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HUBERT DE GIVENCHY S’EN EST ALLÉ

Le couturier Hubert de Givenchy s’est éteint ce samedi 10 mars, dans son sommeil, à l’âge de 91 ans. Plus que nul autre créateur de ce siècle, il incarnait la quintessence de l’élégance à la française.

S’il disait que la mode était dans ses gènes, ayant tant observé sa mère dont il admirait la grande beauté, c’est la rencontre avec le maître espagnol Cristobal Balenciaga qui précipite son destin. Avec son idole, Hubert de Givenchy partagera le goût de la sobriété, de la rigueur et de l’épure, ancrant les codes de sa maison, créée en 1953, dans un raffinement classique, mais tellement contemporain.

Love at first sight at Tiffany’s

Il était aussi grand et colossal (Hubert de Givenchy mesurait 2.02 m, ndlr.) que sa muse était frêle et gracile. Il était aussi Parisien qu’elle était Américaine. Et pourtant, leur duo les inscrit au rang des couples mythiques et Audrey Hepburn contribua à écrire le mythe Givenchy, incarnant à merveille le style de la maison. Le couturier avait d’ailleurs récemment rendu hommage à la dame de ses pensées, à travers un livre, suivi d’une exposition « To Audrey with Love ».

Pourtant, rien ne prédisposait le couturier et l’actrice à vivre cette histoire d’amitié pure et sincère, qui dura 40 belles années, jusqu’au dernier souffle de l’actrice. « Hubert, je t’appelle juste pour te dire que je t’aime », lui murmurait parfois l’actrice américaine, alors que leurs vies fourmillantes ne leur permettaient pas de se rencontrer.

Adorateur et libérateur de la femme

Véritable gentleman, dont la gentillesse n’avait d’égal que la courtoisie, Hubert de Givenchy était, avant l’heure, un pourfendeur de la cause féministe. Ainsi, sa première collection, présentée en 1952 se composait d’une foule de pièces séparables. Une révolution alors, à une époque où le vestiaire féminin ne se composait presque exclusivement que de robes. Une ligne avec laquelle il signa l’essence de sa griffe. Pour lui, les vêtements devaient avant tout être le reflet de la personnalité pour sublimer les courbes féminines. « Une robe doit embellir la femme qui la porte et non la déguiser », confiait Hubert de Givenchy. À grands renforts de jupes et robes ni trop courtes ni trop longues – suggérant davantage qu’elles ne dévoilaient –, de pantalons 7/8 et de ballerines parfaites pour trottiner toute la journée, la femme Givenchy, à l’image de sa muse Audrey était femme, certes, mais ingénue, intelligente, brillante, moderne, libre, forte. « C’est Hubert de Givenchy qui m’a donné un look, un genre, une silhouette. Habillée par lui, je n’ai peur de rien », disait de lui la star hollywoodienne Audrey Hepburn.

Sous la coupe d’Hubert de Givenchy, la maison flirtera toujours avec le glamour, sans jamais passer la ligne de l’indécence ou du sexy. Le charme s’opérait l’air de rien, distillé grâce à une multitude d’innocents détails : une épaule dénudée, une cheville apparente. À ses débuts, la maison était loin du souffle show off et sulfureux, apporté en 2005 par Riccardo Tisci, ouvrant un tout nouveau et brillant chapitre. En 2017, Clare Waight Keller, l’a remplacé, la première femme à la tête de la création de Givenchy.

L’aristocrate de la mode

« Le secret de l’élégance, c’est d’avoir l’air soi-même », avait-il déclaré. Une philosophie dont, tout au long de sa carrière, il ne s’est jamais détourné, peu importe les modes et les tendances.

Avec sa disparition, c’est l’âge d’or de la haute couture française qui s’évapore, lui qui était le dernier témoin de cette période faste. Travailleur acharné et perfectionniste, Hubert de Givenchy a durant des décennies débuté ses journées de travail à 07 H 30, immuablement vêtu d’une blouse de lin blanc. Le couturier, par ailleurs passionné de décoration et grand collectionneur d’art, résumait ainsi sa ligne de conduite: « de la rigueur, pas de choses inutiles et beaucoup de travail ».

Parmi ses clientes mythiques figuraient Grace de Monaco, Jackie Kennedy, la duchesse de Windsor, Elizabeth Taylor, Lauren Bacall, Jean Seberg, Diana Ross… Au cinéma, outre Audrey Hepburn, il a notamment habillé les Françaises Michèle Morgan et Brigitte Bardot.