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Inès Reg, l’humoriste qui met des paillettes dans le stand-up

Photo : AFP

Tout a commencé par un sketch viral diffusé sur son compte Instagram. Depuis, Inès Reg, 28 ans, s’est imposée comme une figure montante du stand-up français, réussissant son pari de “transformer (s)es millions de followers en spectateurs”.

Août 2019 : dans une courte vidéo, Inès Reg propose à son petit ami de sortir dîner. Ce dernier propose de l’emmener au fast-food, ce qui déclenche sa colère : “La veste, 35 euros, le débardeur, 20 euros (…), la tablette pour mettre des paillettes sur mes yeux, 65 euros… Et tu me proposes un McDo à 10 balles ?! Les calculs sont pas bons Kevin !”.

Et de lui asséner cette phrase aujourd’hui culte: “C’est quand que tu vas mettre des paillettes dans ma vie, Kevin ?”. Vue près de 30 millions de fois, ce sketch va lancer la carrière de l’humoriste, alors inconnue du grand public. “J’aurais jamais cru qu’une vidéo allait tout faire basculer. Honnêtement j’y croyais pas des masses, j’étais même contre ces mini-vidéos parce que je me disais que le plus important, c’était la scène”, dit-elle dans un entretien.

Autodérision 

Depuis, tout s’est enchaîné : un spectacle, joué à guichets fermés, une participation à l’émission “LOL: Qui rit, sort !”, diffusée sur Amazon Prime Vidéo, et un film, “Je te veux moi non plus”, sorti fin mars sur la même plateforme et qu’elle a co-réalisé. Elle y joue avec son partenaire sur les planches et à la ville, Kevin Debonne.

Une comédie romantique sur leur rencontre, thématique que l’on retrouve en filigrane dans tous ses sketchs, nourris de sa vie quotidienne. Sa marque de fabrique ? Une présence irrésistible sur scène, une gouaille à toute épreuve, une bonne dose d’autodérision et un don pour l’improvisation. “Jusqu’à maintenant, aucune vidéo n’est écrite. Le spectacle est écrit, mais il y a des passages entiers où c’est de l’impro, car c’est ma manière de travailler. J’ai confiance en ma puissance comique qui sort quand elle a envie”, assure-t-elle.

Davantage qu’un choix délibéré, le passage par le 7e Art est le fruit d’un concours de circonstances : “Le premier confinement tombe alors que je suis en pleine ascension. J’avais commencé la tournée et ça s’arrête du jour au lendemain. On était dans le flou, on ne savait pas quand on allait reprendre. Alors on a pris cette énergie pour écrire le film”. “Mais j’ai jamais fait du stand-up pour faire du cinéma. Pour moi le stand-up est une fin en soi”.

“Pas une youtubeuse”

Originaire de Grigny, ville populaire de la banlieue parisienne, Inès Reg sait très tôt qu’elle veut faire de la scène, mais ignore tout des codes de ce milieu et la façon d’y pénétrer. C’est sa sœur aînée qui va lui permettre de se lancer en lui réservant une salle de spectacle, sa première scène, durant laquelle elle fera venir famille et amis. “J’avais deux mois pour écrire un spectacle et si je parvenais à faire rire la salle, je devais lui promettre de me lancer sérieusement”, se remémore-t-elle.

L’expérience est un succès et marque le début de plus de dix ans à parcourir les scènes ouvertes pour tenter de percer. “C’était pas facile, je vivais du chapeau (ce que le public donne aux artistes, ndlr). J’ai eu envie d’arrêter plein de fois”.

Les choses bougent enfin lorsqu’elle intègre la troupe du “Jamel Comedy Club”, pouponnière de talents repérés par Jamel Debbouze. En 2018, elle participe à la première partie du “Marrakech du rire”. Son apparition sur scène est un tel succès qu’elle y revient l’année suivante, cette fois comme artiste à part entière et non plus comme “chauffeuse de salle”.

Un parcours “semé d’embûches” mais dont elle est fière : “Je ne suis pas une youtubeuse ou une starlette à la recherche du buzz. Je suis une humoriste qui a dix ans de scène derrière elle”, insiste-t-elle. Et d’avouer que son autre plus grande fierté est d’avoir converti ses “millions de followers en des milliers de spectateurs”.