Edsun : « Ma créativité ne s’arrête pas à la musique »
Interview : Charlotte Kaiser
Récompensé par le prix d’artiste de l’année en 2018, lors des Luxembourg Music Awards (LMA), Edsun fera le show sur la scène de la Rockhal, le 6 mai prochain. Le spectacle promet d’être haut en couleur, à l’image de cet artiste pluriel luxembourgeois dont la créativité n’a aucune limite.
On est à quelques jours de ton concert, comment tu te sens ?
On est dans un moment de peaufinage, ma tête n’arrête pas de travailler. Je ne veux manquer aucun détail. Je commence doucement à être un peu nerveux. Mais c’est un bon stress. J’ai trop hâte de faire le show ! J’aimerais le faire dès demain, je suis très impatient.
Tu fais cette prestation grâce à ton prix obtenu en 2018, l’attente ne t’a pas paru interminable ?
L’attente a été un peu longue, c’est vrai. Avec la pandémie, le monde de la musique est resté longtemps sous sommeil. Tout le monde était concerné. Ce temps m’a permis de travailler avec une chorégraphe et un directeur musical, ce qui donne une toute autre dimension au spectacle. Je pense que chaque chose arrive pour une raison. Je suis donc content qu’on le fasse maintenant. On a vraiment eu le temps de régler chaque détail.
Cet award est une distinction exceptionnelle (qui plus est de ton pays natal), comment t’as réagi lorsque tu l’as reçu ?
J’ai ressenti une immense fierté. Être le premier à obtenir cet award, c’est assez exceptionnel. Le travail que je fournis au quotidien, avec mon équipe, a été récompensé. L’industrie de la musique et la scène musicale sont encore émergeantes, au Luxembourg. Et je débute seulement dans ce milieu. Ce fut donc un véritable honneur de recevoir cette distinction.
Qu’est-ce que ça a changé pour toi ?
Déjà, je vais pouvoir faire ce spectacle exceptionnel à la Rockhal. Cela m’a permis aussi de faire un voyage à Berlin. J’ai pu rencontrer des professionnels locaux et j’ai pu découvrir d’autres façons de travailler et d’autres univers. J’ai acquis une ouverture d’esprit, par rapport au travail, que je n’avais pas auparavant. Avant ce voyage, j’étais très réticent à l’idée de bosser avec d’autres personnes en studio. Je voulais un peu faire tout, tout seul. Il était hors de question que quelqu’un vienne mettre son grain de sel dans mon travail. L’award a complètement changé ma vision sur ce point.
Dans tes clips, tu accordes une grande importance à la scénographie, la scène c’est aussi un espace d’expression artistique pour toi ?
Totalement. J’ai toujours été très attiré par l’image, que ce soit dans les clips ou sur scène. Lorsque j’étais petit, je passais des heures à regarder les artistes performer sur scène lors d’évènements musicaux, comme les MTV Music Awards. J’aime l’idée de pouvoir mettre en scène une situation. J’essaye de le faire, dans mon travail, à travers mes spectacles. La musique et la scénographie sont très importantes pour moi. L’un complète l’autre.
J’imagine que tu as pensé cette prestation comme un véritable show, où puises-tu cette créativité sans limite ?
Je suis très inspiré par la communauté LGBTQIA+ et par les femmes de ma vie. Je puise mon inspiration dans le vécu et le quotidien des personnes à la marge de la société. J’essaye toujours de prendre des moments un peu tristes et de les transformer en une célébration.
À quel moment t’as choisi la musique ?
Je n’ai pas vraiment choisi la musique. Elle fait partie de ma vie, depuis ma plus tendre enfance. Petit, je passais mon temps à chanter et à danser. C’est d’ailleurs encore le cas aujourd’hui ! Mes parents avaient un café, ma mère me raconte souvent que je dansais sur la table. La musique a toujours été là. Il y avait toujours de la musique au café mais aussi à la maison. J’ai été baigné dans cette ambiance.
Ta musique est très singulière. Comment tu la définirais ?
Ma musique puise ses racines dans le R’N’B. J’ai grandi avec toute cette vague de R’n’B des années 90. Au fil du temps, ma musique s’est mélangée et s’est imprégnée d’influences électronique, pop et alternative. Mais honnêtement, je ne saurai pas définir tout ce qui gravite autour de ma base R’n’B. J’aime créer à l’inspiration, au feeling. Je teste des associations et si cela sonne bien, je les adopte !
Concrètement, comment se déroule la création d’un album chez toi ? Tu t’occupes de tout ?
En ce moment, je passe beaucoup de temps en studio. Je travaille énormément avec mon pote, Sergio. Il s’est d’ailleurs occupé de la direction musicale de mon spectacle. En studio, il s’occupe de toute la partie production. On échange beaucoup tous les deux, pour définir dans quelle direction on va, comment je me sens et ce que je veux évoquer. On se pose de nombreuses questions, en amont. Ensuite, on commence à freestyler et on regarde un peu ce qu’il se passe. Ma musique sort naturellement. Le processus est donc toujours différent, il n’y a aucun calcul. C’est un peu de la magie !
Tu comptes sortir un EP prochainement ?
En ce moment, on bosse surtout sur des singles. Récemment, j’ai sorti une nouvelle chanson nommée Focus. C’est une ode à la confiance en soi. Elle s’adresse aux rêveurs, aux entrepreneurs et les incite à ne jamais abandonner. Le travail finit toujours par payer. Cette chanson est aussi un clin d’œil aux créatifs, aux artistes, aux femmes et à la communauté LGBTQIA+. Parfois, ces personnes doivent travailler deux fois plus pour obtenir la même reconnaissance. Et pour le reste, je laisse un peu la surprise …
Sera-t-il toujours en anglais ? Pourquoi ce choix de langue ?
Oui et ce n’est pas vraiment un choix. J’ai grandi en écoutant de la musique anglaise et capverdienne. Mon puits d’inspiration reste la musique anglophone : Destiny’s Child, Usher et tant d’autres. Lorsque j’ai commencé à écrire, l’anglais est venu naturellement. Cette langue me permet de pleinement m’exprimer. Quand j’étais petit, mes voisins parlaient anglais et j’ai grandi avec leurs enfants. J’ai un peu « attrapé » leur langue.
C’est aussi un moyen d’exporter tes sons au-delà des frontières luxembourgeoises, n’est-ce-pas ?
C’est le but, effectivement. J’aimerai que le monde entier entende ma musique. Je vois la musique comme quelque chose qui voyage. Elle n’est pas faite pour rester à un seul endroit.
Tes styles sont toujours millimétrés, quel rapport entretiens-tu à la mode ?
Pour ma part, la mode est un besoin et un moyen d’expression. Lorsque j’étais petit, j’empruntais souvent en cachette les vêtements appartenant à ma maman. J’expérimentais des tenues devant le miroir. Je n’en parlais à personne, c’était un peu un tabou. Aujourd’hui, je me suis donné la liberté de tout oser. Je n’ai pas peur, j’y vais vraiment à fond. C’est la même chose que pour mes clips et mes shows, j’aime travailler mon image de A à Z. Tout se combine. Déjà en studio, j’imagine la couleur et la texture de mes tenues. Ma créativité ne s’arrête pas à la musique, elle va dans toutes les directions. J’adore aller au bout de toutes mes idées.
Pour prendre vos places : https://rockhal.lu/shows/edsun-show/