La quête d’excellence de Mathieu Panzokou
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Derrière chaque création mode se tisse une histoire. Celle de Mathieu Panzokou, jeune créateur congolais-sicilien de 29 ans, est celle d’un parcours atypique, où la passion et l’audace ont pris le pas sur les chemins tout tracés… Rencontre.
Né à Namur, Mathieu se prédestinait à la comptabilité, pourtant son envie de conjuguer créativité et identité l’a conduit à plonger dans le stylisme. Après des études exigeantes et des débuts prometteurs, il a pris une pause. Aujourd’hui, il revient sur le devant de la scène avec sa nouvelle collection ÈMPÉ, vivement remarquée à la Lux Fashion Week d’Arlon… Il nous confie, à cette occasion, son évolution personnelle et artistique, ses défis et ses rêves. Minimaliste, technique et résolument instinctif, Mathieu Panzokou ne suit pas les tendances : il les crée.
Quel enfant étiez-vous ?
J’étais très peureux et timide. Depuis j’ai grandi et je me suis forgé un caractère. Je travaille encore sur ma confiance en moi, c’est certain, mais je me sens présentement dans la meilleure période de ma vie !
D’où vous est venue la passion pour la mode ?
Plus jeune, je ne me voyais pas du tout dans cet univers bien qu’ayant grandi dans une famille férue de mode. Je n’aimais pas trop l’école, cela dit, j’adorais la comptabilité ! Je pensais mon chemin tout tracé. Un jour, une amie m’a parlé d’une formation de stylisme qu’elle souhaitait poursuivre, cela m’a interpelé… pourquoi pas moi ?
De la comptabilité à la mode… c’est un sacré changement !
J’ai décidé de me donner une chance pendant un an. Je suis arrivé sans aucune connaissance à la Haute École HELMo à Liège, je me sentais perdu – je ne savais pas ce qu’était un patron, ni coudre un bouton ! (rires). Cela n’a pas été facile, la compétition entre les élèves était très vive et l’entraide n’existait pas, les professeurs aussi étaient très exigeants, mais je me suis accroché pendant trois années.
Et l’opportunité d’un séjour académique à Valence est arrivée…
L’expérience a été incroyable. En Espagne, j’ai appris à réaliser des bijoux, des chaussures, des accessoires. Cela a été ma meilleure expérience scolaire ! J’y ai, en plus, appris l’espagnol pour pouvoir suivre les cours. Cela a été une formation très complète, en plus de celle de Liège. Mon diplôme de stylisme et modélisme en poche, j’ai lancé ma première collection en 2017 intitulée Break the rules, présentant des vêtements non genrés.
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Votre dernière collection ÈMPÉ présentée à la Lux Fashion Week d’Arlon a beaucoup impressionné…
Je suis très fier et satisfait de mon travail sur cette collection couture qui est très technique. Il n’y a pas un détail que je changerais, et je suis très perfectionniste ! Tout est à sa place et abouti, de la confection au défilé. Les pièces sont disponibles dans ma boutique en ligne et je recrée les vêtements sur-mesure si une taille spécifique est désirée.
Y a-t-il des designers qui vous inspirent ?
En réalité, je regarde très peu de défilés car j’ai peur d’être inconsciemment influencé dans ma propre création. Il m’arrive d’être dans les tendances tout à fait par hasard, j’en suis agréablement surpris à chaque fois ! J’aime le travail d’Olivier Rousteing, le directeur artistique de la maison Balmain et de Simon Porte Jacquemus, leurs univers me parlent.
L’ADN des créations Mathieu Panzokou en trois mots ?
Minimaliste, technique et sobre.
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Vous semblez former un groupe très soudé avec votre équipe, notamment vos mannequins…
J’ai un groupe de mannequins extraordinaire, ils sont très professionnels, dont certains me suivent depuis mon premier jour. D’autres sont des amis, des proches. Ma sœur également défile pour moi !
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Qu’est-ce qui est le plus difficile dans la création d’une collection ?
Je ne sais pas dessiner…
Comme beaucoup de créateurs de mode très connus comme Gabrielle Chanel ou Elsa Schiaparelli !
Effectivement ! Ainsi, tout est dans ma tête, je ne sais qu’à la toute fin de mon processus de création si l’ensemble de ma collection sera cohérent, car je ne fais ni moodboard avec des palettes de couleurs, ni carnet avec des croquis. Je crée à l’instinct. Si un tissu me plaît, je le prends et le travaille. Un autre challenge de la création pour ma part réside dans l’attente de la réaction du public, découvrir comment sera accueilli mon travail.
Et le plus important défi reste de combiner mon travail principal, qui m’occupe 40 heures par semaine, avec la préparation de ma collection, que j’entame après me journées de travail. Il y a eu beaucoup de nuits blanches et peu de repos pendant les mois qui ont précédé la présentation ! D’autre part, je me connais et je sais que je suis plus efficace sous pression – commencer plus tôt et prendre plus de temps ne fonctionne pas. Il faut une certaine fraîcheur créatrice.
Quels sont vos rêves ?
Vivre de ma marque et qu’elle soit présente dans les capitales de la mode comme Paris, Milan, New York et aussi en Asie. Et créer une tenue pour Beyoncé ou Burna Boy ! (rires). Aussi, la personne que j’aimerais continuer à habiller est… ma sœur Deborah qui me soutient énormément. C’est une fierté de la voir porter mes vêtements.
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