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La playliste de Seba #6 : de Joost à Arab Strap

Par Sébastien Vécrin

Dans chaque numéro de Bold Magazine, notre truculent expert Sébastien Vécrin, aka Seba, aka Le Sebu, aka La Villeuh Roseuh nous fait profiter de ses dernières trouvailles musicales. Et comme c’est plutôt pas mal, on ne voit pas pourquoi on ne partagerait pas ça avec vous sur le web. Et puis ça lui fait plaisir… De Joost à Arab Strap, c’est parti pour la playlist de Seba volume six…

Joost : Europapa : Gratest Hists – Dance – 3/5

Suite à mon interview de Tali dans le précédent Bold, je me suis senti légitime comme jaja de mater l’Eurovision, en toute détente sur mon canapé. Au milieu de tous les hurluberlus qui défendent bec et ongle leur nation, mon choix se porte sur Joost, un albinos hollandais au sourire ravageur. Vêtu d’un costume bleu électrique aux épaulettes cartoonesques, le zozo s’égosille au micro en braillant « Europapa », un hymne à la diversité sous acide. Les synthés sont kitsch à souhait et les beats volontairement rétrofuturistes. Ce barjot de l’autre pays du fromage nous embarque dans un trip déjanté aux confins de l’eurodance assumé pour terminer sur du gros gabber bien saturé. Quand je l’ai vu danser le Hakken à la fin de sa prestation à Malmö, j’ai eu envie de me raser le crâne à blanc, chausser des Airmax Big Window et jumper sur du Thunderdome… puis je me suis rappelé mon grand âge. D’ailleurs, en parlant de gabber, Joost propose sur cet EP un remix happy hardcore de Paul Elstak, le pape des raves des Pays-Bas des 90. Gabber 4 Life!

https://youtu.be/gT2wY0DjYGo?si=76fOOVegAEs4Vvue

A. G. Cook : Britpop – Hyperpop – 3/5

Au bureau, j’ai un collègue, à la fois excentrique et taciturne, qui porte des t-shirts Windows 95, une casquette « I’d rather be online » et des chaînettes en or de gitans aux chevilles. Cette espèce de geekos 3000 qui se languit de LimeWire et Napster, écoute de la musique non-stop au volume maximal dans son casque. Son dernier coup de cœur ? L’album Britpop d’A. G. Cook, un son qu’il qualifie d’ « hyperpop ». Bordel, c’est quoi ça encore ? Le skeud est une explosion synthétique retrogaming. CQFD, puisqu’en 2013 le producteur londonien avait monté PC Music, un label à l’esthétique très surchargée, tant au niveau design qu’au niveau cliché de la culture pop. Rapidement, le long des 24 titres, le mainstream des 90 fusionne avec l’EDM sous amphétamines. Aux antipodes de la sobriété musicale, les beats frappent comme des coups de massue rose fluo et les voix éthérées t’invitent dans une transe fantomatique. C’est bruyant. C’est intense. C’est brillant. Je n’avais jamais parlé drogue avec mon confrère farfelu, mais je crois qu’on va avoir une petite discussion…

Chief Keef : Almighty So 2 – Drill – 4/5

Chief Keef revient avec Almighty So 2, un album drill aussi doux qu’une bastos dans la nuque. Né Keith Farrelle Cozart, j’ai davantage entendu parler du Ricain pour ses frasques dans les rues de Chicago et ses démêlés judiciaires que pour son flow ravageur. Et c’est tant mieux, j’écoute du rap pour me faire peur et en aucun cas pour qu’un MC bedonnant m’explique que je m’en sortirais mieux en révisant mon bac plutôt qu’en bicravant en bas d’une tour. Chief Keef, à seulement 28 ans, coche toutes les cases. Il a sorti sa première mixtape à 14 piges, enregistré son hit I Don’t Like deux ans plus tard alors qu’il était assigné à résidence, et s’est retrouvé au centre d’une guerre des enchères entre labels avant même d’être majeur. Ses expériences quotidiennes se reflètent dans ses textes. Le rappeur évoque avec brio les dures réalités de son hood, la violence et les défis de sa célébrité précoce. Ses 16 titres proposent un mix audacieux de beats percutants, de synthés futuristes et de basses lourdes, toujours portés par des textes affûtés, bruts et directs. C’est sombre et puissant comme une teuf d’anniversaire dans une crackhouse du South Side.

Arab Strap :  I’m Totally Fine With It / Don’t Give A Fuck Anymore  – Rock – 5/5

Arab Strap vient de sortir I’m Totally Fine With It / Don’t Give A Fuck Anymore, un LP qui capture parfaitement le cynisme et la mélancolie du duo écossais. Connu pour leur style distinctif alliant spoken word, indie rock et folk sombre, Aidan Moffat et Malcolm Middleton nous invitent à streamer leurs douze chansons dans l’introspection…et l’humour noir. Tantôt brutal, tantôt honnête, tantôt minimal, tantôt electro (sur certaines rythmiques), leur son est toujours 100 % Rock’n’roll et 200 % WTF. Commençons déjà par leur blase : un arab strap est une sorte d’anneau pour prolonger l’érection. Le rédacteur en chef de Bold en a une fabuleuse collection. Ensuite leurs lyrics, c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres:masculinité toxique, réseaux sociaux, gossip, amourette d’été, alcoolisme, solitude pendant la pandémie, tous les travers de l’homme moderne y passent. Arab Strap capture l’essence des moments sombres de la vie et nous rappelle que la musique peut être un exutoire pour les émotions complexes et contradictoires. Si j’étais philosophe, je dirais qu’on peut trouver de la beauté dans l’apathie…

Ce format est également à retrouver dans le nouveau Bold Magazine #86, à lire en ligne ici!

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