space, avec lequel j’ai pas mal tourné en Europe, du coup mes exigences ont pas mal évolué. Je suis entré ensuite dans d’autres groupes comme Mars Chronicle où le niveau technique s’est réhaussé, du coup j’ai voulu revoir le line up pour mon projet. Petit à petit ça m’a donné le temps de bien arranger les titres, et de trouver les personnes qui correspondraient bien au projet, et ça a vraiment pris du temps. Avec Ivan on s’est rencontré en fin 2016. Dans le processus j’ai d’abord rencontré l’ingénieur du son François Maxime Bouteau, qui suit le projet depuis trois voire quatre ans, qui m’a vraiment poussé, qui ne voulait pas que je lâche le projet.  A l’époque je n’arrivais pas à trouver de chanteur… J’avais des propositions, des auditions où les mecs ne venaient pas… J’en étais même venu au point où je voulais changer de pays, partir au Royaume Uni, pour trouver un chanteur qui chanterait en anglais. Du coup, à 3 semaines de partir, François m’appelle pour me dire qu’il avait trouvé un chanteur, Ivan, qui était chaud pour faire une session, il m’a dit qu’il pensait que ça collerait super bien, il m’a donné son contact et je l’ai appelé.

Ivan : Là je sortais mon troisième album, c’était fin octobre 2016 avec mon ancien groupe Heavy Duty, avec lequel j’ai joué pendant six ans. Et à ce moment-là, la proposition d’Adrian ne tombait pas super bien, je n’ai pas pour habitude de faire trente mille choses à la fois si c’est pour les faire mal. Surtout qu’à coté je bossais beaucoup en tant que chanteur dans le monde de la reprise. Mais il m’a quand même envoyé une sacrée lettre de motivation, quand j’ai lu ce qu’il écrivait, il avait l’air de savoir où il allait, d’avoir quelque chose dans la tête. Il avait un plan business pour développer le groupe, et je n’avais plus envie de reprendre projet où on allait seulement tourner dans les bars ou des associations de bikers, parce que je l’ai déjà fait et je sais que ça ne mène nulle part ici en France. Il m’a envoyé les sons, j’ai écouté ses titres et… j’ai été bluffé !

Pour moi c’était un challenge parce que j’avais pour habitude de chanter du métal plutôt alternatif, un peu plus classique avec de la rythmique très simple, mais là ce qu’il proposait c’était beaucoup plus subtile, ça lorgnait plus vers le gent, et moi je ne connaissais pas du tout ce style, tous ses groupes d’influence comme Periphery, Architects…

Je suis quelqu’un d’artistiquement curieux, et j’adore apprendre en permanence, et y’a pas d’âge pour apprendre, et du coup je me suis dit c’est génial, il faut que j’essaie ! Et je n’étais pas sûr de lui proposer quelque chose qui pourrait lui plaire, mais je me suis dis qu’avec mon background beaucoup plus roots, en mêlant ça avec ses influences, peut-être qu’on allait réussir à faire une mixture avec une certaine originalité qui va quand même sonner moderne mais avec certains codes qui sont un peu ‘out of the box’, qui vont faire la différence, et c’est ce qui nous est arrivé !

Du coup il m’envoyait les titres, lui avait déjà composé tout l’album avec tous les arrangements pour les instruments, et moi je faisais du yaourt pour poser les lignes de voix. Quand il validait, moi j’écrivais les textes. Et on a fait toute la pré production, et en 6 mois on a finalisé l’album à nous deux.

C’est toujours vous deux qui composez c’est bien ça ? Vous pensez inclure les autres dans la composition dans le futur ?

Ivan : Pour l’instant c’est ça, mais c’est aussi parce que les autres sont arrivés sur le tas. A l’époque on n’avait pas de bassiste et c’est Adrian qui a aussi fait la basse.

C’est une formule qui fonctionne bien pour nous, y’a des remarques intéressantes à incorporer on prendra ça en compte, mais la formule Disconnected qui fonctionne au niveau de la composition, c’est notre duo. Si tu regardes Metallica, même si on ne peut pas se comparer à eux parce qu’on est à des années lumières de devenir comme eux, Lars Ulrich et James composent tout à deux.

Je sais que l’album vient de sortir, mais je voulais savoir si vous aviez déjà des sons prêts pour le futur ?

Adrian : j’ai pas mal de morceaux qui sont déjà écris, j’écris dès que j’ai l’inspiration qui me vient et ça peut être à n’importe quel moment, quand je suis chez moi ça peut me prendre d’un coup, un riff de guitare, un rythme de batterie… du coup j’ai pas mal de chose en réserve.

Ivan : On a un des titres qui est finit avec les voix dessus, le deuxième est encore à l’étude. On est parti sur la tournée, on verra ça en rentrant, tranquillement.

Une histoire derrière le nom de votre groupe ?

Adrian : A la base le nom je l’ai trouvé dans une des chansons d’Alter Bridge, « Isolation ». Et quand est venu le moment d’écrire les paroles, on a créé un concept autour du nom de notre groupe, la déconnexion.

Ivan : On a écrit les textes des titres dans l’ordre exact de l’album. On a d’abord écrit « Living Incomplete » et après « Blind Faith » Dès le deuxième titre, je suis allé d’une manière naturelle vers un tronc commun sur le thème de la déconnexion, traitée sous différents angles.

Et ton inspiration Ivan, elle vient d’expériences personnelles ?

Ivan : Elle vient de tout, du ressenti, des expériences personnelles, mais aussi d’observations de la société, j’aime bien m’inspirer de choses marquantes. Je ne suis pas trop dans les délires fantasmagoriques.

Quand tu prends par exemple, un titre comme Feodora, c’est en fait le nom d’une ‘’love doll’’ vendue au Japon. Les femmes, qui ne travaillaient pas avant, sont de plus en plus nombreuses dans le monde du travail, du coup les hommes perdent leurs repères et s’achètent ces poupées. Certaines personnes là-bas partent même en weekend avec ces poupées gonflables en silicone faites sur mesure. La chanson parle d’un mec qui possède une de ces poupées, et au fur et à mesure de la chanson, tu te rends compte en fait qu’on ne parle pas d’une femme mais que Feodora est bien une de ces poupées.

Du coup-là on a l’aspect de la déconnexion par rapport à la notion de couple. Avec Losing Yourself Again, là c’est plus en rapport avec le fait qu’on ait du mal à avoir des relations humaines, faites de chair et d’os, qu’on privilégie les relations à travers les écrans, derrières toutes les applications Messenger, Snapchat etc…   Ce n’est pas moralisateur, où réac, c’est juste une observation de vers où notre société tend.  On n’a jamais été aussi connecté les uns aux autres par des machines, mais on n’a jamais été aussi seuls au milieu d’autant de gens. Tu montes dans un bus, dans le métro, personne ne se regarde, tout le monde est fixé sur son écran de téléphone.

Je voulais aussi vous féliciter pour cette première tournée Européenne ! Premier album et dans la foulée, première tournée en Europe, c’est juste génial. Je voulais savoir Adrian, toi qui adores Alter Bridge, tu dois être tellement heureux de tourner avec Tremonti ?! Si ce n’est pas trop indiscret comment ça s’est goupillé cette tournée ?

Adrian : Oui c’est énorme, Mark est tellement génial. Disons qu’on a eu l’idée de faire la tournée, et on bosse en France avec Replica Promotion, notre attaché de presse, et ils nous ont invité au Hellfest pour avoir des interviews. Moi j’ai insisté pour avoir un pass backstage pour rencontrer Mark, et trois quart d’heure avant qu’il joue, j’ai pu le rencontrer, mais comme il allait monter sur scène, je n’ai pas eu le temps de trop lui parler, mais j’ai pu le revoir plus tard dans la journée. A ce moment-là, je lui dis que j’aimerais jouer et faire une tournée avec lui en Europe, et lui m’a dit que c’était plutôt son management qui gérait ça.

On a donc choppé le contact de son manager, Tim Tournier, qui nous a répondu début juillet, et de semaines en semaines, on s’est dit qu’on avait pas autant d’argent que d’autres pour la promotion, du coup on a eu l’idée de partager notre musique sur Army of Twelve, c’est une page Facebook de « die hard » fans d’Alter bridge et de Tremonti, et neuf fois sur dix, ils adoraient notre musique ! Du coup ils nous ont demandé ce qu’ils pouvaient faire pour nous aider, et ont commencé à inonder la toile de notre musique en la partageant sur tous les réseaux sociaux ! Grâce cette page-là, en trois semaines pendant l’été alors qu’on ne faisait pas de concert, on a eu mille followers de plus sur notre page !!  A la suite de ça, Tim nous a dit que ça sentait bon pour nous, et nous a confirmé en septembre qu’on partait en tournée.

Est-ce qu’on se sent prêt quand ça arrive ?

Ivan : On ne réalise pas on était comme des fous, Adrian écoute Alter Bridge depuis qu’il a quinze ans, moi aussi je suis super fan d’Alter Bridge et de Tremonti, et on savait que c’était le groupe qu’il nous fallait, idéal pour avoir une première exposition. On s’est appelé à deux heures du matin, quand j’ai eu la réponse de Tim par email, et on n’en revenait pas ! Surtout qu’on a vraiment de la chance, toute l’équipe qui nous entoure est géniale, tout le monde est adorable !

Du coup vous avez l’occasion de parler musique avec Mark ?

Adrian : on est sorti plusieurs fois avec, j’ai pu jouer avec lui !

Ivan : Non mais il se la joue humble, mais ce qu’il s’est passé surtout, c’est que Mark a vu comment Adrian jouait, il a vu qu’il avait des plans de sweeping qu’il n’avait pas et il a demandé à Adrian de lui montrer ! Comme Mark est ultra humble, et comme il n’a pas d’ego mal placé, il s’est dit j’y vais-je vais lui demander.

Un petit message pour les lecteurs ?

Adrian : merci d’avoir pris le temps de lire cet interview, merci à ceux qui aiment et adhèrent à notre musique. Ceux qui n’ont pas encore écouté, n’hésitez pas à jeter une oreille, à venir nous voir sur une des prochaines dates de concert si vous n’êtes pas loin. Pour ceux qui nous connaissent, n’hésitez pas à partager notre musique autour de vous !

Ivan : Et pour eux et celles qui nous connaissent et qui aimeraient se procurer du merch, dès qu’on rentre de la tournée, on va réouvrir notre site de merchandising, et les gens pourront se procurer des tshirts de la tournée, des hoodies, des CDs !