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Joachim Tobali : « Nous avons immédiatement pensé aux kids de Dogtown »

Texte: Sarah Braun
Photo: Vincent Vandries

Atelier Barn. Si pour l’heure, ce nom ne vous dit rien, c’est soit que vous n’avez pas encore de chérubins à habiller, soit que vous ne parlez pas suédois. Oui, parce que Charlotte et Joachim Tobali sont d’origine suédoise (et marocaine), et d’ailleurs, dans leur langue natale, « Barn » signifie enfant. Un beau jour, ces jumeaux ont décidé de réunir une nouvelle fois leurs destins en créant leur propre marque pour enfant : Atelier Barn. On a adoré l’esprit streetwear appliqué à la mode enfantine, du coup, on est allé poser quelques questions à Joachim.

Qui fait quoi chez Atelier Barn ? Votre troisième frère participe-t-il à l’aventure Atelier Barn ?

Charlotte s’occupe du style : elle dessine les collections, fait les recherches tissus et accessoires, etc.

Quant à moi, je m’occupe du côté administratif, gestion, lancement et suivi de production. C’est à moi que revient de commander les matières premières, et je gère également les relations avec nos clients. Dans une petite structure familiale comme la nôtre, le mot d’ordre est l’entraide. Nous passons le plus clair de notre temps ensemble, autant se serrer les coudes ! D’ailleurs, nous échangeons nos rôles régulièrement ! David, notre grand frère qui vit en Suède, ne participe pas à l’aventure. Son truc à lui, c’est plutôt la musique, la mode ne l’intéresse pas plus que cela. Mais, bon, qui sait ! Un jour, peut-être !

Quels sont vos parcours respectifs ?

Nous sommes tous les deux des enfants de la mode. Après avoir terminé ses études de stylisme au studio Berçot à Paris, Charlotte a eu l’opportunité de pouvoir intégrer immédiatement la maison Chanel,en tant qu’assistante aux bijoux accessoires. Elle y est restée 15 ans. À la fin, elle s’occupait du stylisme chaussures.

De mon côté, après des études de commerce, j’ai créé ma première société, épaulé par mon meilleur ami. Nous fabriquions des vêtements femme en France et en Tunisie pour les chaînes de magasins de la grande distribution, une aventure qui a duré une dizaine d’années. Puis, je suis devenu agent d’usine pour le même type de clients pendant six ans. En parallèle, en 2012, j’ai aussi monté mon agence immobilière Urban Living Paris, qui, elle, est toujours active. Mon parcours est plus hétérogène, mais la création et l’entrepreunariat restent le fil rouge.

Monter un projet entre frère et soeur, c’était une évidence ?

L’idée de fonder notre propre marque n’est pas un projet de longue date. Au contraire ! Il faut dire que nous étions tous deux bien installés dans nos vies et jobs respectifs. L’idée est venue lorsqu’au même moment, nous avons eu tous deux l’envie de changer d’air. Coïncidence ou hasard, je ne sais pas…  Mystère de la gémellité, peut-être (sourire). À ce moment-là, c’est devenu une évidence.

Qu’en pensent vos parents ?

Oh, ils sont véritablement ravis et croient beaucoup dans notre association. Nous sommes très complémentaires !

Vos origines mêlent l’art de vivre scandinave et le soleil méditerranéen. En quoi cela s’illustre-t-il dans votre marque ?

Nos origines nord-sud nous ont apporté une ouverture d’esprit, qui est manifeste, je pense,  dans notre manière d’aborder les collections. Nous n’avons pas peur des mélanges de matières, de couleurs… Les inspirations viennent de toutes parts. Nos parents nous ont éduqués dans le respect et la tolérance de toutes les cultures et religions.

Racontez-nous la genèse d’Atelier Barn ?

En suédois, « Barn » signifie « enfant ». Notre ambition était de préserver la dimension artisanale de notre travail, avec une fabrication française et, surtout, en associant notre nom avec les créations d’autres artistes (graphistes, dessinateurs, photographes, réalisateurs, etc.), comme dans un Atelier où plusieurs talents peuvent s’exprimer.

Travailler en famille : galère ou plaisir ?

Plaisir (rires) !

Pourquoi avoir choisi de vous attaquer à la mode enfant ?

D’une part, nous avions envie de continuer à travailler dans la mode, mais en nous éloignant du secteur de la femme dans lequel nous avions tous deux travaillé. Charlotte a alors mis en lumière le fait qu’il n’existait pas d’offre intermédiaire de vêtements accessibles et cool. Une marque entre Zara et Bonpoint, quoi ! Notre volonté était de créer des pièces intemporelles, que nous avons et aimerions avoir dans nos vestiaires respectifs, en les adaptant pour l’enfant. À l’instar de la worker jacket en denim japonais délavé, l’une des des pièces emblématiques de la collection PE17.

Quelles contraintes cela engendre-t-il ?

La contrainte majeure est de parvenir à maintenir des prix de vente compétitifs. Nous aimons travailler les matières venant du Japon et, malheureusement, ça coûte cher (sourire) ! D’autant que les enfants grandissent vite, une maman n’est pas toujours prête à dépenser trop, même pour une belle pièce, ce que nous comprenons tout à fait. Nous sommes tous les deux parents. Charlotte a deux enfants – une fille, un garçon – et moi un fils. Les voir s’épanouir est très inspirant.

Quelles sont vos autres sources d’inspiration, d’ailleurs ?

Nos sens sont perpétuellement en éveil. L’inspiration peut surgir de nos souvenirs de jeunesse, de courants musicaux – comme le grunge ou le punk rock –  de la street culture, mais également de nos voyages passés et à venir !

Où faites-vous fabriquer ?

Une grande partie de notre collection est confectionnée en France. Et, depuis la saison dernière, nous faisons des robes et tuniques brodées en Inde.

Travailler avec des matières écologiques, est-ce important ?

Nous sommes en contact avec des usines au Portugal pourvues du label écologique, nous allons y venir à terme. La seule chose qui nous fasse encore hésiter est que le choix des matières écologiques demeure encore limité.

Une journée-type, ça donne quoi ?

En ce moment, nous sommes en pleine production des pièces automne-hiver 2017, et en préparation de la prochaine collection d’été. On a tous les jours le même rituel : je passe prendre Charlotte en scooter, tôt le matin, et nous faisons la tournée de nos sous-traitants (sérigraphe, atelier de montage, etc.). Puis, le reste de la journée est consacré à trouver des solutions à tous les imprévus qui se présentent !

Sur quoi lâchez-vous en matière d’éducation ? Sur quoi ne lâchez-vous pas ?

La politesse … S’il vous plaît et merci (rires) !

Le kid Atelier Barn, qui est-il ?

Pour notre toute première saison, nous avons immédiatement pensé aux kids de Dogtown, les jeunes de Venice Beach en Californie qui ont contribué à la genèse du skateboard. Des gosses parfaitement autonomes et très libres, qui avaient fait de la rue leur terrain de jeu favori.

Un souvenir particulièrement évocateur de votre enfance ? Un livre de littérature jeunesse qui vous a marqué ?

Les étés que nous passions à Stockholm avec tous nos potes : nous dormions les uns chez les autres, dans des maisons au bord des lacs dans les archipels. La journée, nous faisions du bateau nous passions nos soirées à discuter et à rigoler autour de feux de bois, loin de tout contrôle parental (sourire) !

Les histoires des livres d’Astrid Lindgren ont bercé notre enfance, comme pour tous les Suédois, d’ailleurs, je pense.

Des projets ? Des collabs en vue ? Une collection adulte ?

Pour l’heure, une seule priorité : terminer la collection PE18 ! Nous la présentons le 1er juillet, au salon Playtime, à Paris. Il ne nous reste que très peu de temps et il y a encore tellement de choses à finir. Nous travaillons avec un réalisateur de talent aussi sur une vidéo destinée à présenter la nouvelle collection.

Nous planchons aussi sur une capsule adulte à venir… peut-être la saison prochaine, qui sait (sourire) !

Sites :

www.atelierbarn.com

https://www.instagram.com/atelier_barn/

https://www.facebook.com/atelierbarn/