Regarder la vidéo en entier
Accéder directement au site
BOLD Magazine BOLD Magazine

Jeff Wall prend à nouveau ses quartiers au Mudam

Texte : Sarah Braun
Image : Jeff Wall

À une époque où les photos se consomment en masse, où le règne de l’éphémère et de l’instantané ont pris le pas sur toute autre approche du monde, les photographies de Jeff Wall nous offrent un pied-de-nez éclatant. À travers des clichés comme des tableaux et des photos plus réelles que la réalité, le Mudam donne un fugace aperçu de l’immense talent de l’artiste canadien.

Appearence, une exposition coproduite par la Kunsthalle Mannheim et le Mudam, est à voir jusqu’au 6 janvier 2019.
Silhouette à la fois imposante et éthérée qui se promène dans le hall du Mudam, Jeff Wall est ce « peintre de la vie moderne », comme Baudelaire l’était en son temps. Fasciné par l’époque dans laquelle il vit, par la ville-lumière, son effervescence et les personnage qui la hantent, captivé par les minuscules détails du quotidien, il compose ses photographies, minutieusement et méticuleusement, comme le peintre appose chacune des touches de couleurs, comme le poète associe chacun des mots.

La photographie selon Jeff Wall ne s’aborde pas dans sa globalité et son immensité, au contraire. Il n’y a qu’à prendre l’exemple d’After Invisible Man by Ralph Ellison, The Prologue, qui lui aura nécessité près d’une année pour que la « mise en scène » – terme ô combien récurrent dans son discours – soit parfaite et qu’enfin, il en capture l’essence même.

Pour cette rétrospective, la première en Europe depuis 2008, date de sa dernière exposition à la Tate Gallery de Londres, Jeff Wall a choisi de revenir à ses premiers amours en utilisant les tableaux lumineux. « J’ai vu un panneau lumineux quelque part et ce qui m’a réellement frappé, c’est de constater que c’était pour moi la synthèse technologique parfaite. Ce n’était pas de la photographie, ce n’était pas du cinéma, ce n’était pas de la peinture, ce n’était pas de la publicité, mais c’était fortement associé à tout cela… Cela répondait aux attentes essentielles vis-à-vis de la technologie, c’est-à-dire qu’elle représente par les moyens du spectacle. »

Il présente ainsi un corpus de son travail de 27 œuvres, articulée autour des thèmes récurrents au cœur du travail de l’artiste : la construction de l’image, le regard, le geste, la figure, le paysage, ou encore la parole ou la littérature.

À souligner qu’une ambitieuse programmation culturelle, qui multiplie les médias, est organisée autour d’Appearance : conférences, visites ou encore projections, afin de saisir toute la portée du travail de Jeff Wall.


Appearance, Jeff Wall, à voir du 5 octobre 2018 au 6 janvier 2019.