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La playlist de Seba #5 : de DJ Jean Maron à Four Tet

Par Sébastien Vécrin

Dans chaque numéro de Bold Magazine, notre truculent expert Sébastien Vécrin, aka Seba, aka Le Sebu, aka La Villeuh Roseuh nous fait profiter de ses dernières trouvailles musicales. Et comme c’est plutôt pas mal, on ne voit pas pourquoi on ne partagerait pas ça avec vous sur le web. Et puis ça lui fait plaisir… De DJ Jean Marron à Four Tet, c’est parti pour la número cinco des Playlists de Seba…

DJ Jean Maron : Candy Box 2 – R&B – 4/5

Le beatmaker français Jean-Maron qui se prend pour un James Brown américain qui collabore avec l’Allemand Sumo qui se prend pour un sumotori japonais, le tout sous l’étendard du Grand-Duché : merde, ne serait-ce pas là le pluriculturalisme du hip-hop made in Luxembourg ? Le résultat est un fabuleux picture disc limité à 300 copies, designé recto verso par le street artist Sumo, le tout porté par 10 bangers diablement sucrés entièrement et minutieusement calibrés pour les dancefloors de Miami. Financier le jour, producteur la noche, le DJ s’est laissé apprivoiser, sur ce quatrième album, par des cuivres soul, de la gratte sexy funcky, des nappes housey et des ambiances R&B. Je l’avais connu avec sa master piece True School qui alignait une liste de feat ricains à faire pâlir Kanye West et Drake, skeud qui était d’ailleurs directement entré dans le top 40 d’iTunes et je le retrouve en grande forme avec ce deuxième opus de Candy Box. C’est donc officiel, Jean Maron a lâché les drive-by en Cadillac de sa jeunesse pour convier ses plus belles copines à se trémousser au bord de sa piscine pendant qu’il fait griller les burgers au barbecue. Frère, pense à inviter le staff de Bold la prochaine fois.

Schoolboy Q / Blue Lips – Hip-hop – 3/5

Le sixième album studio de Schoolboy Q est encore plus brut et angoissant qu’une virée sur Hoover street, le calibre coincé dans le caleçon, la capuche sur la tête, avec un gros trois feuilles dans le bec et les sirènes qui retentissent au loin. Avec le blaze de ce LP, le rappeur du label TDE fait référence au fait d’avoir les « blue lips », comprendre de rester sans voix et d’être encore et toujours chokbar de bz de réussir à cumuler autant de fans tout en enchaînant les buzz dans l’industrie musicale. En jonglant avec ses différentes casquettes, de l’ancien Crip au OG bling bling, en passant par le bon papounet de deux marmots, le MC californien ne cesse de se questionner le long de 12 plages de rap tantôt cinématographiques tantôt patates de dancefloor tantôt hymne audacieux du rap mainstream. En 2024, peu de lyricistes réussissent à exceller avec autant de flow que Quincy Matthew Hanley dans autant de styles complètement différents sur un seul skeud. C’est peut-être ça l’essentiel du rap US, le panache !

Frustration / Our Decisions – Post Punk – 3/5

Caisse claire ravageuse, basse angoissante, voix d’outre-tombe, les fistons cachés de Ian Curtis reviennent, après cinq ans de silence, avec Our Decisions, un sixième album pas piqué des verres, comme on dit dans le post punk parisien. Sur les morceaux « Omerta » et « Consume´s », le chanteur Fabrice Gilbert lâche ses rimes en français. Personnellement, je bug un peu, même si j’ai très envie que ça ressemble aux Béru. Ce 10 titre des portes-drapeaux du label Born Bad sonne moins cold wave que le précédent So Cold Streams. L’ambiance se veut davantage guitare percutante et synthés froid, même si la rythmique s’industrialise sur le morceau new wave « Riptide ». Côté guest, le quintet a uniquement convié Anne-Sophie Versnaeyen du groupe rouennais darkwave Hammershøi pour chuchoter en langue de Goethe sur le très hypnotique « Vorbei ». Quant à la pochette, spoiler écolo, l’œuvre de Baldo t’invite à éviter de transformer notre planète en une immense décharge publique. Si le punk était No Futur, le post punk de Frustration devient Yes Futur.

Four Tet / Three – Electronica – 3/5

Kieren Hebden aka Four Tet vient de composer la bande son idéale pour tes sessions de télétravail, allongé sur ton canapé en pyjama tâche de pipi, deux écrans devant les yeux, celui du taf pour bouger la souris toutes les cinq minutes et ton smartphone sans fil pour scroller les trends bien swag. Fout Tet, c’est beau et si tu ne connais pas, écoute son tube « Two Thousand and Seventeen » : un beat electronica, des envolées divines à la harpe jouées par un ange (enfin l’ange, selon une légende urbaine, serait sa meuf qui l’accompagne à la harpe depuis belle lurette) et 56 millions de streams sur Spotify. Three est déjà son douzième album solo et, pour notre plus grand plaisir, il regorge encore de harpe, mais pas que. On y trouve des salves breakbeats, un soupçon de UK Garage, une pincé de house, un peu de downbeat et quelques errances hip-hop. C’est le groove parfait pour chillax à la zonzon, devant un thé camomille, en stalkant l’Insta de ton ex. Bon, dans l’hypothèse où tu décidais de bouger de ton sofa pour taquiner de la MD, le Brit a quand même ajouté deux titres bien dancefloor, « Daydream Repeat » toujours avec une harpe chelou et « 31 Bloom » en mode minimal boom boom. Allez !

Ce format est également à retrouver dans le nouveau Bold Magazine #85, à lire en ligne ici!

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