Melancholic Dislocation
Photo © Joseph Tomassini
Elle, porte des sneakers montantes, colorées et pailletées, lui, Stan Smith blanches aux pieds, Martine Feipel et Jean Bechameil nous invitent a vagabonder un temps, dans leur installation scénographique ou architecturale, tout dépend du point de vue et des histoires qu’on se fait… Car l’histoire et l’imaginaire sont au centre des considérations des deux artistes. Déjà en mars-avril 2014, dans une interview pour Bold Magazine (le numéro 23), les deux artistes nous expliquaient: “Nous sommes animés par une envie de pousser l’espace à ses limites. Cela vient certainement du goût, que nous avons tous les deux, de nous confronter à des lieux inconnus et étranges. Ce sont là les espaces qui nourrissent notre imaginaire.” En écho à cette pensée, le duo revient au Luxembourg après de nombreuses expositions du sud au nord (Un Monde Parfait – Galerie Gourvennec Ogor à Marseille, Une Nuit Parfaite – Pavillon de l’Arsenal, Nuit Blanche à Paris) en nous proposant une vision mélancolique du Ratskeller du Cercle Cité.
“Nos installations sont des œuvres qui se déploient souvent autour de la personne qui les visite. Ce sont des espaces tant mentaux que sensoriels ou physiques. Le visiteur est immergé dans un univers mental, mais il marche aussi à travers l’œuvre, s’arrête, repart et revient.” nous confiaient les artistes il y a un an. Des propos qui prennent encore une fois sens dans cette exposition subtile et apaisante. Ici, pas de cartel, l’ensemble de l’installation réside sous le même nom “Melancholic Dislocation”. Une unique dénomination, pour une unique démarche autour des espaces qui par l’objet, l’intervention, l’occupation, sont dès lors “détournés”. Comme ils le disent, ici, tout se disloque “afin de basculer lentement d’un état vers un autre”. Ainsi, la salle des colonnes devient comme une crypte, portant en elle cette sensation d’infinie, comme si l’espace s’ouvrait.
Prétexte à l’objet cinématographique (l’exposition a été commanditée, outre le Cerlce Cité, par le City Film Festival), ces “décors” qui ne font qu’inspirer le cinéma, nous plongent surtout dans notre propre imaginaire, à l’inverse du cinéma qui nous contraint dans celui d’un autre, “Dans le film, le décors est caché par l’acteur, nous on met le décor au premier plan”.
L’intervention sculpturale, si l’on peut dire, de Martine Feipel et Jean Bechameil, cadre une atmosphère in-situ qui n’a de référence qu’elle-même. On nous donne ici les bases d’un monde qu’il nous reste à construire totalement par nous-mêmes.