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Eddy de Pretto, cherchez le garçon

Texte : Sarah Braun & Mathieu Rosan

Un parlé cru sans jamais être vulgaire. Des textes gracieux sans jamais être pompeux. Un look « normcore » mais parfaitement ajusté. Eddy de Pretto, 25 ans, conjugue les paradoxes, les figures de styles. Arrivé comme une bombe dans le paysage du rap français, le kid de 25 ans rue dans les brancards avec un style hybride et envoie valser les diktats avec ses punchlines parfois acerbes, souvent provocantes toujours élégantes. Dans Cure, son tout premier album, il se livre, se délivre et s’affranchit des codes et revendique avec une puissance et une impudeur inédite, tous les recoins de sa personnalité si atypique. Rencontre avec un phénomène.

Ton premier album, Cure, évoque les affres de la célébrité. Quand on voit l’ascension fulgurante que tu as connue ces derniers mois, cela ne t’effraie pas ?

La célébrité ? Je ne savais pas ce c’était avant de disque (rires). Finalement, je crois que je suis plutôt paisible et apaisé par rapport à tout ça. C’était mon rêve de gosse le plus fou depuis que j’ai l’âge de quatre ans, où dans mon salon, je mettais l’halogène à fond, je prenais la télécommande en guise de micro et je faisais mon show. Je n’avais qu’une envie : que cela devienne réalité. Je priais presque pour ça. Alors forcément, quand ça t’arrive, t’es le mec le plus heureux de la terre !

Parce que tu joues avec la langue française dans tes textes, on te compare souvent à Stromae ou à Brel. Quels sont les artistes qui ont finalement forgé ta personnalité musicale si atypique ?

Je dirais tout et rien. Forger sa personnalité artistique ce n’est pas tant aller puiser chez l’un et chez l’autre que de juste l’avoir l’écoute et d’avoir l’envie d’aller vers tout. Je pense que j’ai été éduqué avec cette curiosité-là, de pouvoir écouter de tout, d’être ouvert à tout, et surtout dans le monde de la musique.

Pourquoi ce contraste entre un langage très châtié et des textes aussi crus dans tes chansons ?

Oui, je crois que c’est bien ma patte (rires). J’aime l’idée de me surprendre moi-même dans l’écriture. Adopter des points de vue différents. Pour moi, l’écriture et la scène sont des choses sacrées, intouchables même. Pour autant, cela ne m’empêche pas, à d’autres moments, d’aller tout niquer avec des termes plus contemporains qui, moi, m’amusent. Surtout qui m’amuse d’ailleurs. Le jour où cela ne me fera plus marrer, j’arrêterai.

Ton style est un mélange de rap, de chanson française ou encore de lyrisme. As-tu le sentiment d’appartenir à un style musical qui t’est propre ?

Même moi, je n’arrive pas à définir mon style (sourire). Je n’ai jamais pu mettre un terme sur ma musique. En fait, j’ai toujours voulu être à la croisée de plusieurs choses, sans forcément me restreindre à l’une d’entre elles. Je préfère laisser ça dans le flou. Chaque personne peut interpréter ma musique comme il le souhaite. C’est très bien comme ça. Chacun reçoit l’album et le projette sur moi de manière différente. Ça me plait de ne pas avoir besoin de définir mon style et de laisser ça à qui veut le faire.

Cure est notamment marqué par différentes chansons assez engagées. On peut dire que c’est album militant ?

Tout le monde peut dire ce qu’il veut ; moi, je ne dirais pas ça. Ce n’est pas forcément un album revendicatif. Il s’appelle Cure et, justement, ses sonorités titillent l’oreille, dérangent un peu, même. Je ne me suis pas préservé en l’écrivant. Ni moi ni personne, d’ailleurs. Souvent, on m’appelle pour me dire que l’album est une sorte de claque. Il peut déranger et remuer, même. Mais tant mieux ! En live, certains sont même un peu mal à l’aise d’avoir cette entièreté face à eux. Ces détails de tripes. Il y a un assez franc parlé qui touchent certaines personnes en plein cœur.

Tu fais en sorte de te délester de tous les codes. On pourrait te qualifier de poète maudit du 19e siècle qu’en penses-tu ?

Carrément ! J’aime cette idée ! Tu peux me définir comme tu veux, d’ailleurs (rires).


Retrouvez l’intégralité de notre interview avec Eddy de Pretto dans le Bold 52 dispo actuellement