Le Magazine
Bold#57
SPRING IS COMING
Alors que dans le dernier numéro j’évoquais la sortie du dernier Dragon Ball comme le symbole de ce que peut apporter la Pop culture à notre société, me voici avec l’envie de prendre comme point d’entrée à cet édito un autre monument de la culture populaire – beaucoup plus récent celui-ci –, à savoir Game of Thrones. L’ultime saison sort en avril et je ne pouvais résister au fait de rendre hommage à une série que j’aurais mis du temps à apprécier tant j’avais l’impression que sa couverture médiatique et son engouement étaient surfaits. Seulement voilà, après avoir « binge-watché » la série dans son intégralité afin de me remettre dans le bain, je dois bien avouer que j’ai été conquis par sa capacité à mettre en exergue certaines de nos angoisses contemporaines et les trop nombreuses bassesses de la nature humaine. De par son articulation entre une oeuvre qui flatte nos plus bas instincts, à travers une multitude de scènes de plaisirs charnels et de violence, et un récit extrêmement abouti, Game of Thrones est une dystopie glaçante, dans laquelle il nous est possible de faire une multitude de parallèles avec notre société actuelle. Oscillant constamment entre le cynisme et le désir de salut, GoT nous montre que la volonté et l’opportunisme de l’homme sont souvent indissociables, mettant ainsi à mal les principaux absolus moraux.
Au même titre que des oeuvres comme celles de Tolkien ou de J. K. Rowling, Game of Thrones permet au genre « fantasy » de continuer à acquérir ses lettres de noblesse et de ne pas avoir à rougir face à d’autres allégories paraissant plus profondes. George R. R. Martin disait d’ailleurs avoir voulu écrire un récit équivalent à la complexité des grands romans russes. Bien évidemment, le parallèle avec des écrits comme ceux de Tolstoï, Tchekhov ou encore Dostoïevski est osé, mais on peut malgré tout relever des similarités dans sa manière de décrire les luttes pour le pouvoir ou encore la manière dont le peuple peut souffrir des ambitions d’autrui. Avant de vous lancer dans l’ultime et dernière saison, on vous conseille de faire comme nous, et de vous remettre pleinement dans cet univers pour lequel il paraît important de prendre du temps afin d’en saisir toutes les spécificités. Ainsi, la chose la plus compliquée pour vous ne sera plus tant de comprendre les différents enjeux de l’intrigue, mais bel et bien d’éviter de vous faire « spoiler » par la multitude d’articles, publications et commentaires qui vont commencer à inonder vos réseaux.
Une application vient d’ailleurs de voir le jour et permet à ses utilisateurs de dévoiler des éléments narratifs de la série à ses amis de façon délibérée. Quand je vous faisais un parallèle sur les vices de la nature humaine encore présents dans notre société contemporaine, vous comprenez maintenant ? Ne devrait-on pas réserver à ces personnes le même sort qu’à Joffrey Baratheon ? Oups.
Mathieu Rosan
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