Regarder la vidéo en entier
Accéder directement au site
BOLD Magazine BOLD Magazine

Front 242 au Nandrin Festival : dystopie militaire

Photos : Carl NEYROUD / Deadly Sexy Carl
Textes : Thibaut André
+
de photos

Dire qu’on a failli passer à côté de l’événement : Front 242 à 1h30 de route du Luxembourg dans la charmante petite ville de Nandrin (Belgique) où se déroule un festival de musique depuis plus de vingt ans. C’est à nouveau le genre d’événement à taille humaine auquel nous adorons assister. La team musicale de Bold Magazine (Carl et Thibaut) tient à remercier de tout cœur l’organisation en la personne de la très compétente et adorable Muriel Lombaerts qui a répondu positivement à notre demande de dernière minute.

C’est sur le coup de 18h30 que nous arrivons sur le site, en fait en plein centre ville, comprenant deux scènes avec une très belle infrastructure. Le groupe Suffocating Minds fait entendre ses premières notes sur la Church scene située à côté de l’église, d’où son nom. Leur new-wave en ligne directe des 80s fait furieusement penser à Simple Minds même si les poses et la voix du chanteur sont plus proches de Dave Gahan (Depeche Mode) que de Jim Kerr (Simple Minds).

On bascule sur la City Hall scene à coté de l’hôtel de ville, d’où son nom, pour assister au show des Italiens de We Are Waves. Et là, c’est une toute bonne surprise qui nous attend. Après un départ en douceur dans le registre postpunk contemporain façon Interpol, le groupe évolue ensuite vers les eaux rythmées de l’électro-wave pour délivrer un set extrêmement bien ficelé pendant une heure. Le chanteur, très charismatique, assure parfaitement sa position de frontman et communique volontiers avec le public. Une très belle découverte.

Vos serviteurs Carl et Thib filent ensuite en backstage pour rencontrer et interviewer Patrick Codenys, claviériste et programmateur au sein des légendaires Front 242 toujours très actifs sur la scène internationale et tête d’affiche de cette première soirée, le festival se déroulant sur trois jours.

Il est 21h45. On n’en peut plus d’attendre devant la grande scène tant la tension est forte. Le public abonde en masse et la nuit est tombée. Niveau look, le noir avec une touche de blanc est la déclinaison chromatique de rigueur pour l’occasion. Les projecteurs s’allument et le gang de Front 242 entre en scène. Le look paramilitaire un peu futuriste est au rendez-vous et la mise en scène fait figure de roman dystopique.

Avec une moyenne d’âge d’environ soixante ans, les mecs envoient toujours du lourd et démontrent leur éternelle énergie juvénile tout au long d’un set qui durera près d’une heure et demie. Ce ne sont pas seulement des musiciens mais aussi des performers et des punchers. La scène est le ring et le set un combat. Les éclairages accentuent volontiers le choc des sons et des samples ainsi que le jeu de scène musclé des deux chanteurs, Richard 23 et Jean-Luc de Meyer. Patrick Codenys officie toujours aux claviers tandis que Daniel B. est à la table de mix. Pour l’occasion, le groupe se produit avec un batteur sur scène. L’EBM (electronic body music) est en place et entend bien y rester.

La plupart des tubes ayant fait la renommée du groupe y passent. C’est sur « Body to Body » que le public s’enflamme. Des quadras, quinquas et même au-delà s’agitent dans la fosse. « Funkhadafi », « No Shuffle » et « Headhunter » font mouche tels des skuds envoyés avec une précision métronomique et chirurgicale. On a l’impression d’assister à un match de box où la scène est un ring et où tous les coups sont permis. Le public, en marge mais en masse, est là pour encaisser les coups. Même qu’il en redemande, nous aussi d’ailleurs.

Pour le rappel, trois morceaux seront exécutés avec maestria dont le final avec « Master Hit ». Les anciens nous ont donné une belle leçon de puissance musicale et scénique. Un peu sur les genoux ou plutôt K.O. debout, on se retrouve pour un débriefing de fin. On a pris cher mais que c’était bon !

On fera un petit crochet (du droit) par la Church scene pour reprendre nos esprits sur le set du duo atypique Parade Ground. On ne manquera pas de vous tenir au courant de la prochaine édition du Nandrin Festival. C’est clair qu’on reviendra étant donné l’excellent accueil, la très bonne organisation et la grande qualité de l’affiche.

Affiche et infos : nandrin festival