Le (Cap) Ferret hors saison, ça a du bon

Destination de villégiature pour Bordelais et Parisiens aisés depuis des siècles ou presque, étirant idéalement sa presque-île entre océan et Bassin d’Arcachon, le Cap Ferret – juste « Ferret » pour les intimes et connaisseurs – est avant tout une superbe terre de culture et de pêche, de savoir-faire et de paysages naturels à tomber. Bondé de cheveux gris crantés et de pull en cachemire framboise sur les épaules à la haute saison, il redevient vite son « authentic self » dès la rentrée et se découvre avec simplicité et convivialité autour, évidemment, d’une bonne bourriche d’huîtres…
Cela peut être un pari osé, mais qui en vaut la peine. Osé car, comme on a pu le voir cette année, l’arrière-saison n’a pas été fondamentalement synonyme de très beau temps. Mais le goût du risque, ça nous connaît, et la première quinzaine de septembre – que l’on associe souvent, nous, celles et ceux qui peuvent se permettre de partir en dehors des vacances scolaires, sorry les autres, à celle de juin – semblait un moment opportun pour découvrir une destination aux nombreuses réputations : le fameux Cap Ferret, ou l’endroit le plus huppé de Nouvelle Aquitaine, face à l’imposante Dune du Pilat…
PLEIN LES MIRETTES
D’ailleurs, on ne dit pas le Cap Ferret, sinon on passe pour un gros plouc, c’est comme ça. Essayez une seule fois face à quelqu’un qui n’a ne serait-ce que daigné y passer une journée et son regard de mépris teinté d’une pincée de syndrome de l’imposteur vous dira toute l’importance de faire sauter le Cap, si je peux me permettre ! Car oui, le Ferret, même hors saison, ce sont tout de même certains codes, certaines expressions d’insiders, certains rites à respecter – ou non. Comme beaucoup de destinations somme toute très bourgeoises, le Ferret semble en effet vouloir faire souffler un certain vent de fraicheur sur ses vieilles habitudes, sans pour autant changer son identité du tout au tout.
Une chose est certaine, c’est qu’il est difficile de ne pas en prendre plein la vue, dès l’arrivée à Claouey, premier village marquant l’arrivée officielle dans la série de charmantes communes formant la presque-île du Cap Ferret et se terminant par l’ultime petite ville éponyme. Entre l’intemporel bassin d’Arcachon et les plages de l’océan Atlantique, on passe donc, en voiture, en vélo ou en bus, par Petit et Grand Piquey, très appréciés des surfers, Piraillan, Le Canon, le joyau absolu qu’est L’Herbe avant de traverser une longue pinède menant, au bout, à la commune du Cap Ferret.


Celle-ci est une vraie ville, avec son centre commerçant et ses boutiques branchées, ses nombreux restaurants et ses quelques routes menant jusqu’à la Plage de la Pointe. Entre tout cela, l’iconique phare rouge et blanc, classé monument historique depuis 2009 et qui se visite toute l’année, et de grands terrains ombragés abritant les villas les plus folles comme de petites maisons typiques… Locaux et visiteurs se déplacent volontiers à pied, à vélo, en Mehari ou en voiture, dans un ballet tranquille plutôt agréable. Les férus d’architecture pourront se rincer l’œil sur les splendides maisons qui continuent à sortir de terre et qui donnent tout de même un gros indice sur la CSP ambiante… Puis, on se retourne, on donne quelques coups de pédale, et c’est le magnifique Bassin, avec ses paysages changeants au fil des marées, ses vues à contempler sans tenir compte du temps, ses maisons de pêcheurs, sa Plage du Centre à quelques pas des commerces et son ambiance si particulière…
De l’autre côté, on grimpe une dune ou deux et c’est l’océan à perte de vue, les grandes plages des Dunes et de l’Horizon, parsemées de bunkers graphés comme autant de clins d’œil urbains aux paysages très proprets de l’endroit. Une chose est sûre : le Ferret, c’est beau, point.

L’HUÎTRE REINE, LE MIAM PARTOUT
On n’en va pas vous l’apprendre : on élève de l’huître, et pas qu’un peu, au bord du Bassin d’Arcachon. En cette arrière-saison, alors qu’une très grosse partie des vacanciers ont quitté les lieux, on croise d’ailleurs autant d’ostréiculteurs que de cadres supérieurs. Un endroit parfait pour goûter toutes les bonnes choses pêchées et produites dans le coin, c’est le « village des pêcheurs » et la rue de la Conche, où l’on va pouvoir choisir de s’installer à la terrasse d’une des cabanes d’exploitants. Elles proposent toutes ou presque la même carte de produits locaux : huîtres, crevettes, bulots, le tout à arroser d’une bonne petite bouteille de Graves blanc ou d’Entre-deux-Mers. Il faut donc y aller
à la recommandation ou à l’instinct.
Pour une ambiance chic, la Cabane d’Hortense – jeune sœur du célèbre restaurant Chez Hortense – ou encore la Cabane du Mimbeau feront très bien le boulot ; pour une vibe plus branchouille, on choisira volontiers L’Oyster, avec ses jeunes patrons bien sympathiques ! Plus haut sur la presque-île, deux coups de cœur : Les Parcs de l’Impératrice de Joël Dupuch, véritable référence locale rendue célèbre grâce Aux Petits Mouchoirs, ou encore le génial Petit Chenal, des jeunes Loris Tentarelli et Clothilde Degrave, où l’on peut se taper la cloche les pieds dans le sable. Et ce n’est qu’un petit échantillon des nombreuses exploitations à découvrir pour trouver the one…

Mais il n’y a évidemment pas que l’huitre à déguster et la région regorge de spécialités et de beaux produits, à retrouver notamment – sur conseil de l’ami Laurent Bravetti – au marché couvert de Claouey. En effet, tout y invite au joyeux gueuleton, sentiment grandement stimulé par l’amabilité des exposants. Parfait pour faire quelques courses gourmandes sur le chemin de l’arrivée avant de poser ses valises, ou pour une petite virée shopping gourmand. Et tant qu’on est dans le coin, pourquoi ne pas tester la table d’une des chefs les plus en vue de la région à L’Auberge du Bassin, reprise en 2023 par Mélanie Serre et son mari Bertrand Guillou-Valentin, anciens du très couru Louis Vins à Paris (attention toutefois à privilégier la fin de semaine pour ce faire).
De retour au Cap Ferret, un des meilleurs plans pour dîner avec style est de se diriger le soir venu vers l’embarcadère, dont les alentours s’animent tout au long de la journée et de la soirée. Si vous n’êtes pas contre un petit cliché touristique, embarquez une fois au moins dans le petit train bien connu qui part de la « Gare de l’Océan » la Plage de l’Horizon et qui vous pose juste où il faut en traversant la ville.
Une fois sur place, deux choix s’offrent à vous pour vous attabler avec une vue imprenable sur le Bassin : L’Escale avec son ambiance détendue et son cadre suranné juste comme il faut, ou le Pinasse Café, institution bistronomique plus cossue, mais tout aussi accueillante. C’est d’ailleurs là que nous avons pris nos pénates une paire de fois, non seulement pour la qualité des suggestions et la belle carte des vins, mais aussi pour le service aussi impeccable que souriant, qui donne envie de se laisser porter sans regarder l’heure ni l’addition. Au coucher de soleil, si vous avez eu la bonne idée de réserver une table en bord de Bassin, le moment est assez mémorable…


Pour l’apéro et l’après-dîner, les options sont plurielles, mais les heures d’ouverture sont grandement réduites une fois la haute saison terminée ; le Vintage, la Guinguette des Copains pour un premier verre ou encore le Roc Seven et le Wharf pour terminer la soirée sont toutefois de bonnes adresses à garder sous le coude.
ON DORT OÙ ?
Idéalement dans une location pour quelques jours, histoire de se sentir chez soi au Ferret, de s’organiser un petit apéritif maison sur la terrasse et de cuisiner les bons produits glanés ci et là. Les offres sont plutôt attrayantes hors saison, profitons-en ! Mais si votre dada, c’est l’hôtel – et on vous comprend aussi – l’Hôtel Côté Sable bénéficie non seulement d’un emplacement idéal face à la Plage du Centre, au cœur du quartier commerçant, mais aussi d’un spa Clarins.
À quelques rues de là, La Frégate permet de se loger avec un budget plus serré, tout en profitant de jolies chambres et d’une piscine – pas négligeable ! Piscine également, avec une atmosphère boutique plus branchée au nouveau Kaze Océan, établissement où l’on trouve de plus la Guinguette des Copains susmentionnée…
Enfin, difficile de ne pas mentionner la petite merveille d’architecture locale qu’est L’Hôtel de la Plage à L’Herbe, avec sa façade en bois rouge et beige, son adorable petite terrasse et ses 12 chambres qui donnent le sentiment voulu d’un séjour chez ses grands-parents.


Une nuit ou deux sur place vous donneront en plus le plaisir de profiter de ce magnifique village ostréicole, classé site pittoresque et donc l’accès en voiture est de plus très réglementé, apportant ainsi un calme unique sur la presque- île ; ainsi que la possibilité de visiter la Chapelle de la Villa Algérienne, seul témoin de l’ensemble exotique grandiose construit par Léon Lesca entre 1865 à 1885. En somme une halte pleine de charme et d’Histoire pour dire au revoir comme il se doit au Cap Ferret…
Ce format tourisme qui donne déjà des envies de vacances est également à retrouver dans le Bold Magazine #88, à lire en ligne ici!
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