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Grand Blanc, Mémoires Vives

Texte Etienne Poiarez

Les quatre jeunes trublions de Grand Blanc se sont illustrés à travers deux EP’s savamment orchestrés, parus sur le label français Entreprise. Aujourd’hui, ils dévoilent Mémoires Vives, un premier album pétri d’animosité, d’errances et d’amour. A mi-chemin entre la cold-wave et le rock poétique (oui, j’assume l’existence de cette catégorie), on a l’impression  d’écouter Bashung qui répète avec Joy Division. De cette nouvelle scène française qui se compose de  formations comme les jeunes gens modernes de Feu! Chatterton ou Radio Elvis, Grand Blanc semble être la troupe la plus radicale et la plus excitante. Grand bien nous fasse. Il était temps de réveiller le rock français. Grand Blanc, Mémoires Vives.

Avec Surprise Party, l’entrée est pour le moins fracassante. On a l’impression de pénétrer dans une sorte de boom post-apocalyptique, dans laquelle le chant suave de Camille virevolte sur les ondulations des synthés. On retrouve quelques œuvres d’envergure extrait des précédents EP’s comme l’Homme Serpent ou l’impressionnante montée en puissance baptisée Montparnasse.

Leur musique est parfois glaciale, nocturne, sensuelle ou simplement poétique, il suffit de se plonger dans Samedi la nuit pour être complètement possédé par cet incontournable immédiat. Les messins exilés à la capitale reviennent les poches pleines de souvenirs et de textes qui habiteront nos têtes pendant un moment, se surprenant à réciter tel ou tel refrain en plein boulot. On est emporté à vive allure à travers une musique dont les rythmiques sinueuses de Bosphore jusqu’à Disque Sombre, dessine les contours d’un paysage sonore extatique et impétueux, si caractéristiques de Grand Blanc.

Malgré quelques facilités textuelles sur certains morceaux comme Evidence, on reste à mille lieux de la platitude. Il suffit de plonger dans la beauté spectrale de Tendresse ou la pop enveloppante de L’amour fou, pour se faire une idée des nouveautés de qualité que recèle ce disque. Clairement, Mémoires Vives est un recueil stupéfiant, qui ne prend pas, dès les premières pistes, le chemin le plus évident pour emmener l’auditeur dans son univers. Cependant, les incontournables sont des anciens morceaux, réintroduit dans ce disque, offrant moins de visibilité aux inédits de bonne factures mais pas aussi enivrants.

Bande-son étourdissante des nuits sauvages et des amours rock’n’rollesques, le premier album de Grand Blanc a de quoi secouer, tant la beauté du verbe surprend et captive, virevoltant à travers une série de mélodies électro-rock furieuses. C’est vrai, leur musique sonne parfois rétro mais ils parviennent à se délester par moment d’un héritage pesant, pour toucher la grâce. Mémoires Vives est un disque qui impose l’écoute. Du début à la fin, nous sommes transportés dans les errances urbaines d’une jeunesse goûtant au spleen du vingt-et-unième siècle. On regrettera l’apparition de titres extrait des EP’s précédents même s’ils sont sublimes. Peut-être qu’ils nous offrent ce qu’ils ont fait de mieux pour le moment, dans un seul et même disque, à la fois résumé d’une période et frontière qu’ils traversent, pour se tourner vers l’avenir. On a hâte d’écouter la suite.