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Douglas Firs, naturellement folk

Texte Elèna Brihaye
Photos Anton Coene

Balthazar, Girls In Hawaï, dEus,… La Belgique est un formidable repère pour les amateurs de musique indé et de nouveaux groupes plus ou moins connus. Parmi eux, Douglas Firs dont le deuxième album The Long Answer is no est disponible depuis janvier. Lumineux, parfois mélancolique aux rythmes oscillants entre folk, pop et rock, Gertjan Von Hellemont de son vrai nom, signe un album emprunt d’ondes positives, à écouter sans modération!

Pourquoi avoir choisi précisément Douglas Firs comme nom de projet ?

J’ai entendu ce nom pour la première fois dans la série Twin Peaks de David Lynch. Ce sont des arbres très hauts qui peuvent atteindre 80 mètres. J’aimais l’idée que le nom d’un arbre puisse être aussi le nom d’une personne.

Tu as toujours voulu faire de la musique?

J’aime jouer de la musique. Ca n’a pas vraiment été une décision. C’est comme boire ou manger, ça se fait sans se poser de question. Ça s’est fait naturellement, ça fait 6 ans maintenant que je fais de la musique. Et elle a toujours été autour de moi, mon père était professeur de musique. Quand j’étais petit, on écoutait les Beatles, Neil Young, de la musique classique, Tom Petty. Je n’écoutais pas vraiment les mêmes choses que mes copains, des artistes comme les Back Street Boys et des choses comme ça.

Après un premier album aux critiques élogieuses, comment s’est passée la réalisation de celui-ci?

Vraiment facilement, je ne me suis pas vraiment posé de questions après le premier album. Puis je suis parti aux Etats-Unis, au Canada. Tout à coup, j’avais beaucoup de chansons. La réalisation s’est faite en douceur, parce qu’il y a une grande confiance entre les membres du groupe (Simon Casier, Christophe Claeys et son frère Sem, ndlr). On aime les mêmes choses, on se comprend. Dans le studio c’était génial, puis pendant le mixage aussi avec Tom Chick.

Justement, pour The long answer is no, vous vous êtes entouré d’artistes comme Tom Chick et Fred Kevorian, qui ont travaillé avec Norah Jones et Sonic Youth, comment les as-tu rencontré? Qu’ont-ils apporté à l’album?

J’ai regardé un jour dans ma collection de disques des musiques que j’aimais, et j’ai vu que Tom Chick apparaissait sur mes albums préférés. Je voulais avoir quelqu’un pour avoir de nouvelles idées, et collaborer avec Tom Chick était un peu un rêve. Je l’ai contacté par mail, et il a accepté que l’on travaille ensemble. Il a fait toute la musique, je n’ai pas eu besoin d’expliquer ce que je voulais, il comprenait ma musique parce qu’il a de l’expérience, il est très pro et il connait son métier. Je n’ai presque rien eu à faire. C’était exactement ce que je voulais, même mieux que ce que je voulais.

Mais on retrouve aussi Simon Casier du groupe Balthazaar, Jasper Maekelberg, et David Poltrock, qui étaient déjà présents sur votre premier album Shimmer & Glow. C’est important pour toi de travailler avec la même équipe?

C’est autre chose. Simon Casier était déjà bassiste avant de jouer avec Balthazaar, même si maintenant ils sont plus connus (rires). Quand c’est possible il joue avec nous. David Poltrock c’est parce qu’il est rare de trouver des gens qui savent jouer du Hammond orge, et là on pouvait enregistrer les sons d’orge chez lui, et il joue très bien.

Pour trouver l’inspiration pour cet album, vous êtes allé aux Etats-Unis, mais aussi en Italie, puis en France. Ton processus de création a-t-il évolué entre Shimmer & Glow et The Long answer is no ?

Oui, pour le premier album, les chansons reflétaient 15 ans de ma vie. Donc je suis arrivé avec 12 chansons, c’était assez évident. Maintenant, c’est plus cours, plus pro. Je raconte des histoires qui vont ensemble, qui créent un univers. Je parle de voyage évidemment mais pas seulement, je parle aussi de rentrer chez soi, de s’y sentir bien. En fait, il a fallu que je parte de Belgique et que j’y revienne pour comprendre que ça m’avait manqué. Puis j’ai grandi, je suis plus âgé; j’ai eu le temps de lire d’autres choses, de trouver d’autres sources d’inspiration.

Vous êtes notamment allés dans la maison de l’écrivain Paul Baeten Gronda. Quelles sont tes inspirations?

Tout m’inspire, tout ce qui se passe autour de moi. Mais les livres et les films sont des sources d’inspiration particulières. J’aime beaucoup John Steinbeck, les mots qu’il écrit me parlent. Mais nous avons aussi beaucoup discuté avec la femme de Paul Baeten, qui a fait des études de psychologie, et qui m’a beaucoup aidé pour écrire les paroles de la chanson Your only friend. Pour les films, je m’inspire d’une citation, d’une scène qui m’a marqué et qui vont me rester dans la tête. La dernière fois j’attendais le train, et j’observais un arbre avec les feuilles qui bougeaient, c’est ce genre de moments qui m’inspire particulièrement.

Tes chansons sont plus personnelles sur The Longer answer is no, est-ce que ça a été comme une sorte d’introspection pour toi?

Parfois, peut-être, oui. Quelques chansons sont vraiment personnelles, et souvent je dois voir si elles apparaitront sur l’album parce que les personnes dont je parle seront susceptibles de se reconnaître. Lors d’un festival je ne joue pas mes chansons trop personnelles parce que justement j’ai envie de garder ce côté intime.

Les sonorités de l’album évoquent des artistes comme Bon Iver, Girls in Hawaï, ou encore James Vincent Mc Morrow, quelles ont été tes influences ?

Je ne sais pas vraiment. Je n’écoute pas vraiment les nouveaux groupes, j’écoute toujours Dylan et Neil Young… Beaucoup de folk en fait, mais aussi du hip-hop, j’aime beaucoup Kendrick Lamar par exemple.

Quels sont tes projets pour la suite ?

J’ai fait le premier album parce que j’avais beaucoup de matière. J’aimerais avoir de nouvelles aventures, aller dans d’autres pays pour écrire de nouvelles chansons. Mes voyages m’inspirent énormément on y trouve beaucoup de temps pour réfléchir, ne faire que ça, lire, voir la nature, observer ce qu’il se passe autour de soi… On déconnecte complètement, surtout d’Internet. Le web me fait un peu peur parfois.

Douglas Firs fera la première partie de The Slow Show en concert à la Rockhal, ce lundi 1er juin, à 20h00. Plus d’infos ici.