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La playlist de Seba #9 : de Romain Muller à Tyler, The Creator

Par Sébastien Vécrin

Dans chaque numéro de Bold Magazine, notre truculent expert Sébastien Vécrin, aka Seba, aka Le Sebu, aka La Villeuh Roseuh nous fait profiter de ses dernières trouvailles musicales. Et comme c’est plutôt pas mal, on ne voit pas pourquoi on ne partagerait pas ça avec vous sur le web. Et puis ça lui fait plaisir… De Romain Muller à Tyler, The Creator, c’est parti pour la playlist de Seba number nine…

Chromakopia / Tyler, The Creator – Rap – 4/5

En 2011, devant Supreme sur Sunset Boulevard, je me fais chahuter par une bande de gamins arrogants, diablement stylés. La même année, lors d’un contest de skate, les mêmes mômes déclenchent un pogo sur scène sur un morceau de rap à 80 bpm. Je n’avais jamais vu ça de ma vie. Le frontman hurle les paroles de son tube « Yonkers » à pleins poumons, caché sous une cagoule de terroriste en laine, vert fluo. L’artiste en question ? Tyler, The Creator. Avec son crew Odd Future, il dynamite tous les codes du rap. Pas gangsta pour un sou, il s’habille en rose et joue les provocateurs, autant dans ses sons et ses clips que devant les boutiques de streetwear de Los Angeles. Tout ça pour vous dire que mon presque pote californien vient de sortir son huitième album, Chromakopia. Il y livre des beats à la fois minimalistes, soyeux et baroques. Dans ses lyrics, Tyler s’amuse avec ses thèmes de prédilection : l’identité, l’amour, le chaos. Mais cette fois, il les éclaire sous des projecteurs multicolores et acidulés, comme un kaléidoscope émotionnel. Le résultat ? Un skeud dense, un brin obscur, mais ultra banger.

For The Dreams / King Stingray – Surf rock – 3/5

Je viens de finir la série Territory sur Netflix. J’avais besoin d’évasion, d’irrévérence et de soleil. La famille Lawson, propriétaire de la plus grande exploitation bovine au monde, m’a offert le combo parfait en six épisodes. Ils se mettent des coups de front, roulent en quad derrière des taureaux et vont boire des Victoria Bitter en hélicoptère jusqu’au seul rade de l’outback. Damn, ça m’a donné envie de plonger dans la culture bogan et, surtout, d’écouter le deuxième album de King Stingray, For The Dreams. Le quintet australien insère dans son rock juste ce qu’il faut de culture aborigène et de Yolŋu Matha (la langue ancestrale du peuple du nord-est de l’Arnhem Land) pour rendre l’expérience exaltante. Chaque morceau déborde d’une énergie contagieuse, où les riffs de guitare se mêlent magistralement aux vibrations du didgeridoo. Les paroles, elles, célèbrent la nature, les rêves et l’importance des racines. Pas de fioritures ni de grandiloquence, juste une authenticité brute qui frappe aussi fort qu’un uppercut de kangourou sous stéroïdes.

Songs of a Lost World / The Cure – New Wave – 3/5

The Cure reste un traumatisme pour moi. À 13 ans, dans ma classe, je suis fasciné par une fille qui ne m’adresse jamais la parole. Elle redouble, elle fume, elle a les cheveux noirs en pétard, elle tire la tronche toute la sainte journée et sort avec un mec qui a déjà une bagnole. Autant dire que c’est mort pour notre idylle. Sur son sac US kaki, elle a griffonné au marqueur noir The Cure au moins une vingtaine de fois. Je fais espagnol première langue, je traduis ça par « Le curé ». Je n’ai clairement aucune chance de lui rouler la première pelle de ma vie. Après moult investigations, je comprends qu’elle est fan de Robert Smith et qu’elle se revendique du mouvement new wave. Mais pour moi, c’est trop tard : The Cure devient la bande-son officielle de ma défaite amoureuse. Je les détesterai toute ma vie…jusqu’à ce que mes stories Instagram soient submergées par « Alone », le single tiré de Songs of a Lost World, le dernier album des Anglais décoiffés. J’ai cliqué. Et, contre toute attente, je n’ai pas détesté. C’est mélancolique, orchestral et suffisamment dark pour ravir la horde de gogoths qui a attendu 16 ans pour repleurer sous la pluie. Enfin, les filles surtout, parce que c’est bien connu, boys don’t cry.

Azur / Romain Muller – Pop – 4/5

Mon filleul est une star ! Du haut de ses 10 piges, avec ses cheveux longs et son adorable petit minois, il crève l’écran dans le clip « Quitter la ville » de Romain Muller. Le romantique vosgien à la voix suave était son professeur de musique. Parce qu’il lui a notamment appris à chanter comme Jul sur Voloco, l’app des rappeurs en culottes courtes, le Roro lui avait demandé d’apparaître en feat dans sa vidéo. J’avoue, j’ai écouté ce morceau en boucle, les yeux fermés dans mon bain – je vous en dis peut-être un peu trop. Aujourd’hui, le prof sympa est de retour avec Azur, un album qui nous transporte des rives de la Moselle aux falaises de Bonifacio. Sur dix titres oscillant entre synthpop et électro, Romain reste fidèle à la chanson française, mais la revisite avec modernité. La production, signée Martin Murer, insuffle une fraîcheur inspirée, mêlant mélancolie subtile et envie de renouveau. L’élégance atmosphérique à la French Touch s’entrelace avec le groove sensuel des influences néo-disco, offrant une pop contemporaine aussi nuancée que captivante. C’est beau comme un coucher de soleil sur la Vologne un soir de 1984.

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