Gucci et la musique, une histoire d’amour qui dure depuis 100 ans
Peu de centenaires sont aussi influentes que Gucci. Depuis sa création en 1921, la griffe italienne a inspiré de nombreux musiciens comme Foxy Brown, Amy Winehouse ou encore Outkast. A tel point que le nom “Gucci” est mentionné dans 22.705 chansons. Retour sur un véritable phénomène culturel.
Un centième anniversaire, ça se fête comme il se doit. Et pour le sien, Gucci s’est associée avec la plateforme italienne Musixmatch pour répertorier toutes les chansons dans lesquelles elle apparaît. Et il y en a dans tous les genres : jazz, rock psychédélique, punk japonais, disco, hip-hop, afrobeat… “Ces genres servent de toile de fond musicale à un voyage de plus d’un siècle que la marque Gucci a vécu en traversant toutes les facettes de la société”, note Musixmatch.
Parmi les morceaux mentionnant la maison de couture italienne se trouvent des classiques comme le sulfureux “You Got Good Taste” que les Cramps dédient à tous “les propriétaires de sac Gucci”, ou encore le funky “He’s the Greatest Dancer” du quatuor Sister Sledge. Les quatre chanteuses y vantent les mérites d’un “champion de la danse” qui ne porte que “les plus beaux vêtements” comme Gucci.
L’arrivée de Gucci dans le “rap game”
Si la griffe italienne s’est faite une place dans le répertoire d’artistes variés, elle a surtout conquis les plus grands noms du hip-hop. Cardi B, Saweetie, Future, Lil Pump, Gucci Mane… Tous ne jurent que par les looks extravagants et audacieux de la marque. Pourtant, rien ne prédestinait Gucci à habiller les ambassadeurs des sphères rap et hip-hop.
A ses débuts, les créations de la marque s’inspirent du raffinement et du luxe du monde équestre. Très vite, elles attirent une clientèle internationale distinguée qui tombe amoureuse de cette nouvelle maison italienne. Si le style Gucci se veut, à ses débuts, intemporel et éternel, il prend un tournant en 2015 à l’arrivée d’Alessandro Michele à la tête de la direction artistique de la griffe. Casser les codes devient le crédo du designer italien dont l’anti-conformisme devient une véritable marque de fabrique.
La fascination des rappeurs pour Gucci n’est pas tant liée à Alessandro Michele qu’au New-Yorkais Daniel Day, plus connu comme Dapper Dan. Dans les années 1980, ce tailleur de Harlem détourne les logos de maisons de couture pour créer des silhouettes branchées à moindre coût. Il confectionne même des vestes de survêtement portant le monogramme de Gucci pour Eric B et Rakim, qui sont deux de ses premiers clients dans le milieu du hip-hop.
“Gucci gang, Gucci gang, Gucci gang”
Bien que Dapper Dan ait dû fermer sa boutique en 1992 sous la pression des marques l’accusant de contrefaçon, il a contribué à inscrire Gucci dans le milieu du hip-hop. A tel point que les rappeurs n’ont que cette marque à la bouche. Lil Pump prononce même le mot “Gucci” une cinquantaine de fois dans son tube de 2018, “Gucci Gang”. Rien de bien surprenant pour le journaliste Calum Gordon. Selon lui, l’omniprésence de la marque dans le rap est une question de linguistique. “Ses deux syllabes s’insèrent plus facilement dans les barres (ou mesures, ndlr) que d’autres marques au nom plus lourd. Saint Laurent est un peu difficile à prononcer, tout comme Versace et Givenchy,” a-t-il écrit dans Another Man Magazine.
Mais tout n’est pas qu’une question de rythmique. Gucci est surtout rentrée dans le “rap game” grâce à ses silhouettes opulentes, audacieuses et tape-à-l’oeil. Alessandro Michele l’a bien compris et en a créé de nouvelles pour la collection anniversaire Gucci 100. Une façon de rendre hommage à l’influence de la griffe sur l’industrie musicale, et d’inspirer les nouvelles générations à faire perdurer cet héritage… en chansons.