Jacco Gardner, “Hypnophobia”
Auteur, interprète d’un bouquet de popsongs baroques psyché-rock, Jacco Gardner pousse à s’installer tendrement au creux d’un fauteuil et à nonchalamment écouter les accords subtils que le prodige dispatche à travers sa prose. Agé seulement d’un quart de siècle, on le présente souvent comme un multi-instrumentaliste inspiré par une musique psychédélique et un soupçon de pop baroque. Légèrement hyperactif et pour le moins précoce Jacco Gardner a déjà conquis son public, séduit par son univers rêveur et fan des seventies show. En 2013 il sort son premier album Cabinet of Curiositie, une perle musicale qui semble remonter le temps et emporter avec elle quelques grands classiques comme les Sixties-Zombies, Turtles, Syd Barrett ou encore Sagittarius. Après un premier passage sur la scène luxembourgeoise en 2014, celui que l’on qualifie comme brillant et psychédélique sera de retour le 7 mai à la Rockhal. Rencontre avec l’artiste.
Qui est Jacco Gardner?
Je suis Jacco Gardner. Je suis un producteur compositeur néerlandais et j’aime la musique de nos jours, mais j’ai un penchant particulier pour la musique des années 60 et 70.
Pour toi la musique est un hasard ou une destinée?
Eh bien, je suis le plus jeune de la famille, j’ai deux frères et une sœur. Ils étaient déjà dans la musique avant que j’y sois moi-même et de leurs côtés mes parents ont tout simplement essayé de me faire goûter au monde de la musique et cela a fonctionné.
La musique t’est venue comment?
Je pense qu’elle est venue comme pour tout le monde. Je suppose que tu dois essayer d’écrire quelque chose, parfois, tu viens de t’asseoir et d’essayer d’écrire quelque chose et là tu es inspiré par une idée et tu as des paroles qui sortent. Tu essayes plusieurs mélodies et tu adaptes les paroles en fonction. Je me concentre beaucoup sur l’écriture et les instruments.
Comment travailles-tu pour écrire une chanson ?
Parfois, cela peut être très long parce que je peux enregistrer une chanson et puis la réécrire et la réenregistrer plusieurs fois avant d’arriver au produit fini. Mais c’est surtout le premier album qui m’a pris beaucoup de temps. Il y avait beaucoup de réécriture et de réenregistrement contrairement au prochain que j’ai réalisé en un an.
En explorant les thèmes de l’enfance, de l’innocence et de la désillusion, avec Puppets Dangling, Watching the Moon, Chameleon, The Ballad of Little Jane, est-ce qu’on rentre un peu dans ton monde à toi? La part intime et mélancolique qu’on possède tous?
Eh bien, je n’aborde pas de la même manière ce nouvel album. En effet, j’explore de nouveaux thèmes, je n’écris pas de la même manière des chansons maintenant comme je le faisais il y six ans. Donc je dirais que les thèmes abordés cette fois-ci sont un peu plus sombres que ceux de l’enfance et de l’innocence.
The Ballad of Little Jane est assez représentative de ton travail narratif. Comment as-tu construit cette chanson?
Ce n’est pas représentatif de la manière dont je travaillais il y cinq ou six ans auparavant. C’est une musique ancienne qui est sur mon premier album, mais maintenant il y a un second qui est sorti et qui est plus représentatif de la façon dont j’appréhende les choses à présent.
Est-ce que tu penses que la musique doit raconter une histoire?
Non cela ne doit pas toujours raconter une histoire. Je dirais que la musique en elle-même, les instruments, raconte déjà une histoire. Comme tu le sais la musique qu’on entend, nous inspire, nous raconte, déjà quelque chose.
Musicalement on te compare à l’anglais Syd Barrett (Pink Floyd), aux californiens de The Turtles, ou au groupe The Zombies, te sens-tu proche d’eux?
Oui et j’aime tous ces artistes, ce sont de bons groupes.
Dans tes clips il y a foule de références cinématographiques, comme les 400 Farces du diable de Méliès, quelles sont tes plus fortes influences? (Valerie A Tyden Divu du tchécoslovaque Jaromil Jies, Brödena Lejonhjärta du suédois Olle Hellborn)
Pour les films, j’ai un film que j’aime vraiment, un film d’horreur italien des années 70, ‘Suspiria’. J’aime aussi les films de Disney des années 80. Il y a certains films qui ont été réalisés pour les enfants et qui sont beaucoup trop effrayants et sombres comme retour à Oz, qui est une sorte de suite du Magicien d’Oz, qui est lui-même un vieux film. C’est vraiment effrayant parce que la jeune fille qui est allée à Oz est revenue au Kansas où elle raconte ses aventures et personne ne la croit. Au final elle doit aller dans un établissement psychiatrique, c’est un thème très sombre, mais à la fois aussi pour les enfants. Il y a une sorte d’entre-deux et j’aime ce genre de choses.
Hypnophobia, ton prochain album, sort le 5 mai. Comment as-tu travaillé sur cet album?
Principalement de la même manière dont j’ai travaillé pour le premier. J’ai enregistré tous les instruments dans mon studio, je les ai mixés et produits. Pour ce qui est de certaines musiques, j’ai utilisé des samples sur un petit clavier que j’avais toujours sur moi. Ce qui m’a permis pendant les tournées d’écrire des musiques. J’ai donc pu apporter les idées que j’ai eues durant ma tournée directement dans mon studio pour par la suite les travailler et c’est cela qui différencie certaines de mes musiques car je les ai écrites en un an et pas en huit.
Que veux-tu dire par hypnophobia?
«Hypnophobia» était un mot que j’ai trouvé sur Google. Que j’ai clairement vécu, c’est le moment où on essaie de dormir mais où on n’arrive pas à dormir. C’est plutôt fascinant, mais en effet je suis fasciné par tout ce processus. En quelque sorte on est entre un sommeil profond et non profond car on est conscient de ce qui se passe et c’est ça qui m’intéresse le plus. Le fait d’être entre ces deux mondes où tu peux avoir très peur et tu peux perdre le contrôle tout en étant conscient. Donc tout simplement le terme «Hypnophobia» m’a inspiré et m’a paru juste pour être le titre de l’album.
Tu entames une tournée gigantesque à travers l’Europe jusqu’à début juin et ensuite en Amérique du Nord jusqu’en juillet. Comment tu fais pour tenir la cadence?
Eh bien, tu te plonges simplement dans le spectacle. Tu te donnes à fond et tu te reposes avant le lendemain, où tu vas conduire jusqu’à la prochaine destination. Et ainsi de suite (Rire).
Quelles sont les dates pour lesquelles tu as le plus le trac?
Il n’y a pas de date particulière pour laquelle j’ai plus le trac que d’autres. Toutes les dates me semblent effrayantes.
Qu’aimerais-tu dire à ton public luxembourgeois?
C’est mon deuxième passage au Luxembourg, je dirais que j’ai hâte et que j’espère les voir bientôt.