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LAS AVES, mais pas ceux d’Hitchcock…

Texte Godefroy Gordet

On aimait terriblement The Dodoz, pour leur côté post-punk délire, un peu turbulent et plein d’un esprit insolant qui leur valait de nombreux jeunes fans. Que s’est-il passé? Les Dodoz se sont envolés, d’un coup, un peu comme ça, à croire qu’il était temps pour eux de migrer… C’est en revenant d’une longue tournée dans de verdoyantes contrées, que cette même bande a trouvé un nouveau vocabulaire musical. Celui de Las Aves («Les oiseaux», comme un hasard… ndlr), une redéfinition de leur personnalité, leur son et leurs envies. Maintenant, sous l’étendard du phénix, vit la pop impétueuse du groupe français, qui a quitté Toulouse pour Paris depuis sa rencontre avec Dan Levy de The Do (qui produit l’album). Dans la musique de Las Aves il y a de l’évasion, celle d’un groupe qui s’est trouvé ailleurs. Dans une pop couillue, acidulée, qui tente de faire fît de ce qui se passe autour mais se révèle dans des influences psyché rock, tropicales, et électroniques, tout ça… On avait envie de comprendre comment on passe du punk à la pop, alors on a téléphoné à Adrien, le batteur de Las Aves.

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  • Salut! D’abord pour rentrer en matière, après deux albums et une belle reconnaissance, qu’est-ce qu’il s’est passé avec The Dodoz?

On a fait deux albums avec les Dodoz. A la fin du deuxième album, on a signé chez Columbia et on est partis faire une dernière tournée en Europe de l’Est. On a écumé tous les petites salles d’Europe de l’Est tous les quatre avec notre van, notre matos. Ensuite on est rentrés à Toulouse.

  • The Dodoz c’était un peu une façon de sortir de l’adolescence?

On était un peu en pause. On ne savait pas si on voulait faire un nouvel album. On a tous fait des choses différentes. Je me suis mis à la mécanique, certains on fait de la boxe. On s’est mis à faire des activités diamétralement opposées à la musique. On n’a pas composé pendant des mois. Ça faisait 10 ans qu’on faisait nos tournées comme ça avec cette énergie un peu punk. Après deux albums, on ne voulait pas refaire la même chose une troisième fois. Il y a eu cette pause de six mois et petit à petit, sans se dire que ça ferait un troisième album on a recommencé à composer. On a travaillé d’une manière totalement différente. Avant on faisait tout en répet’, là on a travaillé en studio. On était dans quelque chose de moins live, de plus produit dès la composition. Ça nous amenait vers une démarche vraiment différente des Dodoz. Le studio nous a permis de nous émanciper et de casser nos habitudes. Une fois qu’on a eu une quinzaine de chansons, on s’est rendu compte qu’on avait un très bon album, mais qui n’avait rien à voir avec les Dodoz. Comme le projet était différent, on a décidé de changer de nom.

  • Aujourd’hui vous êtes Las Aves. C’est le même noyau que pour les Dodoz?

Oui. Il n’y a pas eu de clash. C’est exactement les mêmes personnes. On a eu la même envie au même moment de changer et ne pas refaire le troisième même album. Quitte à décevoir quelques fans, on ne voulait pas se répéter.

  • Vous avez construit l’ensemble de votre univers visuel autour de ce nouveau son?

C’est le son qui nous a guidés. Le son qui en a découlé, nous a inspiré toute une imagerie comme le logo etc. Des choses qui nous sont venues assez naturellement en écoutant notre musique. Une image un peu plus créative et originale que celle des Dodoz. Moins dans l’énergie brute. Quelque chose de très différent avec plus de mise en scène.

  • Aujourd’hui vous êtes à Paris?

On a composé une partie de l’album à Toulouse. On a contacté Dan Levy de The Do. Comme c’est quelqu’un qu’on respecte beaucoup sur la scène musicale française, on a décidé de lui envoyer nos musiques pour savoir ce qu’il en pensait. Il a totalement flashé! Il est venu à Toulouse pour nous rencontrer. Ça a vraiment bien collé, très vite on est partis déconner dans un bar pour parler de choses et d’autres. Une vraie rencontre amicale et artistique s’est créée. Il nous a dit qu’il réaliserait notre album à Paris, et l’aventure a commencé.

  • Comment s’est passé votre travail avec Dan Levy?

Après avoir composé les titres de l’album on lui a ensuite envoyé. Il nous a aidés à aller vers ce qu’on veut faire. Grâce à sa vision et le talent pour entendre les sons, il nous a permis d’aller là où on veut. Il a mis la couche de vernis sur le son qu’on avait fait pour le rendre plus efficace, original et abouti.

  • Aujourd’hui vous jouez de la pop. Du punk-rock à l’ acid pop, quel chemin avez-vous parcouru?

Le style qu’on avait avant avec les Dodoz était influencé par l’énergie live du projet. On avait des influences punk, ado driving, des trucs un peu hardocre mais à côté de ça on écoutait beaucoup de pop comme Metronomy. En studio, on s’est dit qu’on ferait bien une musique qu’on ne s’est jamais autorisés à faire. Il y a eu une sorte de changement de style même si quand tu nous vois en live tu peux encore voir l’énergie de The Dodoz qu’on tient à garder. L’EP est très pop, mais l’album est très Hip-hop, avec des sonorités plus étranges. Dan nous a beaucoup aidés à trouver notre son. On est vraiment contents de la direction qu’a prise l’album prévu pour début 2016.

  • Le public de The Dodoz, il a suivi ou pas? Quels sont les retours?

On ne s’est pas trop inquiétés de ça. C’est compliqué à faire comprendre, qu’on est les mêmes mais que notre nom et notre style a changé. Nous avons changé par envie et non par souci commercial. On est arrivés au bout des Dodoz, il était temps de changer. On a très vite gagné de nouveaux fans. Il y a beaucoup de gens qui ne connaissaient pas les Dodoz avant et qui écoutent Las Aves. Quand tu prends ce genre de virage assez radical, c’est normal de perdre certains fans, on s’y était préparés.

  • Vous abandonnez complètement les Dodoz alors?

Oui. Pour nous ce serait avoir le cul entre deux chaises que de continuer à jouer les Dodoz. On aimerait que cette période reste aussi magique qu’elle a été. On est plus dans le même état d’esprit aujourd’hui. On sait qu’il vaut mieux jouer carte sur table et dire que les Dodoz sont de l’histoire ancienne…

https://www.youtube.com/watch?v=XFgc7rSnk6c

  • Vous dites ne pas faire une pop castrée… C’est quoi une pop qui a des couilles?

Une pop qui a des couilles c’est ce qu’on essaie de faire. C’est pas facile car c’est un format plutôt universel, quelque chose qui peut sonner comme ce qui se fait déjà. C’est un exercice compliqué de faire un son pop. Une pop dans le sens populaire, qui peut toucher tout le monde, de ton petit frère jusqu’à ton grand père, avec une énergie simple, synthétisée et où tu sens de suite l’ambiance de la chanson. Tu n’as pas besoin de tourner autour du pot pour trouver l’essence même de la chanson. Cette notion d’efficacité est quelque chose d’important dans le processus qu’on a adopté. Une pop qui a des couilles ce serait une pop avec le format de la chanson pop: couplet refrain. Un truc assez immédiat qui de prime abord ne donne rien de plus, mais qui résonne dans le choix des sons, des structures et dans l’interprétation. On essaie de mélanger les styles comme le hip-hop ou le rock, avec une énergie punk dans la voix, pour faire un truc un peu hybride qui ne ressemble à rien d’autre. Mais un son universel et populaire. On essaie de faire de la musique pop intelligente.

  • Il y a des groupes qui vous ont particulièrement marqués dans la création de cet album?

Au tout début de la création on écoutait beaucoup Metronomy. On est grand fan de M.I.A. Elle fait une musique qui plaît à tout le monde mais il y a toujours ce truc très rugueux. On a aussi écouté beaucoup de truc de hip-hop comme Kendrick Lamar, A$$AP Rocky ou Kanye West. Mais aussi Die Antwoord pour le côté électro un peu bourrine. On a écouté tellement de truc, entre du rock des années 60, du post-punk des années 80, mais la nouvelle influence pour nous, c’est le Hip-hop.

  • Cet album on pourra l’écouter quand?

Il est bientôt fini. Il nous reste une chanson à enregistrer. Je peux simplement te dire qu’il va beaucoup plus loin que l’EP.

  • Et cet été on peut vous voir quelque part?

Pas trop. On risque de beaucoup tourner l’été prochain pour soutenir la sortie de l’album. Mais on va jouer à la rentrée. On a quelques dates qui sont en train de se caler mais on reste focus sur l’album…