Elena, création ambitieuse pour la rentrée du Grand Théâtre
Nous vous en parlions dans notre grande interview de Sophie Mousel : pour lancer leur saison théâtrale, les Théâtres de la Ville de Luxembourg misent sur une nouvelle création signée Myriam Muller, à découvrir dès le 28 septembre…
Elena est la seconde femme de Vladimir, un riche retraité, qui a fait sa connaissance dix ans auparavant alors qu’il était hospitalisé et qu’elle était son infirmière. Leur union est désormais basée sur un rapport servile et un échange de services. Elena faisant fonction de femme, de bonne, de cuisinière pour Vladimir, s’occupant de son luxueux appartement et de ses repas, dépendant de lui pour toutes ses dépenses, pour lesquelles elle doit fournir reçus et justificatifs. Vladimir lui offrant de son côté la stabilité et une vie sans soucis matériels… Voilà le point de départ de la nouvelle création de Myriam Muller pour la rentrée du Grand Théâtre, adaptation d’un scénario d’Oleg Neguine et Andreï Zviaguintsev et dont le sous-titre est « Nécessité fait loi ».
Car oui, la pièce se veut être « un regard implacable sur la nature humaine, un drame cruel », comme le déclare la metteuse en scène, artiste associée du Grand Théâtre et directrice du Théâtre du centaure, qui revient forte du succès indéniable de Breaking the waves – déjà une adaptation d’un scénario de film – dans un format plus intimiste, joué en arrière-scène de la grande salle…
Les deux protagonistes, interprétés respectivement par Nicole Dogué et Alexandre Trocki, ont tous les deux des enfants d’une précédente union. Vladimir une fille, Katia (Sophie Mousel). Une jeune intellectuelle qu’il entretient. Et Elena un fils, Frank (Jules Werner). Elle utilise sa faible pension pour l’aider. Père de deux enfants et sans-emploi, ici encore, c’est sa femme, Tatiana, qui tient le très modeste foyer par ses petits boulots. Frank et sa femme n’ont pas les moyens de payer l’inscription dans une école privée à Sacha, leur fils aîné, en échec scolaire. Petit jeune désœuvré, en lien avec des bandes de voyous, Sacha (Hadrien Heaulmé) glisse sur une mauvaise pente. Frank incite Elena à demander cet argent à son riche mari. Lorsque Vladimir refuse, Elena doit trouver un autre moyen pour trouver l’argent pour payer les études de son petit-fils.
On passe d’un quotidien mécanique à la décision radicale d’Elena de prendre ce qu’elle pense devoir à sa famille. La femme attentionnée, tendre, remplie d’amour et de douceur, un peu bigote et superstitieuse, devient un monstre. Froid. Déterminé. Dès lors, le temps va bouleverser sa course folle, et ce jusqu’à la fin ultime qui se rapproche…
« Cette histoire est une affaire de point de vue, comme la vie, comme les rapports humains… L’enchevêtrement de tous ces points de vue, leur opposition ou leur frottement nous fera comprendre et ressentir l’histoire dans sa complexité et permettra de décrire une société, avec juste ces quelques personnages clés. Poser des questions. Des questions énormes et importantes sur la condition de la femme, des rapports avec leurs maris, le poids du patriarcat et ses méfaits. Des sujets dérangeants, auxquels je ne cherche pas à donner de réponses définitives. Le théâtre ouvre le débat », promet Myriam Muller, et on n’a pas grand mal à la croire.
Informations pratiques et tickets sur le site des Théâtres de la Ville de Luxembourg.
Un concentré de news culture, de bons plans lifestyle, de reviews et d’exclus en une newsletter BOLD chaque mercredi ? C’est en un clic avec ce lien !