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Elsa Zylberstein : « Incarner Simone Veil m’a transformée »

Des heures de maquillage, des semaines de travail sur la voix, une communion d’esprit avec une grande figure du XXe siècle : Elsa Zylberstein a dû “s’oublier complètement” pour devenir Simone Veil, dans un biopic à ne pas manquer.

L’actrice, méconnaissable sous les couches de maquillage, incarne cette figure nationale de ses 30 ans à la fin de sa vie, dans “Simone, le Voyage d’une vie”. “J’allais pas m’amuser à juste me foutre un chignon et des boucles d’oreilles !”, s’exclame Elsa Zylberstein, qui a porté pendant une décennie ce projet de portrait “d’une femme si connue, qui est la personnalité préférée des Français pendant 25 ans”. 

Le film, hagiographique, ambitionne de brosser l’ensemble de sa vie hors du commun, depuis son enfance à La Ciotat jusqu’à ses combats pour la mémoire de la Shoah, en passant par les camps de la mort, le Parlement européen dont elle fut la première présidente, ses engagements, pour les prisonniers algériens notamment, et évidemment son combat comme ministre de la Santé pour légaliser l’avortement. Dans la première partie de sa vie, jusqu’à son engagement politique, elle est incarnée par Rebecca Marder. Le reste repose sur les épaules d’Elsa Zylberstein.

“Le travail que j’ai fait, c’est de rentrer dans sa voix, dans ses pas, dans sa respiration, dans tout ce qu’elle était”, poursuit l’actrice, qui a connu Simone Veil. Elle s’était promis de faire naître ce film et voit son rêve se réaliser, quatre ans après son entrée au Panthéon. “De 35 à 87 ans, j’ai dû trouver toutes les facettes de cette femme très complexe qui passe par l’enfer” puis “se réinvente, choisit la vie et décide qu’il n’y a pas de fatalité”, résume-t-elle dans un entretien. “Ce rôle m’a transformée”, poursuit celle qui rejoindra en octobre le plateau de Woody Allen pour son nouveau film, tourné à Paris, et est aussi une figure familière des comédies. “Quand tu te prépares pendant un an, tu infuses… Je suis arrivée sur le plateau j’étais elle. Elle était avec moi”.

“Un effort de mémoire”

La réalisation a été confiée à Olivier Dahan, dont c’est le troisième biopic de femme après “La Môme” (2008), qui a valu l’Oscar à Marion Cotillard au prix déjà d’heures de maquillage pour jouer Edith Piaf, puis “Grace de Monaco” (2014) avec Nicole Kidman. “Simone” passe d’une période de la vie de Simone Veil à une autre, au risque de dérouter le spectateur, accompagné par une bande-son mélodramatique appuyée. Le film prend le parti de montrer longuement la Shoah, le camp d’Auschwitz et les marches de la mort, de plusieurs centaines de kilomètres par -30°C, lors de l’évacuation des camps par les nazis fuyant l’avancée soviétique.

“A partir du moment où on travaille à la justesse, avec honnêteté, on peut représenter les choses. Il ne faut pas que ça devienne un spectacle, quelque chose de gratuit ou de voyeuriste”, martèle le réalisateur. Il ajoute avoir voulu aussi montrer “le silence auquel on a astreint tous les survivants (des camps), imposé par l’Etat, (…) qui a duré 20 ans où l’on n’avait pas le droit de parler de Shoah”. “Simone” est accompagné d’un kit pédagogique à destination des scolaires et pourra instruire une nouvelle génération, qui ne connaîtrait pas le destin de Simone Veil.

“Parce que les jeunes de quinze ans, je ne pense pas qu’ils aient vu Shoah (de Claude Lanzmann), La liste de Schindler (de Steven Spielberg), Le Pianiste (de Roman Polanski), ni Le fils de Saul (de László Nemes)”, ajoute Olivier Dahan. “Il y a pas de devoir mais il y a un effort de mémoire. On ne peut pas correctement appréhender ce qui se passe aujourd’hui en Europe sans connaître cette histoire récente”, souligne-t-il.